Le Conseil Supérieur de l’Education a examiné le 15 décembre 2022 un nième projet d’arrêté modificatif relatif à l’injection des mathématiques obligatoires dans le tronc commun des classes de première.
Le texte prévoit donc l’introduction d’1h30 de mathématiques au lycée pour l’ensemble des élèves de première à l’exception des élèves inscrits dans la spécialité mathématiques. Ce nouvel arrêté offre donc en théorie la possibilité à tous les élèves de poursuivre l’étude des mathématiques dans l’option mathématiques complémentaires en classe de terminale. Le Sgen-CFDT a voté contre ce projet d’arrêté.
Aux origines du nouvel arrêté mathématiques
Cet arrêté tente de répondre à plusieurs injonctions et problèmes :
- une commande politique faite par E. Macron durant la campagne présidentielle de 2022,
- un malaise croissant chez les enseignants de mathématiques qui ne trouvaient pas leur place dans le tronc commun du lycée,
- la baisse de compétences en mathématiques observable chez les élèves français (cf enquête PISA),
- le constat de la faible proportion de filles présentes dans la spécialité mathématiques.
Un scénario alternatif porté par le Sgen-CFDT
Le Sgen-CFDT estime qu’il fallait repenser globalement l’enseignement scientifique du tronc commun en trouvant une nouvelle articulation opérationnelle entre les différentes disciplines scientifiques, de façon à clarifier les besoins en mathématiques des élèves au travers de différents parcours. Pour réaliser cette refonte, il aurait été nécessaire de prendre le temps de faire un premier bilan de l’existant, de réfléchir aux objectifs fondamentaux de cet enseignement scientifique et de repenser la place des mathématiques dans cet ensemble.
Et maintenant, que faire pour éviter les écueils visibles et prévisibles ?
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De nombreuses voix se sont élevées contre la diminution du nombre de filles suivant un enseignement de mathématiques. Certes, mécaniquement désormais 100% des filles de bac général feront des maths en 1ère, mais derrière cet effet quantitatif, quelle sera la réalité du nombre de filles conservant la spécialité mathématiques ? Il est à craindre de voir une baisse tendancielle du nombre de candidats (garçons et filles) postulant pour la spécialité mathématiques puisque cette spécialité ne sera plus nécessaire pour suivre l’option maths complémentaires en classe de terminale.
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Il faudra recruter plus de professeurs de mathématiques pour assurer cet enseignement de mathématiques dans le tronc commun. L’employeur devra payer le prix d’une amélioration de l’attractivité du métier en engageant une revalorisation généralisée et substantielle des rémunérations des métiers de l’éducation. Le Sgen-CFDT utilisera cet impératif de recrutement comme levier supplémentaire pour revendiquer encore plus efficacement un alignement sur les salaires des enseignants des autres pays de l’Union européenne.
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Le rajout des mathématiques dans le tronc commun est un empilage supplémentaire qui va rendre encore plus complexe la lisibilité des parcours et la cohérence de l’évaluation. Par exemple, la différence de poids de l’enseignement scientifique pour des élèves ayant ou non des maths, pour un même coefficient, nous semble toujours absurde et illisible. De même, le programme actuellement prévu poursuit 2 objectifs que le Sgen-CFDT juge incompatibles à mener de front en 1,5h : réconcilier les élèves en difficulté avec les maths, et préparer les élèves qui le souhaitent à poursuivre en maths complémentaires.
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Il est aussi à craindre que les apprentissages liés à l’enseignement scientifique hors mathématiques soient démonétisés pour les élèves ayant l’enseignement spécifique de mathématiques, et ce malgré la pondération obtenue par la FSU à l’intérieur des 3,5h : 60 % pour l’enseignement scientifique SVT/PC et 40 % pour les maths. Pour contrer cet effet de solubilisation, le Sgen-CFDT revendique de saisir l’occasion de remodeler ce programme pour permettre des choix de thématiques plus attractives pour la partie hors mathématiques (l’énergie, l’environnement, la santé…) en laissant une liberté pédagogique accrue aux équipes pour choisir le niveau d’approfondissement.
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Si l’accès à certaines filières de l’enseignement supérieur nécessite impérativement un parcours dans les spécialités scientifiques des lycées, il faut sérieusement s’interroger sur le maintien du poids considérable des mathématiques comme critère de « sélection » pour accéder à certaines filières universitaires. Alors même que ces filières forment des étudiants à des compétences et des professions très éloignées de l’utilisation des mathématiques telles qu’elles sont enseignées dans le cycle secondaire. Malheureusement, les changements incessants d’architecture n’aident pas à la clarification de ces attendus.
Pour le Sgen-CFDT, il est temps de mettre fin au pilotage à vue et à l’empilement illisible de dispositifs mal pensés, pour prendre le temps d’un véritable bilan.