Construire un partenariat entre les médiathèques et les écoles ne se décrète pas par texte ministériel. Il faut donner les moyens aux territoires de cette ambition et laisser les acteurs bâtir des projets. C'est dans la dynamique territoriale que les élèves pourront bénéficier de cette volonté !
Jouer la carte des médiathèques au service de l’EAC
En matière d’éducation artistique et culturelle, les orientations annoncées depuis l’arrivée du nouveau gouvernement au pouvoir portent sur deux points principalement : une incitation au développement des chorales, et la volonté d’une meilleure implication des médiathèques et bibliothèques autour du livre. Sans préjuger de l’intérêt à valoriser une culture de l’écrit, ne réduisons pas ces lieux de culture de proximité à ce seul champ. Présentes sur l’ensemble du territoire, les bibliothèques sont bien aujourd’hui pourvoyeuses de culture.
Pour un partage culturel sur tous les territoires !
Ne revenons pas ici sur la polémique suscitée par Mme Nyssen au Festival d’Avignon l’été dernier. Les Centres Dramatiques Nationaux accomplissent au quotidien, et autant qu’ils le peuvent avec les moyens qui leur sont dévolus, leur mission consistant à proposer une offre de création ambitieuse. De même, ils ne manquent pas de s’employer à conquérir de nouveaux publics, à commencer par les jeunes. Mais reconnaissons que si les CDN agissent déjà et de manière très active au quotidien pour permettre la présence d’élèves dans les théâtres, ils ne peuvent toucher tout un chacun. A l’échelon municipal, les théâtres de ville ne peuvent faire bien mieux. Aujourd’hui, heureux sont les élèves amenés au cours de leur scolarité à se sensibiliser au spectacle vivant et à découvrir et ressentir un art comme aucun cours, aussi brillant soit-il, ne saurait le permettre. Mais quid de ceux qui ne peuvent bénéficier d’un tel lieu dans leur environnement ? Que ce travail s’effectue dans ou hors les murs du lieu théâtre, reconnaissons qu’il n’est hélas pas réaliste. Ne serait-ce que pour des raisons de maillage territorial, d’espérer que les espaces dévolus aux arts vivants puissent toucher l’intégralité des élèves de l’hexagone, à défaut de moyens tout à fait inédits en la matière – et on ne parle même pas de nos territoires d’outre-mer.
Mieux connecter le travail des médiathèques avec les établissements scolaires : une ambition partagée par le Sgen-CFDT
Dés lors, et sans renoncer à une politique ambitieuse dans ces domaines, l’incitation ministérielle à une meilleure interconnexion entre le travail des médiathèques et celui des écoles et des établissements scolaires doit être favorisé. De fait, le Sgen-CFDT ne peut qu’y être favorable… si on ne s’en tient pas à des déclarations d’intention politiciennes sans moyens ni réflexions sur la mise en œuvre. Les médiathèques ne sont pas seulement des temples du livre – ce qu’elles continuent d’être bien heureusement. A l’ère du numérique, leurs missions et leurs fonds se sont diversifiés. Leurs actions à destination des publics aussi.
Réparties pour le coup sur l’ensemble du territoire, dotées de budgets certes limités mais non négligeables, elles œuvrent elles aussi à s’ouvrir vers leurs publics. Expositions, petites formes, rencontres d’auteurs… Si au-delà du livre, les médiathèques ont beaucoup développé ces dernières années leurs missions d’accueil autour de véritables offres culturelles, en particulier dans les petites communes rurales, elles sont à ce titre un acteur précieux dans la diffusion des pratiques et consommations dans ce domaine. Il est donc logique et indispensable qu’elles entrent en relation avec l’école.
Plus d’interactions avec les médiathèques, c’est possible !
Bien entendu, là encore, rien de bien nouveau sous le soleil, et les médiathèques ont bien raison de réaffirmer qu’elles font déjà ce travail. Il se peut toutefois que leur champ d’action puisse gagner en amplitude. On ne doit pas privilégier une catégorie d’élèves plutôt qu’une autre en fonction de la source des fonds (entre les écoles financées par les mairies, et les collèges relevant des départements notamment). De surcroît, il ne faut surtout pas oublier un détail comptable non négligeable. Les bibliothèques et les médiathèques, fonctionnant sur un rythme d’année civile, décident de leurs propositions – et de la répartition de leurs budgets – à une période où l’année scolaire est déjà engagée.
Coconstruire des projets au plus près des ambitions des acteurs de terrain !
Le temps de l’éducation nationale n’est ainsi pas celui d’une bibliothèque. Aussi, pour que l’adresse ministérielle à ces incontournables lieux de culture répartis sur l’ensemble du territoire ne reste pas de l’ordre du vœu pieux, pour qu’elle conduise à une co-construction effective des projets, et donc que les bibliothèques ne restent pas de simples « pourvoyeuses d’offres », mais bien des partenaires de l’Éducation nationale à part entière avec laquelle elles coconstruiront leurs propositions, il faudra pour les médiathèques un changement de modèle et une volonté concrète sur le terrain d’aller dans ce sens. Il faut donc faire confiance aux équipes de professionnels qui, sur beaucoup de territoires, ont déjà mis en oeuvre des projets. Reste à leur donner les moyens et l’autonomie pour aller plus loin !