Le ministre a reçu les organisations syndicales pour présenter les conclusions du Grenelle de l'Éducation. Des mesures ont été annoncées comme l'augmentation du budget, une prise en charge de la protection sociale complémentaire... Elles feront l'objet d'un dialogue social dès le mois de juin.
Mesures du Grenelle de l’Éducation
Une augmentation de 700 millions d’euros du budget de l’EN est annoncée pour revaloriser les personnels :
- 100 millions d’euros pour financer le passage en année pleine des mesures 2021,
- 200 millions d’euros pour financer une prise en charge de la protection sociale complémentaire,
- 400 millions d’euros pour de nouvelles mesures de revalorisation
Des annonces qui permettent de réenclencher un processus….
Dès nos premières rencontres en 2017, nous vous avions signifié que PPCR n’épuisait pas nos revendications salariales et que les enjeux d’attractivité appelaient une poursuite de la revalorisation.
En janvier 2019, je vous adressais un courrier rappelant cette exigence d’une revalorisation permettant la meilleure reconnaissance des agents, améliorant l’attractivité des métiers et carrière, cette double exigence est toujours de mise.
Dans ce même courrier, je vous faisais part des revendications du Sgen-CFDT pour tous les agents : protection sociale complémentaire (PSC), action sociale, frais de déplacement, équipement professionnel, amélioration du RIFSEEP, meilleure reconnaissance de l’implication des personnels par un travail en équipe pluriprofessionnelle de l’accompagnement des élèves en particulier dans le cadre de l’école inclusive, nous y rappelions aussi nos revendications pour les personnels sociaux et de santé.
Les personnels étaient en attente de la conclusion du Grenelle et de la poursuite des travaux dans le cadre de l’agenda social avec les syndicats afin d’aboutir à des mesures concrètes.
Du point de vue des agents, le silence entre janvier et maintenant a pu sonner comme un abandon de la volonté de revaloriser les carrières. Les annonces que vous faites aujourd’hui d’abord aux organisations syndicales représentatives des personnels puis au CESE permettent enfin de réenclencher le processus.
La fédération CFDT des syndicats généraux de l’Éducation nationale et de la recherche publique s’engagera dans les discussions que vous annoncez pour le mois de juin afin d’obtenir des avancées pour les agents sur la base de nos revendications, afin d’améliorer les mesures, en cherchant à éviter les défauts que présentaient certaines mesures de 2021 qui ont pu être mal perçues par les personnels, en veillant à ce que les mesures qui seront prises contribuent à faire reculer les inégalités femmes-hommes (responsabilité, rémunération, articulation des temps sociaux).
C’est une nouvelle marche significative pour le budget de l’État et sur deux ans, c’est donc important, et cela continue d’ouvrir des marges réelles de discussion si le dialogue qui suit est bien structuré et permet d’aboutir à des textes qui portent correctement une volonté qui serait partagée, à une répartition du budget qui soit réellement tournée vers l’amélioration du pouvoir d’achat et des conditions de travail des personnels.
Cependant, nous n’avons pas la visibilité à ce stade sur le tableau d’ensemble et la trajectoire pluriannuelle.
Or c’est précisément ce qui permettra de donner du sens, de se représenter quels objectifs le gouvernement poursuit pour les agents d’un service public sur lequel la population peut compter au quotidien, même pendant la crise sanitaire pour construire l’avenir de la jeunesse, c’est-à-dire pour des agents aujourd’hui épuisés par des conditions de travail rendues difficiles à la fois par la pandémie et les suppressions ou non créations d’emplois (d’où nos attentes sur des mesures pour la revalorisation salariale 2021, un autre schéma d’emplois).
Des annonces que nous prenons pour ce qu’elles sont…
- une étape dans un processus qui est toujours en cours d’élaboration,
- le passage à une nouvelle étape dans le dialogue social qui doit selon nous permettre de préciser les mesures 2022 (contours, périmètres, calendrier de mise en oeuvre), mais aussi de décrire les cibles à atteindre dans un cadre pluriannuel pour les agents (avec des horizons et des objectifs temporels partagés, etc..).
Nous pouvons mesurer des avancées par rapport au moment d’arrêt des discussions d’une part en 2020 fin février-début mars, mais aussi depuis la reprise de l’agenda social et les échanges au fil des mois avec votre cabinet :
- poursuite de la revalorisation engagée en 2021 pour la filière enseignante
- des perspectives pour les AESH,
- des perspectives pour les personnels administratifs,
- des perspectives pour les personnels de la pénitentiaire (nous avons interpellé en ce sens en juillet 2020),
- des perspectives sur la direction d’école et donc aussi bien pour les diretrices et directeurs que pour les adjointes et adjoints,
- la possibilité de travailler dans le droit fil de nos propositions dans les groupes de travail de l’agenda social sur l’action sociale.
Tout cela devra se concrétiser pour ne pas décevoir les collègues.
En écho avec des éléments que vous avez évoqués, nous souhaitons rappeler des lignes rouges sur lesquelles les choses ont déjà évolué depuis mars 2020, dans le bon sens selon nous. Il faudra continuer à travailler ces sujets sans introduire des mesures à la fois inefficaces et délétères pour les conditions de travail des personnels.
- amélioration des remplacements de courte durée :
- Vous évoquez des heures supplémentaires mais pour nous ce n’est pas LA solution.
- Des applications informatiques sont certes nécessaires mais aussi plus de personnels administratifs.
- Il faut continuer à rechercher différents leviers autres que des HS obligatoires ou de la formation obligatoire sur le temps de vacances pour les enseignant.e.s.
- Il convient de retenir des éléments de la crise sanitaire (à l’instar de la mission de Madame Moulins-Civil) , le bilan est partagé sur le fonctionnement du service d’éducation, le travail des agents.
Vous avez évoqué la formation, pour le Sgen-CFDT, enseigner est un métier qui s’apprend et dans lequel on se perfectionne tout au long de la carrière
- l’ INSPE doit avoir sa place dans la gouvernance de la formation continue,
- le temps de travail des personnels qui se forment doit être pris en compte,
- il convient aussi de réfléchir aux établissements, structures pédagogiques lieux de formation, temps de travail et reconnaissance des formateurs et formatrices, des collègues qui contribuent au mentorat.
Des cibles et des objectifs qui doivent être précisés…
Nos attentes, nos revendications, 2022 et au-delà nous amènent maintenant et dans les semaines qui viennent à demander la précision de cibles, d’objectifs à atteindre pour pouvoir apprécier l’engagement du gouvernement envers les personnels de l’Éducation nationale :
- filière enseignante : oui augmenter la prime d’attractivité et viser qu’il n’y ait pas à terme de début de carrière en-dessous de 2000 euros nets par mois, et dessiner une trajectoire de rémunération cohérente à partir de ce point de départ ;
- filière enseignante : nous exprimons de nouveau le besoin de mesures pour tous les agents : augmentation ISAE et ISOE part fixe ainsi que les primes spécifique des CPE et profs doc, PsyEN alignement du montant de l’indemnités des EDCO sur celles des EDA , amélioration de la prime d’équipement informatique, travail spécifique sur les personnels qui exercent dans les établissements pénitentiaires, revalorisation conséquente de l’indemnité des CFC, globalement mieux reconnaître enjeu du travail en équipe et ne pas accroître les inégalité FH ;
- direction d’école : prolonger la trajectoire aussi bien en termes de rémunération, que de décharge et de reconnaissance de la fonction, et donner une réelle autonomie aux collectifs de travail, nécessaire pour reconnaître l’expertise professionnelle des personnels et rompre avec un pilotage trop souvent injonctif en particulier dans le 1er degré;
- filière administrative : programmer la requalification (combien de personnels concernés en 2022, et ensuite chaque année, quelle cible en matière de répartition des emplois administratifs dans les différentes catégories A, B et C, pas moins de 5000 requalification et sans doute jusqu’à 10 000 pour atteindre par exemple 25/42/33), revalorisation indemnitaire en s’assurant que tous les agents voient une augmentation de leur montant indemnitaire servi,
- télétravail : le Sgen-CFDT demande que le GT promis démarre ses travaux, le cadre fonctions publiques permet d’avancer,
- le Sgen-CFDT demande un agenda ITRF du scolaire
- fluidification des carrières : pour tous les corps, pas uniquement les enseignant.e.s mais aussi ADJAENES principal 1ère classe : un accès à la hors classe, classe exceptionnelle , suppression des boosts de carrière pour les corps de la filière enseignante
- attractivité en cours de vie professionnelle : pour tous les corps améliorer le reclassement, tenir compte du fait qu’il y a de plus en plus d’entrée dans les métiers après une première carrière,
- aménager les fins de carrière : aménagements de postes, nouveau temps partiel de droit
- AESH : création d’un corps de fonctionnaire de catégorie B, amélioration de la rémunération, amélioration des conditions d’emploi, meilleure reconnaissance de l’ensemble du travail,
- observatoire des rémunérations et du bien-être à lier aujourd’hui au CTMEN, demain au CSA ministériel.
ll est important que le gouvernement, par votre voix, affirme le principe d’un budget pour contribuer au rattrapage en termes de rémunération et de pouvoir d’achat des agents.
Le Sgen-CFDT s’engagera dans le dialogue…
Le Sgen-CFDT s’engagera dans le dialogue que vous annoncez, nous apprécierons ce à quoi nous pourrons parvenir pour décider des suites à donner sur les différentes thématiques et l’éventualité d’un accord, d’accords ou de relevés de conclusion.
La CFDT et le Sgen sont convaincus que le gouvernement devait prendre une loi.
Enjeu de continuer à faire la démonstration que la revalorisation pluriannuelle est nécessaire, participera de l’amélioration du système éducatif en redonnant de l’attractivité aux métiers qui le font vivre, qui font vivre ce service public central dans la République.