De nouvelles politiques culturelles vont être prochainement mises en place dans le second degré. Point d'étape et bilan des deux années précédentes, y compris sur les retours des enseignants sur le développement du Pass Culture.
Le développement de l’Education Artistique et Culturelle
Avec la généralisation du Pass Culture dès la classe de 6e, l’année 2023-2024 devrait – dans le secondaire du moins – enfin connaître le développement de l’EAC pour tous et dans tous les établissements : on ne peut que s’en féliciter.
En effet, depuis longtemps appelée de ses vœux tant par les gouvernements successifs que sur le terrain par les porteurs de projets, que ce soit du côté enseignant ou du côté des acteurs culturels, la culture et les arts à l’école ne pourront plus se heurter à l’indifférence – quand ce n’était pas à l’hostilité de ceux qui n’y trouvaient qu’une source de charge supplémentaire chronophage et budgétivore.
Rappelons-le ici, et les programmes le réaffirment à chaque réforme, même si c’est à des degrés inégaux, l’EAC nous concerne tous, quelles que soient nos disciplines enseignées.
Pour une politique culturelle ambitieuse
Bien sûr la condescendance a parfois pu être ressentie dans les milieux culturels à l’égard du travail mené par ou avec des élèves, et celle-ci ne disparaîtra pas par enchantement pour ce qu’on qualifie trop souvent au mieux d’activités socio-culturelles comme si cette expression devait leur retirer toute la charge positive qui est la leur.
Pourtant, les conditions semblent enfin réunies pour qu’une politique culturelle vraiment ambitieuse et efficace travaille à réduire les inégalités et favoriser la cohésion sociale qui nous manque tant.
Le Pass Culture, au service du développement d’une culture fédératrice
Si nous refusons au Sgen-cfdt les positions caricaturales et dogmatiques, si nous reconnaissons que le Pass Culture présente ainsi plus d’opportunités que de freins au développement d’une politique culturelle fédératrice pour la jeunesse et par là , pour l’ensemble de la société, il est toutefois de notre devoir de syndicat réformiste de souligner les points de vigilances à conserver pour que les inégalités culturelles depuis si longtemps observées régressent véritablement.
Rappelons qu’au-delà de leur dimension économique, les inégalités en matière de culture sont essentiellement de deux ordres : elles sont d’abord géographiques, avec une forte opposition entre Paris ville-centre et province, mais aussi plus généralement entre villes et périphéries ou ruralité ; elles restent aussi, bien entendu, sociales et sociétales : avoir un accès matériel possible à l’œuvre ne saurait rendre celle-ci en soi immédiatement accessible à tout un chacun.
Un bilan du Pass Culture nécessaire
C’est là où nous nous devons d’attirer sur quelques points saillants de la part collective du Pass Culture qui concerne les enseignants après deux années de mise en œuvre. Comme souvent, la charge administrative reste bien lourde pour les enseignants porteurs de projets et cette charge qui se mesure en temps passé s’ajoute sans moyens consacrés ni reconnaissance particulière pour eux.
Une réflexion du côté des IMP reste aussi à mener ici. Ensuite, reconnaissons qu’il paraît dérangeant que les institutions aient repris la main sur une validation artistique là où jusqu’ici il relevait de la responsabilité de l’enseignant de choisir tout à fait librement ses intervenants.
Bien sûr cette compétence ne lui est pas retirée, mais si l’un est validé via le Pass Culture et l’autre non, de fait l’enseignant privilégiera à juste titre celui qui peut intervenir gratuitement dans sa classe. Reste qu’il est dérangeant que l’Etat puisse ici potentiellement jouer un rôle de censeur implicite (et même si rien à ce stade ne puisse laisser penser qu’il en ait l’intention).
Le Pass Culture est donc une opportunité. Il conviendra cependant de favoriser sur le terrain une meilleure reconnaissance de ceux qui s’y impliquent avec un bilan à mener régulièrement.