Les députées Valérie Bazin-Malgras et Cécile Rilhac ont rendu cet été leur rapport sur la mission flash "directeurs d'école" pour laquelle le Sgen-CFDT avait été auditionné.
S’il en partage très largement les constats issus des rencontres effectuées avec les personnels sur tout le territoire, le Sgen-CFDT attend maintenant des mesures concrètes pour que les directeurs et directrices d’école puissent exercer dans de bonnes conditions les missions qui leur sont confiées.
Direction d’école : des constats
En reconnaissant l’importance des missions assumées par les directeurs et directrices d’école, les députées soulignent la situation intenable des personnels. Selon la mission, c’est avant tout lié à un manque de statut de ces personnels, la direction s’apparentant aujourd’hui à un emploi supplémentaire. Cela se traduit ainsi par un manque de reconnaissance salariale mais aussi par un manque de moyens humains permettant d’exercer leur métier de directeurs et directrices. Ainsi, les députées ancrent leurs constats dans la comparaison avec un établissement du second degré de taille similaire, une comparaison pour le moins édifiante. En effet, à effectif égal, un établissement du second degré dispose de 14 fois plus de personnels déchargés d’enseignement…
Ces constats, le Sgen-CFDT les partage très largement.
Des réunions organisées partout en France ont été révélatrices de la souffrance des personnels qui sont comme « tiraillés entre les tâches quotidiennes et le pilotage pédagogique » au point d’avoir le sentiment de mal faire les deux. Mais c’est avant tout d’un manque de légitimité lié principalement à l’absence de reconnaissance de leurs professionnalisme dont parlent les personnels. Sans autonomie dans les décisions budgétaires, sans pouvoir de décisions réel, ils/elles sont soumis aux arbitrages constants de la collectivité territoriale ou de l’inspecteur de circonscription, hors les murs de l’école.
Statut des Directeurs ou statut de l’établissement ?
Pour les deux députées chargées de la mission, cela ne peut passer que par la création d’un statut pour les directeurs et directrices d’école. Mais qui dit statut du personnel dit nécessairement statut de l’école. Le Sgen-CFDT, lui, attend donc plutôt une reconnaissance de l’autorité fonctionnelle du directeur pour pouvoir assumer au quotidien les responsabilités nécessaires au fonctionnement de leur école. Prendre des décisions, ils/elles le font déjà quotidiennement alors il est grand temps de les reconnaître dans cette capacité. Pour le Sgen-CFDT, cela ne peut se faire sans penser une structuration juridique de l’école. En effet, c’est en organisant les chemins de la décision dans les écoles que l’on garantira aux directeurs et directrices d’école la possibilité d’exercer leur métier sereinement. C’est en cela que le Sgen-CFDT défend depuis de nombreuses années la création d’un établissement du premier degré doté de structures de décision démocratiques.
Une autonomie nécessaire pour rendre efficace le pilotage
Ce qui ressort de ce rapport, c’est la nécessité de faire confiance aux personnels pour gérer leurs écoles. Pour cela, le rapport souligne l’autonomie indispensable à laisser aux personnels pour piloter en toute sérénité le projet pédagogique en fonction du territoire sur lequel est implanté leur école. Cette autonomie, le Sgen-CFDT la réclame depuis longtemps tant il souligne le professionnalisme des professeurs des écoles – directeurs et directrices d’école ou non – pour exercer leur métier dans des situations intenables aujourd’hui. Pourtant, avec ce Ministère, la confiance n’est que de façade tant les injonctions sont nombreuses.
Deux points de ce rapport méritent une réflexion :
- La fusion école élémentaire et maternelle pour en faire des écoles primaires afin d’augmenter les seuils de décharge : si l’idée comptable est séduisante, il convient pour le Sgen-CFDT d’être prudent car il est important de ne pas constituer des structures suivant un modèle unique sans avoir préalablement pensé le projet éducatif et pédagogique. De plus, la relation de proximité avec les parents est en effet indispensable pour permettre la prise en compte de l’enfant et de ses besoins. Pourtant, si ces fusions permettent d’apporter plus de cohérence dans le parcours de l’élève et dans le travail entre les enseignants, cela peut s’avérer une solution intéressante. Là encore, c’est en travaillant avec les acteurs du quotidien de l’école autour d’un projet commun qu’il convient de réfléchir.
- Pour les écoles rurales, la possibilité de rattachement au collège avec un directeur, une directrice qui devient adjoint du principal du collège de secteur : pour le Sgen-CFDT, qui historiquement défend l’établissement du socle, cela ne peut se faire là encore sans projet adapté au territoire et construit avec les acteurs locaux, les enseignants et les parents d’élèves.
Dans les deux cas, la nécessaire proximité du service public d’éducation doit guider la construction d’une direction d’école rénovée dans le cadre d’un établissement public qui clarifie les rôles et les responsabilités de chacun.
Et maintenant ?
Le rapport ouvre des perspectives intéressantes également portées par le Sgen-CFDT comme :
- la dissociation du temps d’enseignement et du temps de travail des directeurs et directrices d’école ;
- la redéfinition des temps dits de « décharge » ;
- une redéfinition de ce temps dévolu à la direction d’école en fonction de plusieurs critères, comme par exemple l’accueil d’enfants à besoins particuliers, l’école multi-sites, la structuration pédagogique de l’école…
- la prise en compte des parcours des directeurs et directrices par la validation de l’expérience.
Le rapport sera remis prochainement au Ministre qui mettra la question de la direction d’école à l’agenda social 2019. Attendons de voir ce qu’en fera le ministre…
Pour le Sgen-CFDT, ce rapport ne doit pas rester lettre morte mais donner lieu à des décisions rapides pour répondre à l’urgence et permettre une réflexion structurée avec les acteurs de l’école comme la mise en oeuvre d’expérimentations d’organisations originales à l’initiative des équipes pédagogiques.
Les 1500 directeurs et directrices rencontrés en 2017/2018 par le Sgen-CFDT attendent de notre Ministre des décisions rapides, ancrées dans leur réalité professionnelle.