Objet : épreuves du baccalauréat et opérations du mouvement des enseignants du 1er degré : des personnels « mobilisés », même les week-ends ?
Monsieur le Ministre,
Vous avez rassuré les élèves, par voie de presse, que malgré le préavis de grève de la surveillance lancé par plusieurs syndicats d’enseignants (CGT, SNES-FSU, SNALC), le baccalauréat se déroulera normalement et que les personnels soucieux de la réussite des élèves seront sur le terrain.
Des consignes ont donc été transmises vers les académies qui se traduisent par le fait que certains chefs d’établissements ont signalé à leurs collaborateurs des services de vie scolaire, d’intendance et de secrétariat que ces consignes étaient de « les réquisitionner ».
Bien sûr, il s’agit de mobiliser les collègues pour assurer un service minimum, mais cet amalgame n’est pas anodin, car en effet les personnels concernés le vivent comme une réquisition tant il est impossible, en position subalterne, de refuser d’obtempérer, au risque de se voir sanctionner.
Sur le même registre, le mouvement des enseignants du 1er degré dysfonctionne ou a dysfonctionné gravement dans tous les départements : le nouveau logiciel, censé gérer ces opérations avec facilité et automatisme, de sorte à pouvoir, à l’avenir, réduire le nombre d’agents dévolus à cette tâche dans les DSDEN, n’a pas rendu à temps les services attendus.
Il a donc été demandé aux agents de pallier à cette défaillance par des interventions et corrections manuelles, longues et fastidieuses, comme lire et relire des listes de noms d’enseignants ayant formulé chacun 30 vœux pour trouver l’affectation cohérente avec leur barème et les priorités légales.
On a même demandé dans beaucoup de départements que les agents reviennent le samedi, le dimanche, voire de travailler en nocturne : c’est proche de la « réquisition » précitée, car refuser est impossible, enrayer le mouvement des collègues enseignants inimaginable. La conscience professionnelle des agents administratifs qui œuvrent au quotidien pour assurer la qualité du service public d’éducation ne peut dédouaner de toute reconnaissance réelle de cet engagement professionnel exceptionnel.
En clair, il est demandé à tous ces personnels d’assurer une charge de travail supplémentaire, à l’heure où les services travaillent déjà à flux tendu.
Car, faut-il le rappeler, ce sont précisément les services où :
– le manque de reconnaissance est le plus cruel et prégnant, car le travail de support et de soutien aux missions éducatives est invisible et peu connu, donc reconnu.
– l’effort de contribution collective a été le plus intense par le nombre de suppressions de postes et la redistribution du travail sur les équipes encore en place.
– les perspectives de carrière sont quasi inexistantes, tant la mobilité, les taux de promotion et de listes d’aptitude sont misérables et sclérosés.
– les personnels sont le plus impactés par la persistance du gel du point d’indice, puisque constitués essentiellement de catégories B et C, donc des salaires faibles, qui diminuent d’année en année compte tenu de l’augmentation des charges courantes.
Aussi, la question que vous pose le Sgen-CFDT est :
Quelle reconnaissance, Monsieur le Ministre, avez-vous prévue pour remercier ces personnels de leur engagement à la réussite des élèves ?
Le Sgen-CFDT ne peut se contenter des réponses qui ont été énoncées lors du comité technique ministériel (CTMEN) du 12 juin 2019 et vous réitère ses demandes avec insistance, à savoir :
- de ne pas traduire les heures faites en heures supplémentaires, car les collègues sont déjà dans l’impossibilité de récupérer les heures actuellement au compteur.
Lorsqu’ils s’absentent pour récupération de ces heures, leur travail stagne et nécessite de nouvelles heures supplémentaires pour être résorbé : les limites et l’absurdité de ce système sont donc largement démontrées.
- de ne pas rétribuer ces heures par le biais du complément indemnitaire annuel (CIA), inégal territorialement.
En effet, le CIA n’étant pas obligatoire, ni instauré dans toutes les académies, les montants attribués, pour le même travail sur le plan national, seraient différents entre académies, donc injustes.
- de mettre en place une prime exceptionnelle et équitable, allouée à toute personne assurant ce travail supplémentaire, quel que soit son grade et son statut.
Une juste rétribution fixée par les services ministériels serait à la hauteur et mesure d’une reconnaissance particulière pour un travail particulier et exceptionnel.
Dans un tel contexte d’engagement professionnel fort des personnels, la reconnaissance ne pourra se limiter à des remerciements. Les personnels attendent des actes à la hauteur des services qu’ils rendent au service de la qualité du système éducatif.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de l’attachement du Sgen-CFDT pour le service public qu’est l’Éducation nationale.