Les exploitations agricoles et atelier technologiques des EPL doivent être des outils efficaces et reconnus pour la mutation incontournable vers une agriculture soutenable.
Tout en rappelant leur rôle irremplaçable dans une pédagogie constitutive de la qualité de l’enseignement agricole, le Sgen-CFDT souligne leur importance stratégique dans la mutation indispensable vers une agriculture soutenable. Celle-ci exige une rupture avec la culture productiviste qui a prévalu pendant des décennies. Cela implique une évolution des pratiques agricoles fondées sur l’agroécologie et le développement de systèmes de production et de transformation innovants en phase avec les attentes nouvelles et prégnantes de la société : qualité des produits alimentaires, respect de l’environnement, création d’emplois, circuits courts, lutte contre le changement climatique. Pour être des acteurs efficaces de cette mutation, les exploitations agricoles des EPL se doivent d’être ancrées dans leurs territoires et constituer des entités viables économiquement.
La promotion d’une agriculture et d’une consommation soutenables
Les exploitations agricoles et les ateliers technologiques des EPL doivent contribuer à l’émergence de systèmes de production et de transformation innovants, autonomes et économes qui privilégient la résilience :
- le respect des écosystèmes naturels
- la réduction des intrants par des pratiques basées sur l’agroécologie,
- l’agriculture de conservation,
- la récupération de la valeur ajoutée par la transformation et la vente créatrices d’emplois,
- l’autoconsommation dans les restaurants scolaires,
- la production d’énergie électrique par micro-méthanisation de la biomasse des exploitations et des biodéchets des ménages et collectivités du territoire…
Elles doivent participer à la mise en place de véritables politiques alimentaires locales, ambitieuses et responsables.
Une dimension pédagogique indispensable
Les exploitations agricoles et les ateliers technologiques des EPL sont destinés à mettre en situation les élèves et stagiaires tout au long du parcours de formation et à décliner concrètement les concepts nouveaux développés en cours, notamment l’agroécologie. Ils jouent ainsi un rôle irremplaçable dans une pédagogie partant du terrain mise en œuvre au sein de l’enseignement agricole. Ce rôle pédagogique vaut également pour la profession agricole invitée à vérifier sur le terrain la pertinence de la démarche et à participer aux expérimentations.
L’ancrage incontournable dans les territoires
Les exploitations des EPL et les ateliers technologiques doivent :
– développer des systèmes de production et de transformation qui ne soient pas déconnectés de la réalité des exploitations agricoles et entreprises du territoire et de ses enjeux,
– tisser des liens avec les acteurs économiques agricoles et non agricoles. Il en résulte inévitablement des tensions avec un milieu professionnel majoritairement productiviste qui n’a pas réalisé sa « révolution culturelle » agricole : l’enjeu est de les assumer pleinement et de les gérer dans le dialogue et le respect des acteurs.
L’exigence de crédibilité : une recherche permanente de cohérence
Tant au niveau des élèves et des stagiaires que de la profession agricole, cela signifie que les exploitations et les ateliers des EPL soient viables économiquement. Par conséquent, les subventions des Conseils Régionaux doivent se limiter à la compensation des coûts induits par la formation et à l’entretien du patrimoine dont ils sont propriétaires. Pour rappel : les salariés relèvent du droit privé et de conventions collectives des différents secteurs. L’expérimentation et le développement sont financés par les programmes classiques de recherche et de développement.
Un défi
Pédagogiques, innovantes, viables et ancrées dans leur territoire… Il n’est pas facile pour les 190 exploitations et ateliers des lycées agricoles de répondre au cahier des charges, mais le chemin est tracé et le défi est passionnant.