Première partie de la déclaration liminaire de la CFDT Éducation, Formation, Recherche Publiques à la formation spécialisée ministérielle de l'Éducation nationale du 3 juillet 2024, faite quelques jours avant le 2ème tour des élections législatives des 6 et 7 juillet 2024.
En préambule, notre fédération remercie les personnels et services de l’administration centrale qui ont préparé cette séance.
La CFDT est mobilisée depuis plusieurs semaines pour empêcher le rassemblement national d’accéder au pouvoir.
Dans l’Éducation nationale, notre fédération n’a cessé de dénoncer les propositions autoritaires, discriminatoires et stigmatisantes du RN.
Inquiets pour nos collègues, nos élèves et leurs familles
Nous sommes particulièrement inquiets pour nombre de nos élèves, de leurs familles. Nous n’oublions pas, il y a 20 ans, des policiers venant dans nos écoles chercher les enfants des familles à expulser. Ce n’était pourtant pas le RN qui était au pouvoir …
Inquiets également pour nos collègues, qui seraient directement et personnellement visés par une politique discriminatoire et raciste.
Nombre d’entre elles et eux sont d’ores et déjà victimes de la libération de la parole et des agissements racistes et discriminatoires dans le sillage des dernières élections.
Comme nous l’avons dit lors du CSAMEN du 27 juin 2024, il est de la responsabilité du ministère d’assurer la protection des élèves et personnels victimes de ce type d’attaques.
Le vote en faveur de l’extrême-droite a progressé partout et les personnels de l’Éducation nationale ne sont pas hélas pas en reste. De nombreuses analyses mettent en avant les sentiments d’isolement, d’absence de reconnaissance, de dégradation de leur situation professionnelle et personnelle, de déclassement comme moteurs du vote pour le RN dans notre pays.
Des alertes non prises en compte
Nos professions vont mal depuis plusieurs années, les difficultés de recrutement en sont un des symptômes.
La CFDT, et notre fédération pour le champ de l’Éducation nationale ont alerté à de nombreuses reprises sur la perte de sens au travail et les situations d’épuisement professionnel.
Nous avons demandé à plusieurs reprises que les personnels soient davantage écoutés, que le dialogue professionnel soit structuré sur les lieux de travail. Également que les responsables hiérarchiques prennent en compte le vécu des agents, s’appuient sur leurs propositions pour améliorer le travail.
Articuler dialogue professionnel et dialogue social pour améliorer les conditions de travail est une nécessité. C’est ainsi qu’on redonnera du pouvoir d’agir au travail et de la confiance au sein de notre administration.
C’est particulièrement vrai pour les champs de compétences relevant de cette formation spécialisée.
Nos syndicats et nos élu.e.s dénoncent depuis longtemps les manquements subis par les personnels de la part de leur employeur :
- des carrières entières sans bénéficier des droits prévus par les textes : médecine du travail, RSST, DUERP, protection fonctionnelle…
- des collègues exposés à l’amiante qui n’ont pu accéder à l’information, à la prévention et au suivi médical,
- des risques psychosociaux en augmentation partout en raison du climat scolaire, du manque de moyens pour l’école inclusive, du manque d’accompagnement. Les RPS font pourtant l’objet d’un plan de prévention ministériel depuis … 2013,
- formations initiales et continues quasiment inexistantes en matière de santé et conditions de travail.
- des personnels administratifs en difficultés depuis des années par les ratés des outillages numériques comme encore Opale ou RenoiRH,
- des contractuels précarisés et malmenés, comme le montre le long parcours des AVS, puis AESH vers un statut.
- des champs professionnels impactés de plein fouet par la crise sanitaire, avec des conséquences durables pour les élèves comme pour les personnels. Mais un ministère qui est reparti après cette crise comme s’il ne s’était rien passé. Aucun temps d’analyse ni retour d’expérience. Ignorant les alertes des autorités sanitaires pour les jeunes et celles des organisations syndicales pour les personnels.
- et, au sortir de la crise sanitaire, seule récompense pour les personnels qui se sont investis, une réforme des retraites qui les amène à travailler plusieurs mois ou années de plus. Sans que l’employeur soit en capacité de vérifier leur aptitude au travail….
Notre fédération reste combattive
30 années de défaillances et parfois de maltraitances pour les personnels. Dans une administration pourtant censée être la meilleure représentante des valeurs de l’état républicain. Des désillusions qui ont pu conduire nos collègues à l’abstention ou pire, au vote pour l’extrême-droite.
Nous savons pourtant que ce parti, son idéologie discriminatoire ne résoudront aucune de ces problématiques bien au contraire.
La CFDT ne se résout pas à cette situation et sera combattive pour défendre l’État de droit, les valeurs démocratiques, les conditions de travail et le droit à s’organiser collectivement dans le cadre syndical des agents que nous représenterons.