Le dossier SIRHEN (Système d'information sur les Ressources humaines de l'Education nationale) a constitué un des points de l’ordre du jour CTMEN du 4 novembre. Le Ministère aura donc mis près de deux ans à prendre en compte l'alerte qu'avait portée le syndicat Sgen-CFDT de l'administration centrale
SIRHEN : l’alerte du Sgen-CFDT
Dès le printemps 2014, interrogeait le ministère sur divers éléments problématiques du dossier SIRHEN
- comment le projet SIRHEN allait évoluer après l’abandon de l’opérateur national de paie,
- une étude sur la pérennisation des systèmes d’information RH déjà en place,
- l’internalisation de la maintenance et d’une partie du développement de SIRHEN,
- le renforcement numérique des équipes et un plan de formation adapté devant permettre de mener le transfert de savoir-faire depuis les équipes sous-traitantes et de s’organiser durablement en interne pour faire évoluer de concert l’ensemble des SIRH,
- l’ouverture et la structuration de réflexions sur l’évolution nécessaire des SI pour supporter une GRH rénovée suite aux évolutions statutaires d’un grand nombre de corps de l’Éducation nationale. Dans ce cadre, nous soulignions qu’il était indispensable de faire le lien entre la transformation des pratiques pédagogiques avec le numérique et une réelle modernisation de la GRH des enseignants,
- une gouvernance unifiée et cohérente des SIRH dans l’ancienne architecture et le nouvel environnement SIRHEN,
- une explicitation de la stratégique SI du ministère qui avait été absente ces dernières années, indispensable pour assurer la bonne adéquation des moyens et des priorités.
Des annonces cohérentes mais très tardives
Malgré le délai de réaction trop important, à travers lequel l’administration a sans doute espéré qu’une solution interviendrait spontanément, le Sgen-CFDT se félicite des premières conclusions présentées oralement en CTMEN le 4 novembre 2015. Toutefois, nous attendons toujours une présentation précise des conclusions de la mission des inspecteurs et le bilan de l’audit sur les SIERH qui nous ont été promis depuis plusieurs mois.
Lors du CTMEN, le nouveau directeur du numérique pour l’éducation a annoncé une refonte de l’ensemble de la trajectoire et de l’architecture du système d’information. L’objectif est d’aboutir à une couverture fonctionnelle par une meilleure articulation aux SIRH existants. Il s’agit d’éviter de partir de la « feuille blanche » pour gérer les personnels enseignants, contrairement à l’erreur commise pour les non enseignants dont la gestion dans le nouveau système serait toutefois conduite à son terme. Il prévoit aussi de veiller à la maîtrise interne du développement par la ré internalisation partielle du projet SIRHEN en ne laissant plus l’ensemble du développement et de la conception informatique à des prestataires externes.
Ces annonces rejoignent l’analyse de la situation et les propositions du Sgen-CFDT formulées dès l’origine.
La pertinence de l’alerte que les représentants Sgen-CFDT ont eu le courage de porter malgré l’autisme des décideurs de l’époque ne fait aujourd’hui plus débat. Elle a même sans doute permis d’éviter une crise bien plus grave avec la logique technocratique qui prévalait jusqu’alors.
Le dialogue contradictoire qui s’en est suivi dans le cadre du groupe de travail émanant du CT ministériel et la réelle réévaluation par l’administration des objectifs et des modalités du programme SIRHEN et de la maintenance des SIRH ont finalement permis de poser les bonnes questions. Espérons que les réponses qui restent à venir le soient aussi.
La vigilance et les exigences du Sgen-CFDT
Nouvelle feuille de route pour SIRHEN
À ce stade, nous demandons que la redéfinition en cours de la trajectoire d’évolution des SIRH réponde aux préoccupations majeures de modernisation des procédures et des outils de GRH pour les agents qui en ont la charge. Ce projet ne doit plus être une simple rénovation technique mais un réel projet dont les objectifs devraient être débattus avec les organisations représentatives. Dans cette perspective, la DGRH doit reprendre et assumer ses responsabilités en matière de définition des outils et des règles de gestion des ressources humaines en liaison avec la DGESCO.
Après cette première annonce, nous attendons que nous soit présentée une feuille de route claire pour chacun des domaines et des types de population qui doivent être pris en charge par les outils de GRH.
Pour le Sgen CFDT, l’amélioration de la politique de GRH à l’Éducation nationale ne doit pas être entravée par des contraintes techniques.
C’est pourquoi les nouveaux SIRH doivent ainsi être adaptables. Ces nouveaux systèmes doivent par exemple permettre de faciliter la simulation de mesures de GRH envisagées (l’évolution des barèmes et l’intégration de dispositifs pédagogiques nouveaux dans les états de services des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation pour ne citer que deux exemples).
Nous souhaitons aussi recevoir des assurances sur l’insertion de ce projet d’avenir dans l’évolution globale des systèmes d’information dont la DNE s’est vu confier la responsabilité lors de sa création en 2014.
L’impact sur la charge de travail et les conditions de travail des personnels
Nous voulons également des garanties sur les moyens qui seront mis en œuvre pour permettre aux équipes informatiques de reprendre en interne la maîtrise des développements dont la sous-traitance a échappé à l’administration. Nous attendons que l’administration concrétise la confiance qu’elle leur accorde enfin en associant plus explicitement les femmes et les hommes de l’art aux choix d’orientation et à la conduite des projets. Il faudra aussi que le Ministère obtienne des garanties des sociétés de service informatique quant au devenir professionnel des prestataires de service – qui pourraient aussi bénéficier d’une intégration – et dont la prestation au Ministère de l’Éducation nationale pourrait s’achever suite à la réorientation du projet.
Limiter le stress inutile apporté par une « gestion par les délais » sans rapport avec les réelles nécessités pour parvenir au résultat.
Le Sgen-CFDT sera vigilant à ce que le cadre de travail quotidien des personnels qui s’impliquent sans compter dans les projets informatiques, grands programmes nationaux ou initiatives locales, elles aussi à forte valeur ajoutée, limite le stress inutile apporté par une « gestion par les délais » sans rapport avec les réelles nécessités pour parvenir au résultat. C’est aussi une compétence collective à développer à tous les niveaux hiérarchiques pour améliorer les conditions de travail de l’ensemble des personnels. En particulier, le maintien d’une direction de programme SIRHEN hors sol, rattachée directement au secrétaire général et constituant une deuxième, voire une troisième hiérarchie pour les équipes en académie ne nous parait pas de nature à remettre la conduite de l’évolution des SI ministériels sur une trajectoire plus sereine et moins dispendieuse.
Dans les services centraux et déconcentrés, les personnels qui utilisent SIRHEN ont été contraints (et le sont encore parfois) à une double saisie. Il faut qu’ils puissent savoir à quelle échéance cela cessera.
Tous et toutes ont besoin d’information et de visibilité à court, moyen et long terme sur l’évolution des SIRH existants.
Ces systèmes d’information anciens et dont la maintenance a été sous financée du fait des investissements très importants consentis pour développer SIRHEN imposent des procédures lourdes avec des applications à l’ergonomie dépassée, et parfois même un traitement manuel et sur support papier de certaines opérations collectives (en particulier pour les personnels du premier degré). Les personnels administratifs attendent des évolutions dans ce domaine afin que leurs conditions de travail s’améliorent.
Par ailleurs, d’autres applications de gestion ont été développées pour traiter ces lacunes et il conviendra aussi d’expliciter leur devenir dans le cadre du scenario choisi, en étant capable de donner des perspectives claires et constructives pour les personnels qui travaillent à leur développement.
Enfin, il reste pour nous des inquiétudes quant à l’accompagnement du changement.
Les utilisateurs des SIRH rénovés et de SIRHEN (dans les services centraux, les services déconcentrés et les établissements) seront-ils consultés pour élaborer la spécification ? Les groupes d’utilisateurs continueront-ils d’être réunis au fur et à mesure du déploiement des nouvelles applications afin de pouvoir faire les ajustements pertinents ? Les mises à jour et montées en version seront-elles menées en cohérence avec les impératifs de fonctionnement des services afin de ne pas faire risquer aux personnels administratifs la perte d’une partie des saisies effectuées ?
C’est l’ensemble de ces questions que nous continuerons de poser régulièrement notamment en comité technique ministériel et dans le cadre du groupe de travail SIRHEN dès qu’il sera de nouveau réuni : le Ministère nous a annoncé la réactivation de ce groupe dans le courant du premier semestre 2016.