Outre l'invisibilisation de l'enseignement de technologie du fait de la suppression de l'enseignement de cette discipline en 6ème, les nouveaux programmes proposés auront d'autres répercutions sur le système éducatif notamment pour les professeurs des écoles. L'analyse de la CFDT.
Avec la suppression de la technologie en sixième, le ministre a saisi le Conseil Supérieur des Programmes pour revoir les programmes de Sciences et technologie de Cycle 3. La mesure principale est la bascule de ce qui se faisait en sixième en cours moyen. Une hérésie pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques (ex Sgen-CFDT) à plusieurs titres !
Une génération d’élèves de 6ème sans technologie à la rentrée 2023
Les programmes du cycle 3 de sciences et technologie ont été examinés en Conseil Supérieur de l’Éducation : toutes les notions de technologie de cycle 3 sont désormais à la charge des professeurs des écoles.
En effet, jusqu’ici essentiellement traitées en 6ème par les enseignant.es de technologie, dès la rentrée scolaire 2023 tous les attendus de compétences et de connaissances technologiques ont été basculé en CM1/CM2.
Les élèves actuellement en CM2, qui n’ont donc pas pratiqué de technologie, n’en auront pas en 6ème si ce nouveau programme s’applique en septembre.
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques a déposé un vœu conjoint avec les autres organisations syndicales et la FCPE pour dénoncer cette ineptie qui aboutit à ce que toute une génération n’aura pas fait de technologie avant la 6e, à l’heure où par ailleurs les enjeux numériques et technologiques sont fondamentaux.
Mission impossible pour les professeurs des Écoles
Outre la lourdeur des programmes de sciences, les professeurs des écoles devront donc en plus mettre en œuvre des éléments de technologie.
Or dans leur immense majorité, les écoles ne disposeront pas du matériel nécessaire pour amener les élèves à maîtriser certaines compétences (réalisation de robots par exemple ou de montages électriques). Et les dotations par classe des collectivités territoriales sont épuisées depuis avril.
Par ailleurs les enseignants du premier degré sont avant tout des personnels qui ont une formation polyvalente, or certains points du programme sont très disciplinaires. Le programme contient 32 sous-thèmes à répartir sur deux années pour 144 heures d’enseignement possibles en cours moyen, cela veut dire que chaque professeur des écoles devra consacrer 5 heures soit environ deux semaines pour chacun.
Ces programmes publiés au mieux fin juin, ne laisseront que peu de temps aux enseignant.e.s pour ajuster leur progression de cycle, proposer et inventer des séquences. A l’heure où les priorités affichées par le ministère sont multiples : renforcer les fondamentaux, pratiquer trente minutes de sport par jour, faire vivre la laïcité, lutter contre le harcèlement, on peut douter du temps réel consacré à ces apprentissages, et donc de l’effectivité de ces programmes.
Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, il s’agit une nouvelle fois d’une méconnaissance profonde de la réalité des écoles et de la professionnalité des enseignant.e.s.
Une invisibilisation de la technologie dans ces programmes dans une indifférence quasi générale
La légèreté avec laquelle le ministère a rayé la technologie de la classe de 6ème, avec de vagues promesses pour le cycle 4, est insupportable pour les collègues concernés.
Le focus placé sur le soutien en maths/français et les annonces sur le Pacte rendent cette décision quasiment invisible.
Or l’autre nouveauté de cette mouture des programmes est le découpage en attendus de fin de CM et en fin de sixième.
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques est favorable à des programmes sur le cycle pour sortir d’une culture en silo en appréhendant le parcours de l’élève sur une durée plus longue : les repères annuels pour faciliter le travail en classe des enseignants relèvent de recommandations à détailler dans des documents d’accompagnement plutôt que dans le programme lui-même.
Mais dans le cas particulier, des programmes de cycle permettraient aussi des ajustements souples et adaptés pour prendre en compte la situation particulière des enseignant.es de technologie : EIST, complément de service des enseignant.es de techno, projets divers relevant de l’autonomie des établissements…
Une écriture en cycle permettrait, là où c’est possible de garder un enseignement de technologie, même réduit. C’est le sens de l’amendement qui a été déposé par la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques au CSE.