Auditionné le 05 janvier à l’assemblée nationale, le Sgen-CFDT a rappelé que l'enjeu de l'orientation des élèves, souvent cité comme prioritaire, souffre en réalité de moyens insuffisants. L'absence réelle de volonté d’en faire une priorité ne permet pas d’engager un réel travail collectif.
À l’occasion de cette mission flash de l’assemblée nationale sur la mise en œuvre des réformes législatives de l’orientation des élèves, le Sgen-CFDT a pu porter sa vision générale du sujet.
Tout d’abord, il a été nécessaire de rappeler que ces questions d’orientation concernent les élèves depuis le collège jusqu’à leur insertion professionnelle. Le sujet est plus vaste que le seul accès à une information transparente et accessible, préalable néanmoins indispensable.
L’accompagnement des élèves lors de la réflexion, de l’accès à l’information, au choix, aux procédures, aux déceptions et aux possibles est indispensable pour permettre la construction progressive de leurs parcours. Cela nécessite l’intervention de multiples acteurs internes à l’éducation nationale (Psy-EN, professeur documentalistes, professeurs principaux, enseignants, CPE, parents, personnels de direction responsable de l’ensemble du processus…), et externes (la Région a désormais une compétence importante sur ce sujet).
Orientation des élèves : Déconstruire pour mieux rebâtir
L’orientation est un sujet complexe qui nécessite, de déconstruire de nombreux préjugés tant du côté des enseignant.es, CPE et personnels de direction que du côté des élèves et des familles.
L’orientation ne se réduit pas aux 3 années de lycée. La construction de son parcours doit s’amorcer dès le collège. Le jeune élève doit faire des choix les plus éclairés qui soient. La mission flash de l’assemblée nationale s’est concentrée sur les effets de la réforme du lycée générale et dans une moindre mesure la voie technologique. Aussi, le Sgen-CFDT a rappelé que le collège et le lycée professionnel ont aussi fait l’objet de réformes. Le Sgen-CFDT a rappelé que l’orientation n’est pas « linéaire » et que de nombreuse passerelles existent.
L’orientation nécessite un temps long, celui de la maturation d’un projet pour l’élève. Cela requiert de la part des professionnels de l’éducation, des temps de travail en équipe pluriprofessionnelle. Conduire une politique d’orientation solide et présente dans l’ensemble des axes du projet d’établissement est primordial. Les personnels de direction et leurs équipes tentent d’organiser des temps de concertation, en dehors des conseils de classe, pour analyser et accompagner au mieux les parcours. En voie générale, avec l’éclatement du groupe classe, les conseils de classe ne sont plus des lieux d’analyse commune. Ils perdent encore davantage leur rôle de préconisations.
Aussi, pour le Sgen-CFDT l’instauration d’un temps collectif qui permette de mener à bien la mission d’accompagnement doit devenir une priorité dans l’EPLE du 21ème siècle
Former les professionnels et leur donner les moyens d’agir
L’orientation nécessite, au-delà de la mise à disposition des informations, une formation des divers intervenants. Ceci afin de connaitre le champs de compétences de chacun.e et de pouvoir y faire appel. Cela nécessite également de rémunérer correctement les Professeurs principaux pour maintenir l’attraction de la fonction. À ce titre, le Sgen-CFDT soutient l’idée d’un professeur référent multi-âge d’un groupe réduit d’élèves, avec la même rémunération que celle du binôme qui existe en Terminale. Le ministère en créant le professeur référent n’a en rien permis un meilleur accompagnement des élèves. En effet, si les groupes sont certes réduits, la rémunération n’est pas à la hauteur et tait toute tentative d’amélioration.
La réforme prévoit la mise en place de 54h consacrée à l’orientation. Ce volume horaire regroupe l’ensemble des actions autour du parcours de l’élève. Cela intègre aussi les actions de la région. Mais encore une fois, faute de temps collectifs, l’action des collectivités se réduit bien souvent à un apport en doublons de ce que produit déjà l’ONISEP. Rien qui ne vienne améliorer la politique d’orientation d’un EPLE.
Enfin, afficher dans la réforme un volume horaire de 54h non financé et sans accompagner les EPLE pour la mise en œuvre de ces programmes, n’est pas recevable. Les grandes campagnes de communication au lancement sans aucun service dédié dans les rectorats ne sont pas réalistes. Nous bricolons donc toutes et tous, de manière assez fine mais de manière très inégale d’un territoire à l’autre. Les EPLE éloignés des centres universitaires ou des CIO rencontrent alors des difficultés accrues.
Faire de l’orientation une priorité n’est pas qu’affaire d’affichage.
Les EPLE doivent être accompagnés
Prévenir les risques de décrochage et les inégalités
Il faut donc une coordination et un pilotage des temps, des intervenants et des actions. Chacun.e est bien conscient.e qu’une mauvaise prise en charge de ces questions dans l’Ecole, peut générer du décrochage et favorisera encore l’externalisation de cet accompagnement. Le risque est d’augmenter les biais et inégalités.
Pour le Sgen-CFDT, les acteurs en jeu font du mieux qu’ils peuvent avec les moyens alloués, et les contraintes imposées. Pour changer d’échelle, et passer des intentions aux actes, il faut aussi investir, recruter des Psy-EN, revaloriser les acteurs, dégager des temps de service dédiés, revoir les cadres réglementaires et faire confiance.