Bien qu'étant une étape clef pour chaque jeune, l'orientation scolaire telle qu'elle est pratiquée actuellement est fort critiquable. Le Sgen-CFDT, présente ses revendications.
Importance de l’orientation scolaire
Pour le Sgen-CFDT, l’orientation scolaire est un moment décisif dans la vie d’un individu car elle demande de faire un choix stratégique qui ne va pas forcément toujours de soi. C’est un processus complexe qui demande du temps et de la réflexion. Il peut s’avérer difficile pour un individu d’identifier seul ses talents, ses projets, les métiers, les formations et de les mettre en perspective avec une société et un univers professionnel en mouvement perpétuel.
Sans un appui extérieur, l’éventail des choix retenus est trop souvent conditionné par l’origine sociale ou géographique de la personne ou la qualité de l’information obtenue.
Le problème de l’orientation dans le système éducatif français est une pierre d’achoppement connue. Il exige des compétences particulières. Il met en cause des « domaines réservés ». Il est aussi le révélateur d’un clivage idéologique entre les tenants d’une conception élitiste et datée de l’orientation et ceux qui en font un instrument de démocratisation de la politique éducative et d’émancipation. Le Sgen-CFDT se positionne résolument dans ce second camp.
L’orientation ne peut être réduite à la diffusion d’une simple information…
Pour le Sgen-CFDT, un accompagnement éclairé s’impose et doit viser à faire de l’apprenant l’acteur et le sujet de son projet d’avenir. L’orientation ne peut être réduite à la diffusion d’une simple information prodiguée par un diffuseur vers un récepteur. Chaque apprenant doit pouvoir bénéficier, durant son temps de scolarité, de rendez-vous réguliers où il puisse s’exprimer, être écouté et conseillé.
La Fonction Publique doit consacrer des moyens humains et financiers à cette mission essentielle. Pour être conduite correctement, elle doit être mise en œuvre par des agents compétents, motivés et en veille permanente. Pour faire système, elle doit se faire en lien avec l’équipe éducative qui encadre l’apprenant. Le Sgen-CFDT constate malheureusement que cette activité se privatise de plus en plus. Les familles aisées s’adressent de plus en plus, à des « coachs privés ». Preuve de l’existence de cette concurrence, sur les moteurs de recherche, l’ONISEP n’apparaît plus qu’en 5ème position.
Pour l’enseignement agricole
L’Enseignement Agricole n’échappe pas à cette problématique.
Ce système de formation est mal connu du grand public et fait parfois l’objet de représentations datées et erronées. Certaines brochures de l’ONISEP omettent encore de présenter les formations issues de l’enseignement agricole. Le nombre de jeunes entrants dans ses formations, notamment en Seconde, en CAPa et en BTSA dépend pourtant directement de la qualité de l’orientation opérée en amont par les opérateurs.
Le Sgen-CFDT regrette que le service national de l’orientation ne soit pas un service interministériel mais un service piloté par le seul Ministère de l’Éducation Nationale. Des témoignages récurrents d’enseignants affectés en lycées agricoles mentionnent qu’à certaines périodes et sur plusieurs territoires, des acteurs de l’Éducation Nationale n’ont pas encouragé, promu, favorisé comme il aurait du le faire l’orientation des jeunes vers l’Enseignement Agricole.
La pénurie de moyens, la concurrence exacerbée entre établissements d’enseignements issus de ministères différents induisent la conduite de pratiques qui parfois ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Ainsi et pour cette année, le Recteur de l’Académie de Grenoble faute de moyens suffisants, a interdit, avant le confinement, aux agents travaillant dans les CIO de se rendre dans les lycées agricoles ! C’est inacceptable !
Le Sgen-CFDT note néanmoins que depuis 3 ans, la situation s’améliore lentement. Les Ministres de l’Éducation Nationale et de l’Agriculture ont signé une convention de partenariat. On peut espérer qu’une nouvelle ère s’ouvre enfin : celle de la coopération.
Des applications numériques critiquées
Pour s’inscrire dans une formation après la troisième ou après le bac, les jeunes et leurs familles doivent formuler leurs vœux en ayant recours à des plate-formes numériques nouvelles et en constante évolution : AFFELNET, PARCOURSUP….Ces applications utilisent des algorithmes « complexes » qui ordonnent les vœux des apprenants. Elles font parfois l’objet de critiques vives pour leur manque de transparence. Au sein de l’enseignement agricole, des équipes éducatives ont exprimé leur étonnement et leur inquiétude. Elles ont constaté que des élèves ayant pourtant manifesté une forte motivation pour suivre une formation dans un lycée agricole lors de journées « portes-ouvertes », ne sont pas présents à la rentrée scolaire. Hors aucun suivi n’est possible. Ceci doit évoluer !
Permettre aux utilisateurs de visualiser les formations visées les plus proches de chez eux…
Pour l’enseignement agricole, le Sgen-CFDT souhaite que les applications AFFELNET et PARCOURSUP puissent permettre aux usagers d’identifier les formations dispensées par le ministère de l’agriculture, quelques soient les régions. Tel n’est pas le cas. Il faut que de nouvelles versions plus performantes de ces outils émergent. Il faut qu’ils puissent géolocaliser les utilisateurs, ce qui leur permettra de visualiser les formations visées les plus proches de chez eux.
Tout n’est cependant pas négatif : il semble que la mise en place de PARCOURSUP ait contribué à augmenter les effectifs des étudiants inscrits en BTSA. Enfin, il convient de signaler que la Directrice de Cabinet du ministère de l’agriculture a confié au CGAAER une mission portant sur l’orientation des élèves vers l’enseignement agricole et son attractivité. Cette mission porte principalement sur l’orientation post troisième. Le Sgen-CFDT a été auditionné et a pu présenter l’ensemble de ces revendications. Il attend la publication du rapport du CGAER et les recommandations retenues par les rédacteurs.
LE PILOTAGE PAR LES RÉGIONS OBJET DE CRITIQUES
Avec la Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018, le rôle des régions dans le domaine de l’orientation est renforcé (article 18). L’État conserve la définition de la politique nationale de l’orientation. Les régions sont chargées de l’organisation des actions d’informations sur les métiers et les formations. Désormais, elles devront informer les élèves dès le collège et les étudiants sur les métiers et les évolutions de l’emploi.
À cet effet, elles bénéficieront du concours de l’Office National d’informations sur les Enseignements (ONISEP) qui reste national. En revanche, les 200 équivalents temps pleins (ETP) travaillant dans les délégations régionales de l’ONISEP ont été transférés aux régions début 2019. Le Sgen-CFDT a dénoncé la disparition brutale de CIO dans certaines académies (Orleans-Tours par exemple). Un bilan objectif de ces mesures reste à faire.
L’effort budgétaire doit être partout le même…
Pour le moment, le résultat sur le terrain régional n’est pas probant. Des usagers insatisfaits dénoncent un manque d’efficacité et de professionnalisme. L’engagement des régions est très hétérogènes. Deux conseils régionaux ont créé des agences régionales de l’orientation, Auvergne-Rhône-Alpes et Normandie : Auvergne-Rhône-Alpes compte deux fois et demi plus d’élèves que la Normandie, la participation financière de la Région ne dépasse pourtant que de 30 % celle de la Région Normandie. L’orientation des élèves ne peut pas être dans la demie-mesure et source d’économie. L’effort budgétaire doit être partout le même.
DES INITIATIVES LOCALES A MUTUALISER
Suite à la crise sanitaire, face à cette situation dégradée qui interpelle, le Sgen-CFDT encourage les établissements d’enseignement agricole à engager localement, autant qu’il est possible de le faire, des actions visant à mieux faire connaître nos formations, à continuer d’attirer de nouveaux apprenants, de nouveaux publics. La reconquête des effectifs élèves passe aussi par là.
Encourager les actions de promotion de l’enseignement agricole et mutualiser les initiatives
Le Sgen-CFDT incite aussi les EPL à mutualiser leurs diverses initiatives et à densifier les partenariats au niveau des bassins d’emplois ou de la région. A cet égard, les SRFD ont aussi un rôle déterminant à jouer pour décupler les énergies, mettre en commun des moyens, interpeller les conseils régionaux et valoriser notre système de formation.