Intéressant, sous conditions...
Le dispositif » parcours d’excellence » présenté par la ministre s’inscrit dans la continuité de dispositifs déjà existants (cordées de la réussite, conventions Sciences Po, partenariats avec des associations d’entrepreneurs) pour viser une démocratisation de l’accès à toutes les filières, et favoriser la mixité sociale. Il s’agit pour la Ministre » d’accompagner les collégiens volontaires pour assurer l’égalité dans l’opportunité de réussir, dans les filières qu’ils ont choisies » (y compris les voies professionnelles, et l’insertion professionnelle directe).
Tout en s’appuyant sur ces expériences passées, la Ministre rappelle certaines limites de ces précédents dispositifs : si la majorité des élèves concernés sont boursiers, seulement 28% sont issus de l’Éducation Prioritaire ; la répartition de ces dispositifs est inégale sur le territoire national ; ils ne concernent que peu de lycéens venant de filières profesionnelles.
développer trois dimensions
Il s’agit pour le ministère de développer trois dimensions : ♦ Construire une continuité de la 3ème à la Terminale pour créer de vrais cycles post-bac en touchant le maximum de jeunes. ♦ Construire avec l’élève un parcours personnel vers une excellence choisie dans des parcours diversifiés. ♦ S’inscrire dans la durée en prenant place dans chacun des établissements REP+ à la rentrée 2016.
Le parcours d’excellence, qui sera inscrit dans le projet d’établissement et s’appuiera sur le référentiel de l’éducation prioritaire, proposera aux élèves de 3ème : des travaux en groupes tutorés ; de l’aide au travail personnel ; des visites culturelles et des temps de renforcement en culture générale ; des visites de lieux de formation et des rencontres avec des étudiants ; des visites d’entreprises ; des rencontres de personnalités. Les partenaires mobilisés seront les étudiants, les élèves fonctionnaires des écoles du service public, les acteurs économiques, le monde associatif, les fédérations de parents d’élèves, les collectivités territoriales.
parcours d’excellence, intéressant sous conditions
Pour le Sgen CFDT, ce dispositif élargi à tous les établissement REP+ , et accompagnant des parcours dans toutes les filières, peut être intéressant, s’il génère un travail réel d’information et de connaissance entre les établissements du supérieur et les collèges, et que ce travail irrigue les projets de l’ensemble du nivau des classes de 3ème.
Par contre, s’il se contente de faire le tri (comment ?) entre les élèves d’un même établissement, pour leur proposer un accompagnement renforcé, s’il est utilisé pour recréer peu ou prou des » classes d’excellence « , pour sélectionner les élèves » méritants » des collèges défavorisés ou pour attirer les familles favorisées vers les collèges REP+, il restera un parcours d’excellence pour quelques uns et ne permettra pas de construire l’ambition pour tous.
D’autre part, si l’on souhaite réellement lever les obstacles du déterminisme et de l’autocensure, ne devrait-on pas généraliser ce genre de dispositfs à tous les collégiens et lycéens d’éducation prioritaire puis à tous les établissements ? Les actions décrites ici ne sont-elles pas celles qui devraient, à terme, se développer dans le cadre du Parcours Avenir ?
manque d’indications sur les moyens
En outre, tel qu’il est présenté actuellement, ce dispositif est dépourvu d’indications claires sur les moyens accordés aux établissements (qu’ils soient du supérieur comme de l’enseignement scolaire) pour les mettre en œuvre. Nous pouvons dès lors demander des précisions sur l’identité, la fonction et la formation des tuteurs (y compris chez les étudiants), sur les espaces de formations et l’identité des formateurs… sur les temps dégagés pour les acteurs pour assumer ces nouvelles fonctions…
Chez les enseignants, si la reconnaissance est envisagée en attribution d’IMP, cela va vite atteindre des limites : en attribution dans les établissements, et en crise de temps pour les enseignants. La non reconnaissance du travail en temps de décharge va finir par épuiser totalement les enseignants, déjà bien chargés en Éducation prioritaire. Les mêmes quetions de formation et de temps disponible se posent dans les lieux d’accueils culturels et d’entreprise.
Le Sgen-CFDT encourage ces mesures visant la connaissance mutuelle entre les partenaires, l’ouverture à tous de toutes les filières, un accompagnement soutenu des élèves. Mais le Sgen-CFDT ne peut qu’alerter la ministre sur, d’une part, la nécessité de moyens soutenant cette mesure (de la formation des personnels impliqués et du temps de décharge notamment), et d’autre part, l’ambition à terme de généraliser de tels dispositifs, pour tous les collégiens dans le cadre du parcours avenir, pour ne pas récréer des dispositifs sélectifs, excluant au final de l’excellence une majorité des élèves.