Le parcours des élèves et des étudiants, son accompagnement et la reconnaissance de ce travail éducatif étaient au programme de la table-ronde consacrée à l'identification des leviers pour un système éducatif plus performant et plus juste, dans le cadre de l'AG des Sgen à Dijon du 23 au 25 février.
Quels enjeux aujourd’hui ?
En temps de Covid, la question du parcours de l’élève dans le système de formation initiale s’est posée avec encore plus d’acuité : dans sa continuité, qui a servi de slogan au ministre, mais aussi dans ses discontinuités, facteurs d’inégalités (fractures numériques, absences liées à la maladie, enseignant·e·s non remplacé·e·s). Cette question est sous-tendue par une autre : comment accompagner l’élève dans les dix-neuf années passées en moyenne à l’École, et quelles implications pour les métiers de l’éducation et de l’enseignement ?
Pour le Sgen-CFDT, il est temps de prendre en charge l’accompagnement des parcours des élèves
Le parcours de l’élève dans l’œil du politique
La mandature 2012-2017 avait cherché à prendre en compte la scolarité de l’élève dans un temps plus long que celui de l’année scolaire par le biais de la politique des cycles, du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, de la lutte contre le décrochage ou encore de la création de divers parcours (parcours avenir, parcours citoyen ou encore parcours d’éducation artistique et culturelle).
Force est de constater que la Covid a montré toutes les limites des repères annuels, entraînant une adaptation en urgence de l’ensemble des procédures à la réalité des parcours bouleversés par la pandémie.
La période 2017-2022 est en revanche revenue à la référence annuelle «un professeur – une classe – une année – un programme», avec quelques exceptions quand même, notamment autour de l’inclusion scolaire. Force est de constater que la Covid a montré toutes les limites des repères annuels, entraînant une adaptation en urgence de l’ensemble des procédures à la réalité des parcours bouleversés par la pandémie. En réaction, le ministre tient depuis deux ans un discours de rattrapage du temps perdu, ce qui est source d’anxiété et maintient une pression délétère pour les élèves comme pour leurs enseignant·e·s.
Pour le Sgen-CFDT, il est temps de prendre en charge l’accompagnement des parcours des élèves : cet enjeu irrigue tout notre cahier revendicatif.
Les préconisations du Sgen-CFDT pour l’accompagnement des parcours élèves et étudiants
Le Sgen-CFDT propose d’abord de relancer la politique des cycles : celui de la scolarité obligatoire, mais aussi le cycle terminal du lycée, en développant notamment le tutorat multi-âges. Il propose aussi de faire évoluer les modalités de certification et de délivrance des diplômes puisqu’il s’avère que la modalité de l’examen terminal est de plus en plus difficile à mettre en œuvre. Ce chantier de la construction progressive des diplômes est plus avancé dans l’enseignement agricole avec la réforme du bac professionnel qui s’appliquera à la rentrée 2023.
Le Sgen-CFDT revendique l’intégration de temps de concertation dans les obligations de service : l’accompagnement des parcours doit se faire en effet en équipe pluriprofessionnelle.
Enfin, le Sgen-CFDT porte le nécessaire investissement dans l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche, et notamment une reconnaissance financière des missions exercées par les personnels. L’ensemble de celles liées à l’accompagnement sont particulièrement mal reconnues dans l’enseignement scolaire, depuis les missions exercées par les accompagnant·e·s des élèves en situation de handicap (AESH) jusqu’aux missions de professeur·e principal·e. Le Sgen-CFDT revendique la fonctionnarisation des AESH et l’indemnité de responsabilité augmentée, dans laquelle les missions de professeur·e principal·e trouveraient place.
le Sgen-CFDT porte le nécessaire investissement dans l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche, et notamment une reconnaissance financière des missions exercées par les personnels.
L’accompagnement du parcours des étudiant·e·s est un enjeu porté de longue date par le Sgen-CFDT, et le dispositif « Oui, si » initié par la loi dite d’orientation et de réussite des étudiant·e·s (ORE) était à ce titre une réelle avancée, avec une indemnité spécifique et des créations de postes afférentes. La reconnaissance des missions d’accompagnement fait aussi partie des discussions engagées dans le cadre du protocole carrières et rémunération. Pour autant, les besoins restent énormes dans un contexte toujours aussi inégalitaire : comme le rappelait Élise Huyllerie (cf. Ressources complémentaires), l’investissement par étudiant·e peut varier de près de 10 000 € entre certaines classes préparatoires aux grandes écoles et certaines licences… La revendication d’une loi de programmation pour l’enseignement supérieur prend tout son sens pour corriger le sous-investissement chronique et les injustices de traitement qui en découlent.
Un extrait de l’intervention a paru dans le no 284 – Mars-avril 2022 de Profession Éducation, le magazine du Sgen-CFDT.