Professorat des écoles : le Sgen-CFDT émet les plus grandes réserves quant au cahier des charges d’un nouveau parcours de licence (PPPE) présenté en octobre dernier par trois directions (DGESIP, DGESCO et DGRH) dans le cadre d’une réunion multilatérale.
Rappel du contexte
Le 8 octobre dernier, les trois directions (DGESIP, DGESCO et DGRH) se livraient à une grande opération de communication dans le cadre d’une multilatérale où Mark Sherringham, Inspecteur général, présentait à l’ensemble des organisations syndicales de l’enseignement scolaire et du supérieur le cahier des charges d’un nouveau parcours de licence intitulé « Parcours préparatoire au professorat des écoles » (PPPE).
Le Sgen-CFDT émet les plus grandes réserves quant à ce projet.
Un parcours préparatoire au professorat des écoles pour la rentrée 2021
Il est prévu que le parcours préparatoire au professorat des écoles ouvre à la rentrée 2021 au moins dans chaque région académique, mieux dans chaque académique. Le projet va faire l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) afin d’identifier des binômes lycée-universités.
Prévu pour préparer des jeunes au master Meef 1er degré, le PPPE, adossé prioritairement à une licence de mathématiques ou de lettres, sera pluridisciplinaire (socle d’enseignements fondamentaux avec un cadrage national pour les enseignements prévus au lycée) et comprendrait une maquette hybride avec une architecture type CPGE couplé à une formation à l’université conduite simultanément : L1 : 75 % lycée – 25% université ; L2 : 50% lycée – 50% université ; L3 : 25% lycée – 75% université. Trois à quatre semaines de stages sont prévues chaque année de la licence.
À la suite du résultat de l’AMI fin novembre, tout se jouera entre janvier et juin 2021 où les équipes pédagogiques du lycée et de l’université devraient travailler ensemble à la co-construction de ce parcours spécifique. L’urgence est l’identification des PPPE dans Parcoursup début décembre.
Le Sgen-CFDT accueille avec beaucoup de réserves cette nouvelle licence.
Autant il est important de s’intéresser au parcours des futurs enseignantes et enseignants du premier degré avant le master, autant la forme que risque de prendre ces futurs PPPE ne nous satisfait pas. Pourquoi créer une autre formation plutôt que de développer et élargir les dispositifs qui permettent déjà une préparation vers les masters Meef comme les modules de préprofessionnalisation, les licences de sciences de l’éducation ou encore les licences pluridisciplinaires ?
Une entorse au principe d’universitarisation de la formation
Pour le Sgen-CFDT un ancrage universitaire et un adossement à la recherche est plus que jamais nécessaire.
Dans ce projet de PPPE, le Sgen-CFDT voit une entorse au principe d’universitarisation de la formation des enseignant.es pour les futurs professeur.es des écoles avec un risque de décrochage entre le premier degré et le second degré. Au 21e siècle, dans une société apprenante, la montée en charge des connaissances et des compétences indispensables aux futurs professeurs et CPE dans l’exercice de leur métier nécessite plus que jamais un ancrage universitaire et un adossement à la recherche pour bénéficier des derniers acquis de celle-ci et bénéficier d’une formation diplômante.
Parcours préparatoire au professorat des écoles : un projet inapplicable
De plus, ce projet de PPPE, tel qu’il est défini, est concrètement inapplicable et ne peut que favoriser une dissociation forte entre les équipes pédagogiques du lycée et de l’université, qui sera nuisible à la formation des étudiant·es.
L’articulation des enseignements entre l’université et le lycée telle qu’elle est proposée est quasi impossible à mettre en œuvre dans le cadre d’un parcours de licence.
Quelle formation pourra intégrer en L1 75 % d’enseignements prévus en lycée tout en garantissant suffisamment d’enseignements universitaires pour amener l’étudiant au niveau requis en L3 ? Quelle progressivité des contenus construire à l’université pour les étudiant·es de ce PPPE qui, en L1 et en L2, n’auront reçu que 25 % puis 50 % des enseignements de la licence de rattachement ?
On prive ces étudiant·es de cours à l’université utiles à la réussite de leur parcours dans l’enseignement supérieur pour leur imposer des cours redondants à leur formation en lycée. Les équipes pédagogiques identifiées ne sont pas constituées pour permettre un travail collaboratif entre les enseignements portés par l’enseignement scolaire et ceux portés par l’enseignement supérieur. Il y a une véritable scission entre les deux terrains de formation. De plus, il n’est fait aucune référence aux Inspé et aux formateurs et formatrices qui travaillent dans le master MEEF.
Enfin, le Sgen-CFDT ne voit pas en quoi ce nouveau projet répond à la reconstitution d’un vivier d’étudiant·es issu·es de milieux modestes, à la revalorisation de la formation initiale des enseignant·es du premier degré et plus globalement à la problématique de l’attractivité des métiers de l’éducation et de la formation dans notre pays.
Ce dispositif atteste, une fois de plus, de la reprise en main du ministère de l’Éducation nationale sur la formation des enseignant·es. Ce « projet » déjà très abouti à la même coloration que les « classes préparatoires au professorat des écoles » qui figuraient dans la première version de la lettre de mission de Mark Sherringham en mars dernier et pour lesquelles le Sgen-CFDT avait déjà exprimé son refus. Présenté au CNESER du mardi 20 octobre, le projet de PPPE a été rejeté par toutes les organisations syndicales.