PPPE : un premier rapport de l’inspection générale recommande déjà d’améliorer le dispositif un an seulement après sa mise en place. Analyse du Sgen-CFDT.
Vingt-cinq PPPE ont ouvert à la rentrée 2021 et 23 nouveaux parcours ouvriront à la rentrée 2022. Le Sgen-CFDT n’avait pas soutenu le projet de créer un nouveau parcours de licence fortement connoté « CPGE » (classe préparatoire aux grandes écoles).
Nous avions plutôt défendu l’idée de renforcer les modules de pré-professionnalisation de plus en plus présents dans différentes licences et de réhabiliter plus particulièrement les licences « pluridisciplinaires » ou en « Sciences de l’éducation ». Cela aurait touché un public plus important et cela aurait aussi évité des démissions d’étudiants, ce que pointe le rapport, parce que la nature du travail demandé n’est pas toujours en adéquation avec le projet des étudiants.
Démission d’étudiants : la nature du travail demandé n’est pas toujours en adéquation avec le projet des étudiants.
Qu’est-ce que le PPPE ?
Pour rappel, le PPPE est un parcours de licence qui s’organise sur une alternance lycée/université avec une universitarisation progressive (25 % en L1, 50 % en L2 et 75 % en L3). Il conduit à la délivrance d’une licence dans la majeure disciplinaire de référence qui porte le parcours, avec une orientation privilégiée vers le master métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) mention 1er degré, mais aussi des alternatives possibles avec les débouchés usuels de la licence à laquelle est adossé le parcours. L’objectif du PPPE affiché par le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports (MENJS) est de répondre à la grave crise d’attractivité du métier de professeur des écoles.
Onze recommandations
Dans son rapport publié le 18.03.2022, l’Inspection générale de l’Éducation nationale, du Sport et de la Recherche (IGESR) préconise onze recommandations pour améliorer le dispositif. On peut relever la mise en place de « comités de pilotages académiques » pour renforcer le partenariat entre le rectorat et l’université, une répartition du volume de formation sur un temps plus long (28 semaines et non plus 21 semaines), une réorganisation des trois semaines de stage et de l’aide individualisée.
Il y a grandement besoin d’une cartographie des différents parcours de formation de licence préparant spécifiquement au métier de professeur des écoles.
Plus significatif, le rapport note que le PPPE, sur certains territoires, entre directement en concurrence avec d’autres formations déjà existantes. Alors que l’objectif initial du MENJS était, dans un premier temps, d’ouvrir un PPPE par académie, voire par région académique, la mission préconise d’établir une cartographie des différents parcours de formation de licence préparant spécifiquement au métier de professeur des écoles et de privilégier les académies aux besoins élevés pour le renforcement des PPPE.
Inquiétudes et interrogations
Sûrement l’élément le plus « politique » du rapport, la mission relève que la licence de rattachement de ce nouveau parcours peut être un facteur d’attractivité plus ou moins fort pour les bacheliers. Ce sont logiquement les PPPE adossés à une licence en sciences de l’éducation, avec plus de 1 300 candidatures en moyenne exprimées sur Parcoursup qui viennent en tête, contre 399 en lettres et 285 en mathématiques.
Le ministère s’est fourvoyé quand il a fait de certaines licences disciplinaires de rattachement la solution miracle au problème de formation des futurs professeurs des écoles.
Les inspecteurs généraux rapportent que des « inquiétudes » se sont exprimées s’agissant plus particulièrement des PPPE adossés aux licences de mathématiques, licences pourtant privilégiées par le MENJ pour attirer vers le professorat des écoles des étudiants au profil plus scientifique. Certains interlocuteurs de la mission ont considéré que la délivrance d’une licence de mathématiques, amputée de moitié pour faire place aux enseignements au lycée, risque de ne pas permettre d’envisager la poursuite d’un autre parcours que le MEEF 1er degré et en particulier ne pas permettre d’envisager une poursuite d’étude en master MEEF 2nd degré en vue de l’obtention du Capes de mathématiques.
En conséquence, certains étudiants s’interrogent sur le niveau d’exigence d’un tel parcours qui, au final, ne permet pas la délivrance de ce qu’ils appellent « une vraie licence de mathématiques ». C’est sans doute pourquoi le rapport préconise de changer de licence support du PPPE, si des PPPE restent trop peu attractifs pendant deux années consécutives (moins de 250 candidates et candidats).
Le Sgen-CFDT continue à dire que l’instauration de ce PPPE, trop récent pour dire s’il sera ou non efficace, n’était absolument pas nécessaire.
Une chose est sûre : la place qu’occuperont les instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé) dans les différents niveaux de formation, que ce soit en licence ou en master, sera déterminante pour la construction d’un véritable continuum de formation. Il faudra pour cela que les deux ministères de tutelle (MENJS et MESRI) leur fassent pleinement confiance.
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