Le calendrier de l’année scolaire de terminale n’est toujours pas défini après une année d’atermoiements.
Aucune décision définitive n’est en particulier prise pour rendre possible ce qui devait constituer un changement fort du nouveau bac : prendre en compte les résultats aux épreuves terminales des spécialités pour l’orientation post-bac des élèves (et donc les intégrer dans Parcoursup).
Des hésitations qui perdurent sur la période de passation des Spécialités
Pour entrer dans Parcoursup il faudrait que ces épreuves de spécialités soient passées, mais aussi corrigées et harmonisées à la fin mars. C’est pour l’instant impossible vu le calendrier annoncé avec des épreuves prévues en mai 2021. Cette incohérence est pointée depuis le début par le Sgen-CFDT.
Le ministère travaille actuellement sur un scénario où les spécialités seraient passées en mars, et la dernière période d’épreuves de contrôle continu (E3C) repoussée en juin, sans pour autant écarter un scénario alternatif avec toutes les épreuves de terminale en juin.
Ce flou démontre l’indécision politique à arbitrer entre :
- des objectifs annoncés : « remuscler » le bac et faire en sorte qu’il compte dans l’orientation des élèves
- et des préoccupations administratives : « tenir » les élèves avec des notes et des épreuves terminales jusque fin juin.
L’objectif de mieux préparer au supérieur se résume pour l’instant à des nouveaux programmes ambitieux, voire irréalistes. L’apprentissage au choix, à l’autonomie, la simplification attendue corrélée avec une baisse du stress des élèves ont été pour leur part complètement laissés de coté.
A chaque scénario ses problématiques
Dans l’état actuel, aucun des scénarios envisagés n’est satisfaisant, ni pour les personnels, ni pour les élèves :
- soit parce que le dernier trimestre serait entièrement consacré à préparer des épreuves de bac,
- soit parce que finalement rien ne changera fondamentalement par apport à aujourd’hui avec des épreuves à peine moins nombreuses concentrées en fin d’année : 4 épreuves terminales + 4 épreuves d’E3C + le dernier CCF d’EPS dessinent un paysage assez proche du bac actuel avec sa semaine d’épreuves.
Cette situation valide a posteriori l’analyse du Sgen-CFDT au moment du rapport Mathiot : les épreuves écrites formalisées et formatées du bac sont inutiles parce qu’elles ne disent rien du parcours de l’élève au moment de l’orientation post-bac. Finalement, il suffirait d’un oral de fin de scolarité ritualisé montrant la réflexion sur son parcours, à condition qu’il ne soit ni disciplinaire ni rhétorique. L’épreuve terminale d’oral aura-t-elle au moins cette fonction de recul et de « passage » entre le bac-3 et le bac +3 ? C’est ce que devrait préciser la mise en œuvre du rapport de Cyril Delhay remis le 18 juin au ministre.
Sortir de l’impasse et inverser l’ordre des épreuves pour miser sur le continuum bac-3/bac+3…
L’enjeu qui reste crucial de cette réforme mal engagée est de permettre aux élèves d’obtenir un bac général « coloré » par ses spécialités et non un bac qui enferme par spécialités. Celles-ci doivent constituer des « visas » sur le « passeport » bac (1er grade universitaire) et donner un signal sur les appétences et compétences de l’élève sans formater un parcours.
Pour cela, il est nécessaire que les épreuves terminales de spécialités soient prises en compte dans Parcoursup. Ces spécialités éclaireraient le parcours de l’élève et ne pourraient que favoriser des élèves « moyens » qui auraient l’occasion de prouver sur une épreuve terminale leur maturité et leur maitrise finale de compétences par ailleurs travaillées et évaluées en cours d’apprentissage. Les E3C pour conserver leur caractère « en cours de formation » pourraient, elles, être placées plus tôt (fin janvier) de façon concomitante avec l’E3C1 de la classe de première.
… et parier sur l’intelligence collective et la confiance aux équipes
Les séances de spécialités après ces épreuves terminales pourraient alors être consacrées à la préparation de l’épreuve orale qui doit reposer sur les contenus et compétences acquises dans au moins l’une des spécialités (mais éventuellement les 2), à partir de la réalisation d’un projet qui valoriserait l’autonomie de l’élève. Peut-on organiser un dernier trimestre souple et adapté aux besoins de l’élève ? Les séances de spécialités peuvent-elles être réorganisées en groupes de besoins pour préparer l’oral ? Peut-on s’appuyer sur la maturité d’élèves qui sont à quelques mois de s’engager dans le supérieur et utiliser ce trimestre comme un tremplin vers le supérieur ?
Pour le Sgen-CFDT la réforme du bac n’a de justification que si elle améliore la situation actuelle.
La première étape est de clarifier la situation du calendrier :
- pour les élèves afin qu’ils puissent se projeter dans un parcours,
- pour les personnels afin de sécuriser et d’apaiser la rentrée prochaine.