Le 15 mars 2022, un groupe de travail du CNEA (Conseil national de l’enseignement agricole) s'est penché sur le bilan de la mise en œuvre de la pluridisciplinarité en STAV depuis sa rénovation. Le Sgen-CFDT était représenté par Marie-Pierre DEFONTAINE, Sylvie HARLET, JF LE CLANCHE.
Bilan plutôt positif
L’inspection de l’Enseignement Agricole (IEA) est intervenue pour présenter les résultats de son rapport intitulé « Analyse de la mise en œuvre de la pluridisciplinarité et de l’accompagnement à l’épreuve orale terminale dans le baccalauréat technologique rénové « .
On note comme principales conclusions :
- une adhésion assez forte des équipes malgré une mise en œuvre hétérogène,
- un sentiment de continuité,
- et pour une part importante une confirmation de pratiques déjà mises en œuvre.
L’absence de fléchage disciplinaire a localement crée des tensions au départ mais au final, l’occasion de se questionner en équipe et de profiter des compétences transversales de chacun.e a souvent été saisie. Pour l’inspection, il faut envisager cette « pluri non affectée » plutôt comme une pluri « affectée à tous ».
De son coté, le Sgen-CFDT a conduit au sein de son réseau une enquête. Il ressort les points saillants suivants :
Des séances qui demandent du temps de préparation
La majorité des équipes « STAV » s’impliquent dans la construction d’une démarche pédagogique commune combinant phases d’apports disciplinaires et pluridisciplinaires. Le référentiel laisse une large autonomie leur permettant de construire un déroulement pédagogique adapté :
- au contexte professionnel ou territorial,
- aux enjeux,
- et aux élèves.
Les équipes ont intégré la réforme. Elle leur a permis « de se poser » pour restructurer les objectifs de leurs séances.
Pour le Sgen-CFDT, les directions des EPL doivent donner les moyens aux enseignant.es non seulement pour faire cette préparation mais également pour dresser un bilan.
Des thèmes de pluridisciplinarité bien trouvés
Avant la réforme, les thèmes de pluridisciplinarité étaient liés plus étroitement aux modules correspondants. Ceci ne permettait pas une vision et une organisation globale des projets pédagogiques par thème.
Avec la rénovation, les thèmes proposés sont plutôt pertinents. Ils proposent des espaces d’investigation en connexion avec les disciplines, les modules et une assez grande liberté. Le thème laissé à l’initiative de l’équipe pédagogique est apprécié. Le fait d’être libre dans un cadre « borné » est sécurisant.
Désormais, la diversité des thèmes abordés permet d’affiner les projets d’orientation des élèves et le choix des stages. Les enseignant.es se retrouvent dans le montage « pluri », qui taille la part belle à la technique. Cette nouvelle organisation met plus en avant les disciplines techniques (agro et zoo) sur des thématiques du S3 et du S4 et donne enfin « un vrai espace » pour sortir avec des élèves de la spécialité « production » qui étaient jusque-là trop cantonnés « entre les murs ».
Pour le Sgen-CFDT, le fait de proposer des thèmes ouverts permet aux équipes de mettre en œuvre des projets intéressants tout en bénéficiant d’un cadre sécurisant car borné.
Quand l’évaluation va…
La pluralité des thèmes en lien avec les modules de spécialité S1, S2 et S3 permet de bien préparer les épreuves terminales de synthèse.
Le thème 8 au choix permet d’aborder un thème spécifique à l’établissement. Maintenant, il est possible d’organiser (à l’année) un projet complet par thème. Ceci permet de mettre en œuvre une démarche de pluri plus cohérente finalisée par une restitution orale ou écrite permettant de préparer les EPT. La diversité des thèmes permet de préparer le grand oral.
La préparation des EPT S1 et S4 et du grand Oral demande souvent plus d’heures que prévu. D’autre part les dédoublements liés aux spécialités, pour traiter le thème 2 « choix technique », absorbe également du volume horaire.
La tenue des épreuves blanches S1 et S4 montre qu’au-delà des disciplines respectives concernées et de leurs apports didactiques indépendants les unes des autres, un temps de mise en commun au regard de « sujet zéro ou d’annales » est indispensable. Ce temps devrait être pris sur le volume de pluri.
Pour le Sgen-CFDT, les thèmes et l’architecture retenue conviennent. Les évaluations se font correctement. La DGER a raison de faire confiance aux équipes. Les enseignant.es comme les élèves s’y retrouvent. Par contre, il faut débloquer plus de moyens pour permettre aux équipes d’avoir le temps nécessaire de bien évaluer leurs élèves.
L’allocation des heures, un point noir
L’allocation du nombre d’heures pose problème dans certains établissements pour réaliser les séquences pluri. Ce fait n’est pas nouveau et ne concerne pas que le STAV. Localement et en fonction des EPLEFPA, la DGH attribuée ne permet de mobiliser que 2 disciplines quand on pourrait pour certains thèmes en mobiliser plus (du ressort du bénévolat pour ceux qui veulent aller au bout de la démarche).
Par manque de DGH, il est difficile d’allouer :
- à chaque thème le nombre d’heures réel qu’il devrait avoir,
- des plages différenciées au fil des mois (par exemple on pourrait imaginer que pour tel thème il vaille mieux des plages de 3-4 h pour permettre des visites ou des activités de labo quand pour d’autres des plages de 2h sont plus pertinentes).
Pour le Sgen-CFDT, la question des moyens est un « facteur limitant ». C’est dommage car les bonnes volontés et les initiatives peuvent être bridées. Le volume horaire global va par endroit, ne va pas à d’autres, il y a hétérogénéité des situations.
Ce que porte le Sgen-CFDT
Pour le Sgen-CFDT, la pluridisciplinarité est une pratique pertinente qui à toute sa place en STAV (et ailleurs). L’agroécologie, les questions socialement vives, la problématisation (où l’approche problématisée) sont des enjeux dans la mise en œuvre de la pluridisciplinarité. Il faut en priorité former les équipes d’enseignant.es, que ce soit en formation initiale comme en formation continue. La pluridisciplinarité est une pratique qui ne va pas toujours de soi, même si elle date dans l’enseignement agricole. Il faut aussi :
- accompagner les D2 et les équipes de direction à la gestion de la mise en œuvre de la pluridisciplinarité,
- mobiliser le DNA (Dispositif national d’appui) sur ces enjeux,
- suivre les équipes en difficulté exprimant un besoin d’accompagnement.
La pluridisciplinarité n’est pas une variable d’ajustement. Parfois, on constate que l’affectation des heures de pluridisciplinarité (STAV et autres cycles de formation) ne suit pas forcément la logique du référentiel mais plus une logique d’optimisation des affectations des moyens, de la DGH, afin de préserver un poste ou de compléter un service (etc.). Cette pratique doit cesser. Elle est délétère, discrédite la mise en œuvre de la pluridisciplinarité et démobilise les équipes. Elle est le révélateur d’un manque de moyens, de DGH dans certains établissements. Enfin, pour le Sgen-CFDT, le fléchage par discipline d’heures pluri est une très mauvaise solution.
Il faut plus de DGH et de moyens et ce n’est pas en verrouillant les référentiels qu’on va résoudre ce problème.