Les inspecteurs et les personnels de direction du Sgen-CFDT semblent être les seuls cadres pédagogiques en colère et dépités face à la politique d'un autre âge qu'impose jean-Michel Blanquer.
Les cadres pédagogiques du Sgen-CFDT, inspecteurs et les personnels de direction, se démarquent des amicales catégorielles qui ne s’expriment que pour la défense de leurs seuls intérêts.
Les prises de position et les votes en Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) depuis l’arrivée d’un nouveau ministre ont clairement mis en évidence de très forts clivages syndicaux et des dissensions surprenantes au sein de certaines fédérations.
Une communication surprenante
Le ministre l’Éducation Nationale a fait le choix de s’exprimer de façon quasi-quotidienne dans les médias pour annoncer les mesures qu’il décidait, sans concertation (sinon en accord avec un syndicat de personnels de direction), de mettre en œuvre pour l’école.
Monsieur le ministre parle à l’opinion publique en invoquant la science et oublie l’expertise de ses cadres pédagogiques. Si les chefs d’établissements sont souvent cités, notamment quand il s’agit de promouvoir une autonomie mal définie des EPLE, les inspecteurs ont totalement disparu de sa politique.
La démission du président du Conseil Supérieur des programmes, les prises de positions critiques des chercheurs (il existe d’autres chercheurs qu’en sciences cognitives), des sociologues, des pédagogues ( caricaturés sous le vocable de »pédagogistes »), du CNESCO, de l’OCDE et même de l’inspection générale, ne sont pas anodins. La politique menée est clairement une politique de régression sur les évolutions nécessaires qui avaient commencé à s’engager.
Six mois de mesures dénoncées par les cadres pédagogiques du Sgen-CFDT
Rythmes scolaires
Contre l’avis de toutes les recherches et de son inspection générale, le ministre a décidé de permettre le retour de la semaine de 4 jours. Retour salué par certains pour l’intérêt des personnels pas des enfants.
Jean-Michel Blanquer annonce maintenant le lancement d’une concertation sur « le temps et l’espace de l’enfant et de l’adolescent au 21e siècle » qui va durer plusieurs mois. L’objectif annoncé est de produire un consensus scientifique et sociétal… celui là même qui avait été construit en 2011.
CP à 12 en REP
Une mesure en soi intéressante qui demandait à être expérimentée sans détricoter le dispositif innovant Plus De Maitres Que De Classes et d’assécher les moyens de remplacement.
Emplois aidés
La disparition d’emplois aidés décidés brutalement à la rentrée scolaire a mis en difficulté tous les établissements qui en bénéficiaient ainsi que les personnes concernées qui ont repris le chemin de Pôle Emploi. Les premières victimes de la disparition des contrats aidés sont les élèves en situation de handicap qui bénéficiaient d’AVS, notamment ceux qui étaient en CUI.
Allégement de la réforme du collège
Une volonté de détricoter une réforme dans laquelle les inspecteurs et les chefs d’établissement s’étaient engagés ensemble pour faire évoluer les pratiques des enseignants. Un retour auquel le Sgen-CFDT s’est opposé au Conseil Supérieur de l’Éducation pendant qu’un syndicat de personnels de direction votait en sa faveur.
Devoirs faits
Une décision qui ne serait pas illégitime si elle n’avait pas oublié l’accompagnement éducatif qui existait déjà, qui ne concernait pas que les élèves volontaires et qui surtout ne contournait pas la question de sens : pourquoi du travail en dehors de la classe au collège?
DNB
Lors des discussions et des échanges avec le ministère, le Sgen-CFDT est le seul syndicat qui se soit clairement positionné pour la disparition d’un DNB incohérent avec le socle de connaissances et de compétences.
Téléphones portables
Le Sgen-CFDT s’est opposé à une interdiction qui ne respecterait pas l’autonomie des établissements et mettrait les équipes de direction en difficulté. Le Code de l’éducation (article L 511-5) réglemente déjà l’utilisation des téléphones portables à l’école et au collège.
Le Sgen-CFDT s’est positionné pour un usage raisonné des outils de communication au collège. Savoir se servir de son téléphone, de sa tablette de façon intelligente cela s’apprend et les établissements doivent le prendre en charge (certains le font déjà).
Plan étudiant
Des avancées à noter dans les propositions du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation : une prise en compte de la diversité des bacheliers à l’entrée à l’université, la définition d’attendus (Imparfaits à ce jour et non définis entre l’enseignement supérieur et scolaire dans le cadre du continuum bac+3 bac-3) et un plan social étudiant qui est une véritable avancée.
Par contre un déni des efforts que faisaient déjà les personnels de direction et les professeurs des lycées pour accompagner les élèves dans leurs choix d’orientation et des mesures contestables :
- La nomination d’un 2nd professeur principal en terminale qui met les proviseurs en difficulté.
- Des semaines de l’orientation à mettre en place dans la précipitation.
- Des ambassadeurs étudiants déjà oubliés.
- Une fiche dialogue pour le 1er trimestre ridicule
- Un rôle renforcé du conseil de classe dont l’avis ne sera pris en compte que si l’établissement d’enseignement supérieur le souhaite.
- Une « fiche Avenir » associée à chaque vœu qui s’appuie sur les notes et le classement de l’élève au lieu des compétences du livret scolaire.
Sans oublier la pression des rectorats sur les établissements pour qu’ils se conforment aux annonces ministérielles.
PPCR et évaluation des agents
En dehors du report d’un an de l’évolution des grilles indiciaires, l’évolution de l’évaluation des agents dans le cadre des rendez-vous de carrière ne semble pas avoir intéressé le ministre. Les inspecteurs du 1er et du 2nd degré se perdent dans des contingences procédurales qui oublient la mesure essentielle : l’accompagnement des personnels et l’évolution des pratiques.
Le retour du redoublement
Le Sgen-CFDT est le seul syndicat qui s’est opposé catégoriquement à ce retour sur un passé qui nous semblait révolu. Redonner du pouvoir aux enseignants, ce n’est pas leur donner le pouvoir de redoubler, c’est leur donner le pouvoir de prendre en compte les besoins de leurs élèves. Deux syndicats catégoriels, de personnels de direction et d’inspecteurs, ont associés leurs voix à celles du SNALC pour soutenir les propositions du ministre.
Chorale
La chorale permet de développer des vertus éducatives indéniables et le Sgen-CFDT se félicite des mesures annoncées par les ministres de la culture et de l’Éducation nationale le 11 décembre 2017. Notons cependant qu’il s’agit de généraliser une pratique promue par le ministère de l’Éducation nationale par une circulaire du 13/12/2016. Il était déjà fait de la chorale « un enseignement facultatif proposé en complément de l’enseignement obligatoire d’éducation musicale » qui accueillait »tous les élèves qui le souhaitent ». La chorale pouvait déjà faire l’objet d’une évaluation lors du brevet « dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires ».
Bonne et heureuse année 2018…