Pour le Sgen-CFDT, le gouvernement ferait mieux de renoncer à la généralisation du SNU afin de reprendre le sujet à l’endroit : celui de l’élaboration et de la conduite de politiques éducatives et de jeunesse cohérentes et financées en respectant les acteurs qui les mettent en œuvre auprès des jeunes.
Depuis maintenant de nombreux mois, plusieurs scénarios différents de généralisation, de transformation du SNU sont élaborés par le gouvernement, discutés aussi dans le cadre du COJ (Conseil d’orientation des politiques de jeunesse).
Les propositions du COJ élaborées par les organisations de jeunesse, d’éducation populaires et les organisations syndicales semblent totalement ignorées par le gouvernement. Finalement chacune des hypothèses comporte des angles morts, des contradictions et aucune n’est tenable sur le plan organisationnel et budgétaire.
Les raisons de rejeter le SNU et sa généralisation pour le Sgen-CFDT
Pour le Sgen-CFDT, il y a plusieurs raisons de fond pour lesquelles le SNU, quelle que soit l’organisation sur laquelle le gouvernement travaille, continue de poser problème :
Une vision de la jeunesse qui interroge
Les jeunes seraient les seuls à ne pas avoir bien intégré les valeurs de la République, à avoir du mal à être résilients face aux crises ? Ce n’est pas ce que les éducateurs que sont les personnels de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de la Jeunesse et des sports constatent.
Une dépense budgétaire exorbitante qui serait mieux employée pour des politiques éducatives et de jeunesse pensées de manière cohérentes
Une dépense telle qu’elle risque d’avoir un effet d’éviction sur d’autres politiques publiques nécessaires pour la jeunesse, à commencer par la lutte contre la précarité étudiante.
Des dépistages, oui mais avec quelle garantie de suivi ?
Depuis les toutes premières discussions sur le SNU, que ce soit avec le gouvernement ou avec des parlementaires, le Sgen-CFDT a souligné à quel point les dépistages prévus pendant le SNU devaient déboucher sur la garantie de l’accès aux soins, aux formations, aux droits associés aux difficultés, pathologies éventuellement détectées.
Nous n’avons jamais eu le début du commencement d’une réponse à cette question. Le gouvernement imagine-t-il pouvoir laisser ensuite les jeunes face aux inégalités criantes d’accès aux soins, à d’éventuels reste-à-charge importants ? Ce n’est ni sérieux, ni responsable, ni respectueux.
Le SNU repose sur des illusions sur la mixité sociale
15 jours en internat ne suffiront jamais à défaire les stéréotypes, les préjugés, ils pourraient même contribuer à les renforcer. C’est en tous cas ce que concluent des travaux de recherche en sciences sociales. L’exécutif devrait plutôt mettre son énergie dans une politique de mixité sociale à l’école, dans la réduction des inégalités dans toutes les sphères de vie.
Dans certains scenarii (mais lequel sera retenu ?), la dimension militaire du SNU pourrait reculer. Jusqu’à présent ce sont pourtant les codes des corps en uniforme qui sont la marque du SNU. Ce modèle qui semble plaire aux jeunes volontaires du SNU n’est pas généralisable à toute une classe d’âge.
Jusqu’à présent le SNU est lié à une obligation d’engagement. La contradiction même des termes ne fait pas sens. Le Sgen-CFDT a toujours contesté cette vision de l’engagement des jeunes. Par ailleurs, la pratique montre que les “séjours de cohésion” effectués loin du lieu de vie, et donc des acteurs auprès desquels les jeunes pourraient vouloir effectuer la mission d’intérêt général, ne facilitent pas l’engagement.
Pour le Sgen-CFDT, le SNU n’est pas un dispositif pertinent, ce n’est ni une politique de jeunesse, ni une politique de cohésion, ni une politique d’engagement.
Le devenir et la généralisation du SNU ou l’arlésienne du gouvernement
Depuis des mois, des scénarii différents de généralisation du SNU ont été présentés, ont fuité. Mais jamais on ne sait quelle décision est réellement prise.
Le travail et la réflexion conduits par le COJ et donc avec les organisations syndicales, les organisations de jeunesse et les organisations d’éducation populaire semble tout simplement écarté par le gouvernement. La décision sera donc unilatérale et niant les acteurs mêmes de l’engagement et de la cohésion sociale.