Le projet de réforme de l'évaluation des personnels d'enseignement, d'éducation et d'orientation en cours de négociation depuis juin 2016 est différent de celui qui avait été rejeté en 2011. Nous vous proposons un comparatif.
Dans le cadre du protocole PPCR, une nouvelle architecture d’évaluation des personnels enseignant se dessine. Celle-ci fait l’objet de discussions entre Ministère et syndicats.
Deux d’entre eux, non signataires de l’accord PPCR, diffusent des rumeurs à son propos, sans doute dans le but de disqualifier le processus et surtout de générer angoisse et craintes chez les collègues.
Ces syndicats ne veulent pas d’évolution dans l’évaluation des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation, sans doute parce qu’ils considèrent que le système actuel d’évaluation est satisfaisant.
Pour le Sgen-CFDT, le système actuel n’est pas satisfaisant, il est nécessaire d’en changer. Pour évaluer la teneur des propositions actuelles, qui nous paraissent aller dans le bon sens, il faut éviter les caricatures, les déformations mensongères.
Or pour inciter les personnels à rejeter la réforme de l’évaluation, un des moyens utilisés par ses détracteurs est de l’assimiler à celle élaborée en 2011 par le Ministère Chatel… que le Sgen-CFDT avait rejetée.
Pourtant, la réforme 2016 est radicalement différente de celle proposée en 2011 :
Propositions Chatel en 2011 | Projet de réforme 2016 | |
Qui évalue ? |
Chef d’établissement uniquement dans le second degré ou IEN dans le premier degré |
Inspecteur puis entretien avec le chef d’établissement : double regard dans le second degré ou IEN dans le premier degré |
Sur quels critères ? |
4 critères : savoir faire progresser les élèves, savoir faire progresser les compétences, savoir faire progresser le travail en équipe, savoir faire progresser le climat scolaire |
Des critères issus du référentiel métier de 2013, évalués non pas en termes de résultats mais de mise en œuvre, par les corps d’inspection et de direction dans le second degré selon leur compétence et leur expertise. Pour prendre connaissance de la grille, retrouvez des ressource à la fin de cet article. |
A quel rythme ? |
Tous les 3 ans |
Au 6ème, 8ème échelon et après 2 ans dans le 9ème échelon |
Avec quel impact sur la promotion d’échelon ? |
Réduction d’ancienneté proposée par le chef d’établissement ou IEN (1D) : 2, 3 ou 5 mois par an Maintien des 3 rythmes d’avancement |
Accélération d’1 an dans le 6ème échelon Accélération d’1 an dans le 8ème échelon Rythme unique pour les autres échelons sans évaluation |
Avec quel impact sur la promotion à la hors-classe ? | Fort
L’avis hiérarchique avait un poids important dans le barème |
Faible Barème après rendez-vous de carrière mais accès garanti à toutes et tous à terme, faible influence de l’avis hiérarchique et forte influence de l’ancienneté |
Classe exceptionnelle |
Non prévue |
Accès fonctionnel lié à 8 ans d’exercices de fonctions particulières (80% des promotions), accès au titre du parcours professionnel et de l’engagement professionnel tout au long de la carrière (20 % des promotions) |
Grilles de rémunération |
Inchangée |
Revue avec conversion d’une partie des primes en points d’indice et création d’un échelon supplémentaire pour la hors classe |
Le modèle d’évaluation proposé en 2017 repose sur un double regard et a un impact très limité sur la promotion (2 ans d’accélération sur 26 ans de carrière) alors que la réforme Chatel maintenait la connexion évaluation / promotion et surtout les 3 rythmes de progression d’échelon. Le différentiel sur toute une carrière pouvait atteindre 10 ans sur une carrière.
La réforme proposée en 2011 consacrait une évaluation sommative descendante ayant un fort impact sur le déroulement de carrière. La réforme proposée aujourd’hui réduit la connexion entre évaluation professionnelle et carrière. Elle instaure une logique d’accompagnement professionnel qui correspond à une évaluation déconnectée de la carrière qui vise à permettre à chacun·e d’évoluer et de progresser dans ses pratiques professionnelles sans rester seul·e face à ses questionnements, ses réflexions professionnelles.
Affirmer sans sourciller que 2017 est la répétition de 2011 relève donc d’un mensonge à l’état brut.