Depuis de nombreux mois déjà la médecine scolaire est questionnée. Le projet de loi dit “4D” porté par Mme Gourault, Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales propose de trancher avec une décentralisation.
Décentralisation de la médecine scolaire vers les Départements…
Les Départements auraient la charge de la médecine scolaire. Les médecins scolaires seraient transférés à ces collectivités territoriales. Interrogé par le Sgen-CFDT, le ministère affirme par contre porter la position d’infirmiers et infirmières scolaires fonctionnaires d’État et affectés dans les établissements scolaires de l’EN, restant donc agents du MEN (On pourrait d’ailleurs s’interroger sur la manière dont les ministres portent leurs projets de manière concertées).
Le Sgen-CFDT s’oppose à une telle hypothèse qui est proposée sans réelle concertation avec les principaux intéressés et ne se recentre pas sur les missions spécifiques portées par l’ensemble des personnels acteurs de la médecine scolaire.
En ce qui concerne les médecins, cette décentralisation qui prévoit leur transfert aux Départements, laisse trop entrevoir qu’ils iront grossir les rangs d’une médecine de PMI déjà bien mise à mal dans certains endroits, sans que cela ne vienne améliorer le service attendu pour l’Éducation Nationale.
Médecine scolaire : Des conditions de travail dégradées
Les conditions de travail se sont dégradées ses dernières années en particulier pour les médecins dont le nombre ne cesse de baisser. Car les recrutements ne se font plus. Actuellement on dénombre plus de 521 postes laissés vacants et offerts à la mutation sur 1200. Si cette problématique n’est pas propre à l’Éducation Nationale, la situation est criante du fait d’un niveau de rémunération trop bas, et d’une dévalorisation du métier. La Cour des comptes elle-même recommande une revalorisation des médecins de l’E.N.
La charge de travail accrue par la gestion de la crise Covid est venue accentuer les difficultés rencontrées par l’ensemble des personnels.
Des débats qu’il faut poursuivre…
La question du pilotage de la médecine scolaire et du lien entre les différents services de médecine qui interviennent localement auprès des élèves et de leur famille (PMI, MDPH…) est au cœur des débats.
Mais pour le Sgen-CFDT, cela doit d’abord passer par une meilleure identification des missions spécifiques à l’Éducation Nationale et de toutes les compétences associées qu’ont développé les personnels.
Dans les tâches qu’accomplissent aujourd’hui les professionnels de santé au sein des écoles et des EPLE, certaines ne sont pas spécifiques et pourraient peut-être relever d’acteurs indépendants de l’Éducation nationale. C’est le cas, par exemple, des contrôles des ateliers dans les lycées professionnels.
D’autres sont très spécifiques et doivent rester reconnues, pilotées comme telles en articulation avec les autres acteurs de l’Éducation Nationales que sont les personnels d’enseignements, d’éducation et de direction des établissements.
Car les personnels de la médecine scolaire par leur expertise contribuent à l’épanouissement des enfants et des adolescents scolarisés, à leur réussite scolaire, aux diagnostics et à l’adaptation des besoins éducatifs particuliers.
La nécessité de travailler en collectif professionnel
Pour le Sgen-CFDT, les collectifs de travail sont au cœur de toutes les missions à porter auprès des élèves. La prise en charge collective des élèves, dans une organisation collaborative du travail, par les médecins, les infirmier·e·s, les psychologues et les assistant·e·s sociaux doit être portée et organisée. Cette dimension a d’ailleurs été récemment accentué par un amendement au code de l’éducation.
Pas sans moyen…
Quelles que soit les décisions qui seront prises et qui visent à réorganiser les acteurs, il ne faudrait pas croire qu’on fera mieux à moyens constants. Cette décentralisation, en particulier, ne permettrait pas une amélioration du service attendu. La médecine scolaire doit être considérée à sa juste valeur, à ce qu’elle permet au système éducatif, à sa pleine contribution. Cela nécessite des moyens à la hauteur. La loi de programmation pour l’école, tant attendu doit y consacrer une part pleine et entière.