Le rôle du chef d'établissement connait une importante évolution dans la version finale du protocole de rendez-vous de carrière. Le chef d'établissement gagne en légitimité pour évaluer les enseignants aux côtés des inspecteurs.
Une évolution portée par les propositions de la CFDT
Dès le début des négociations, la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques (ex Sgen-CFDT) s’est positionnée pour la suppression de la note des personnels et a proposé, pour l’évaluation des enseignants, une évolution du rôle du chef d’établissement : une évaluation sur la base d’un double regard qui s’appuie sur l’auto-évaluation ou le bilan professionnel effectué par l’enseignant.
Le projet du ministère reprend en grande partie les propositions de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques.
Suppression de la note administrative au profit d’entretiens
Dès cette année scolaire, la note administrative disparait et les Chefs d’Établissements n’auront plus à se livrer à cette corvée inutile qui les obligeait chaque année à augmenter mécaniquement une note qui s’appuyait sur des critères obsolètes.
Les enseignants et les CPE seront reçus en entretien par le chef d’établissement, notamment à l’occasion des rendez-vous de carrière.
La préparation du rendez-vous de carrière de l’enseignant
Le bilan professionnel, c’est-à-dire la préparation du rendez-vous de carrière, n’est pas rendu obligatoire. On peut le regretter. Cependant, le ministère a retenu la formulation suivante : « le guide, comme la notice précitée, comprennent un document de référence à destination des évaluateurs comme des évalués et sur lequel ils s’appuieront pour le rendez-vous de carrière.«
Les rendez-vous de carrière s’appuieront sur un document de référence à destination des évaluateurs et des évalués.
C’est à dire que c’est le seul document de référence préparatoire au rendez-vous de carrière. L’évalué tirera tout bénéfice à s’en servir pour préparer son rendez-vous, le transmettre à son Inspecteur et à son Chef d’Établissement, et permettre ainsi que les deux entretiens qu’il aura débutent à partir de sa réflexion sur l’exercice de son métier.
Ce document de référence a fait l’objet d’un accord entre le ministère, la CFDT, l’UNSA et la FSU.
L’entretien avec le Chef d’Établissement
Il se situe au plus tard 6 semaines après l’inspection en classe suivie d’un entretien avec l’Inspecteur. Rien ne s’oppose à la présence du Chef d’Établissement à l’inspection en classe.
Le Chef d’Établissement prend appui sur le document de référence, s’il lui a été transmis, pour conduire l’entretien et dialoguer avec l’enseignant.
Il sera question désormais d’envisager l’engagement individuel de l’enseignant au service du projet collectif de l’Établissement.
L’évaluation
L’Inspecteur et le Chef d’Établissement ont à évaluer l’enseignant à partir d’une grille d’items issue du référentiel de compétences des métiers du professorat paru au B.O. du 25 juillet 2013. Ils évaluent chacun un certain nombre d’items spécifiques et ont à évaluer ensemble des items communs.
Les appréciations générales de l’Inspecteur et du Chef d’Établissement font l’objet d’un échange préalable.
Le double regard est une évolution majeure de l’évaluation des personnels.
Le Chef d’Établissement, par cette évaluation commune avec l’Inspecteur, est légitimé dans son rôle pédagogique et dans sa mission première de pilote de la politique pédagogique et éducative de l’Établissement.
Les Inspecteurs et les Chefs d’Établissements ont à obtenir l’adhésion et la confiance des évalués pour installer les rendez-vous de carrière dans une culture nouvelle où l’enseignant est responsabilisé et acteur de son évaluation.
Les oppositions syndicales au projet
FO, SUD, la CGT et le SNALC exigent purement et simplement le retrait du projet.
A l’occasion de son congrès (10 au 14/10/2016), FO dont fait partie le syndicat de personnels de direction ID, a déclaré que la réforme de l’évaluation est « injuste et arbitraire ». FO demande le rétablissement de la note car la supprimer serait « accompagner le renforcement de l’autonomie des établissements et la multiplication des indemnités à la tête du client. »
Le SNES-FSU qui avait affirmé que la rédaction d’un bilan professionnel « n’est pas dans la culture des enseignants… » Que « c’est est un travail supplémentaire… Anxiogène et traumatisant… » a néanmoins déclaré en fin de négociation que « l’évaluation sera plus claire ». Il semble donc finalement que les syndicats de la FSU préfèrent les évolutions de l’évaluation au statu-quo.
Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, s’il n’y a pas de réel bilan professionnel ou rapport d’activité, ce qui nous semblait intéressant, le projet de réforme propose néanmoins un document de référence pour les entretiens professionnels. Transformer les modalités d’évaluation est de nature à améliorer les relations entre les différentes catégories de personnels et permet de faire évoluer les pratiques.