Mercredi 25 mai 2022, le Sgen-CFDT a rencontré en audience Pap Ndiaye, nouveau ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Au cours de cet entretien de prise de contact, nous avons porté nos priorités revendicatives pour l’ensemble des personnels.
Un nouveau ministre à l’écoute
Lors de cet entretien d’un peu plus d’une heure, Pap Ndiaye, nouveau ministre de l’Éducation nationale était à l’écoute de nos analyses et revendications. Il a semblé tout à fait conscient de la fatigue professionnelle, à la fois physique et psychique a-t-il dit, des personnels de l’Éducation nationale.
Il a souligné que si la pandémie avait sans doute aggravé la situation, les causes en sont aussi structurelles.
Cette prise en compte d’une réalité sur lequel le Sgen-CFDT alerte depuis plusieurs années est bienvenue, il faut qu’elle débouche sur des actions pour restaurer des conditions d’exercice et une reconnaissance du travail dont les personnels ont besoin.
Le ministre a aussi insisté sur les enjeux de revalorisation salariale et de considération pour redonner de l’attractivité aux métiers de l’éducation.
L’intervention du Sgen-CFDT
Après avoir présenté notre analyse de la grande fragilité du système éducatif, et la fatigue professionnelle manifeste de puis plusieurs années, nous avons présenté les enjeux et revendications qui sont les nôtres en continu.
Pour les personnels, le Sgen-CFDT veut des mesures significatives afin de :
-
restaurer l’attractivité de tous les métiers :
- focus sur les enseignant.e.s au regard des statistiques des concours 2022, et des alertes déjà posées en 2021-2022 sur les remplacements longs non assurés ;
- mais l’enjeu concerne tous les métiers : AESH qui démissionnent et qu’on peine à recruter, manque de médecins scolaires, de personnels sociaux et de santé, enjeux aussi pour les personnels administratifs…
-
revaloriser les carrières, c’est indispensable en termes de pouvoir d’achat et pour l’attractivité :
- amélioration des rémunérations de tous les personnels, et plus encore pour les AESH, AED, agents de catégorie C pour lesquels de nombreux échelons les positionnent au niveau du SMIC et sans évolution de la rémunération pendant de longues années ;
- amélioration des parcours professionnels : sortir de la seule vision vocationnelle, faciliter l’entrée dans le métier mais aussi la sortie ;
- besoin de considération : reconnaissance de la professionnalité, de l’expertise, ce qui suppose de changer de pilotage du système éducatif.
-
redonner du sens au travail :
- conditions de travail,
- organisation du travail,
- temps de travail réel,
- revoir le pilotage et redonner du sens au travail des cadres à tous niveaux de responsabilité,
- cela suppose aussi de partager une vision d’ensemble de ce que la nation attend de son École.
-
penser les fins de carrière :
- enjeu des retraites : des inégalités entre femmes et hommes, entre les corps, des difficultés pour les polypensionné.e.s dont le nombre augmente,
- améliorer les conditions d’exercice en fin de carrière, dans un contexte d’allongement de la durée de cotisation, c’est indispensable.
Nous avons aussi exposé notre vision sociétale du rôle de l’École, et la nécessité de penser l’articulation entre éducation formelle et non formelle pour :
- rendre l’École plus démocratique : cela suppose de se donner les moyens d’un accompagnement à 360° des élèves avec objectifs clairs et assumés d’inclusion, de mixité sociale, de recherche d’égalité et d’équité de la maternelle à la fin des études, cela suppose des équipes pluriprofessionnelles complètes or nous en sommes loin ;
- prendre en compte la transition écologique et la transition numérique : cela appelle une réflexion sur les enseignements, sur l’éducation au sens large mais aussi des enjeux d’infrastructures et d’organisation du système éducatif.
Pas encore de feuille de route précise
Ce premier entretien n’a pas permis d’avoir des détails sur la feuille de route du ministre Pap Ndiaye. Nous ne connaissons pas encore les chantiers que le ministre veut conduire, ni dans quelle temporalité.
Nous avons demandé au ministre Pap Ndiaye que l’élaboration de cette feuille de route soit discutée avec les organisations syndicales représentatives.
Nous avons aussi insisté sur la nécessité de prolonger et d’enrichir l’agenda social en cours :
- relevé de conclusion relatif à la filière administrative : suivi de la mise en œuvre des mesures de revalorisation et de requalification ;
- télétravail : reprise des négociations pour aboutir à un accord ;
- protection sociale complémentaire : organisation de la négociation suite à l’accord fonction publique ;
- revalorisation à poursuivre pour l’ensemble des agents : métiers de l’enseignement, de l’éducation, psychologues scolaires, AESH, AED, filières santé et sociale
Les urgences de la préparation de rentrée
Nous sommes aussi intervenus sur des sujets urgents pour la rentrée :
- suivi de la préparation de rentrée et des recrutements, le directeur de cabinet de Pap Ndiaye nous a annoncé des échanges réguliers sur ce sujet ;
- réintroduction d’un enseignement de mathématique dans le tronc commun du lycée général en 1ère : nous avons rappelé notre demande a minima de report à la rentrée 2023 et surtout de réflexion sérieuse sur le sujet avant de réformer la réforme au risque de rendre encore plus difficile le fonctionnement des lycées. Sur ce volet, le ministre souhaite écouter l’ensemble des organisations syndicales et n’a pas arrêté sa décision ;
- nécessité de mettre en œuvre rapidement la possibilité d’accéder à un CDI pour les AED, nous n’avons pas eu de réponse à ce stade, nous poursuivons nos interventions pour que les dispositions soient prises au plus vite.
Au-delà des sujets strictement éducation nationale, nous avons demandé une audience spécifique sur les politiques jeunesse tout en soulignant qu’il y a des urgences à suivre dès maintenant autour du SNU et des accueils collectifs de mineurs pendant l’été.