Déclaration liminaire du CTMEN du 23 novembre 2022
Un système qui peine à évoluer…
Nous sommes bientôt au terme d’un mandat électoral pendant lequel des bouleversements institutionnels ont été mis en œuvre notamment avec la loi de Transformation de la Fonction Publique qui a mis en exergue les difficultés de notre système à se moderniser, et du gouvernement de l’époque d’avoir un regard juste tant sur le dialogue social dans ses différentes dimensions, que sur les réalités du travail des agents publics.
Le manque de ressources humaines pour l’administrer et suivre les évolutions nécessaires, ainsi que les difficultés à mener un dialogue social de qualité à tous les niveaux restent frappants.
Sur certains sujets comme l’organisation du travail, la santé au travail, la gestion des carrières, pour ne citer que ceux-ci, les marges de progrès sont encore importantes.
Prendre en compte la réalité des conditions de travail des personnels et la réalité de leurs aspirations personnelles et professionnelles est indispensable si l’on veut retrouver des personnels bien au travail et trouver des citoyens ou citoyennes souhaitant s’engager dans les métiers de l’Éducation Nationale.
Restaurer la confiance
Le télétravail, premier sujet de mise en œuvre des accords négociés permis par la loi de transformation de la Fonction Publique est un exemple qui illustre certaines difficultés.
Pour le Sgen-CFDT, l’accord doit aller dans le sens d’une ouverture à tous les personnels et reposer sur la confiance aux collectifs de travail pour une mise en œuvre qui garantisse des organisations du travail au service des missions de service public.
Nous devons évoluer vers une culture de la confiance et de la coopération dans l’organisation du travail et même au-delà, c’est-à-dire dans la conception même de notre système éducatif dont la dimension inclusive reste traitée de manière parcellaire, ce qui rend difficile la prise en compte des enjeux d’égalité, de bien-être des élèves mais aussi des personnels au travail et donc de leurs conditions de travail dans une politique éducative globale.
Investir pour des conditions d’inclusion satisfaisantes
Ainsi les conditions de l’inclusion scolaire ne sont pas pleinement remplies.
Depuis 2015, une circulaire fixe le nombre d’élèves en ULIS : 12 maximum en ULIS-école et 10 maximum en ULIS dans le second degré. Or depuis deux ans, nous constatons que de plus en plus d’académies ne respectent plus ces limites.
Nos syndicats académiques nous signalent de plus en plus de situations dans lesquelles les ULIS écoles atteignent 15 ou 16 élèves, et les ULIS collèges 14 ou 15 élèves.
Les personnels constatent qu’en matière d’inclusion, on fait du quantitatif alors qu’ils souhaitent effectuer un travail de qualité au bénéfice des élèves.
En conséquence, ils ont le sentiment d’être placés dans des conditions de travail dégradées au regard de ce que l’institution attend d’elles et eux.
Le gouvernement souhaite améliorer l’inclusion. Nous le souhaitons aussi.
Mais il faudra prendre acte que l’inclusion réussie, de qualité pour les élèves comme pour les personnels suppose des investissements.
Il ne suffit pas d’ouvrir des ULIS, de faire état de l’augmentation du nombre d’élèves en situation de handicap et de l’augmentation du nombre d’AESH. Il faut penser l’implication professionnelle de l’ensemble des personnels qui contribuent à l’inclusion pour adapter les moyens humains dans les services déconcentrés, les écoles et les établissements, organiser le travail pour que les équipes pluriprofessionnelles puissent fonctionner, et reconnaître le travail de toutes et tous.
Pour réussir l’école inclusive, il faut des équipes pluriprofessionnelles complètes ce qui est loin d‘être le cas.
Restaurer l’attractivité
Les difficultés à recruter dans les métiers mais aussi sur les missions obligent à reconsidérer certains enjeux. Cela fragilise gravement le système éducatif et appelle des revalorisations et l’amélioration des conditions d’exercice pour toutes et tous.
Concernant les personnels d’enseignement et d’éducation, même si l’attractivité ne saurait être réduite à la seule question de la rémunération, cette dernière constitue un enjeu important et très attendu par les personnels ayant perdu 20% de pouvoir d’achat en 30 ans par rapport aux autres fonctionnaires de catégorie A ; il est donc légitime que toutes et tous, quelle que soit leur situation de carrière, puissent bénéficier d’une revalorisation de leur rémunération. Cette revalorisation devra aussi réduire les inégalités : entre femmes et hommes, entre premier et second degré.
Pour le Sgen-CFDT, le temps est également venu de reconnaître le travail réel et non pas d’ajouter du travail, fût-ce pour une rémunération supplémentaire Nous refusons la résurgence du «travailler plus pour gagner plus ».
Pour restaurer l’attractivité, il faut donc améliorer les conditions de travail et l’organisation du travail pour permettre de mieux accompagner tous les élèves quelles que soient leurs difficultés. L’accompagnement des élèves dans leur scolarité, dans leur parcours d’orientation, est un enjeu crucial pour faire reculer les inégalités.
Cela suppose d’investir plus massivement et dans la durée dans l’éducation. Le Sgen-CFDT continue de revendiquer une loi de programmation pluriannuelle.
Conditions de travail des personnels administratifs
Pour terminer, le Sgen-CFDT souhaite adresser ses remerciements aux personnels administratifs qui travaillent sans relâche sur la préparation des élections professionnelles, événement démocratique important, conscient que cela constitue une charge de travail considérable.
Il nous semble que cela n’a pas été suffisamment intégré dans le plan de charge et dans le dimensionnement des équipes. D’autant que s’ajoute dans la même temporalité la bascule vers le système d’information RenoiRH. Il faudra y revenir car nous considérons que les conditions de travail actuelles des personnels administratifs ne sont pas correctes.
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Catherine Nave-Bekhti
Secrétaire générale
Fédération des Sgen-CFDT