Professeure de lettres classiques, Delphine Regnard a exercé dans un lycée de l’académie de Versailles. Très tôt convaincue de l'intérêt du numérique éducatif (avec par exemple, La Page des Lettres, voir sitographie), elle est cheffe de projet à la direction du numérique pour l’éducation (DNE).
Peux-tu nous présenter Éduthèque ?
C’est un portail de ressources ouvert en 2013 dans le cadre de la création du service public du numérique éducatif prévue par la loi dite de refondation de l’École qui a pour objectif le déploiement de services et de contenus numériques de qualité à destination de la communauté éducative.
Éduthèque donne une plus grande visibilité à l’offre de ressources conçues avec des partenaires de haut niveau et permet des usages pédagogiques pluri ou transdisciplinaires.
Un accès à plus de 70 000 ressources numériques pédagogiques structurées pour une utilisation gratuite et légale dans le cadre scolaire…
L’idée est d’offrir un point d’entrée unique aux espaces numériques des grands établissements publics culturels et scientifiques (BNF, CNRS, INA, IGN, Louvre…). Les enseignants s’inscrivent avec leur adresse professionnelle pour accéder à plus de 70 000 ressources numériques pédagogiques structurées avec les partenaires du portail.
Les ressources sont mises à leur disposition pour une utilisation gratuite et légale dans le cadre scolaire, il s’agit en quelque sorte d’une exception pédagogique élargie puisque tous les documents peuvent être utilisés sans limite.
Quel est ton rôle d’enseignante dans ce projet ?
Mon rôle d’enseignante consiste à apporter l’expertise pédagogique pour la structuration des offres des partenaires.
Nous travaillons avec une équipe de professeurs à la DNE et avec les équipes des partenaires pour opérer les sélections des ressources les plus utiles selon les référentiels de l’Éducation nationale. Nous travaillons également avec les académies pour faire connaitre et généraliser les usages.
Plus de 140 000 enseignants sont déjà inscrits.
Comme cheffe de projet, j’ai aussi à gérer les aspects techniques et juridiques du partenariat pour installer un cercle vertueux de mise à disposition des ressources, les partenaires travaillant en confiance dans le cadre du service public. L’utilisation des adresses académiques permet de rester dans le cadre « Éducation nationale », et les partenaires proposent finalement plus de ressources que ce qu’ils avaient envisagé au départ.
Un tiers des partenaires proposent déjà la possibilité de créer un accès aux élèves par un « compte classe ». La perspective du service Éduthèque pour l’année scolaire prochaine est d’être accessible depuis les espaces numériques de travail des établissements (ENT) : ainsi, le cadre de confiance se trouvera renforcé pour permettre aux élèves d’accéder aux espaces de tous les partenaires de façon plus personnalisée que par le compte classe.
C’est en quelque sorte l’équivalent numérique du Pass éducation ? Savez-vous qui utilise ce portail, quelles disciplines, pour quel travail ?
C’est effectivement une belle comparaison : un accès numérique aux espaces de nos partenaires ! Les ressources sont indexées par grandes catégories : arts et lettres, cultures et langues, sciences humaines et sociales, sciences et techniques. Ceci avec un souci de transversalité et sans préjuger des usages disciplinaires : une vidéo du CNRS sur l’architecture de la Maison dorée de Néron peut ainsi être utilisée par les enseignants de latin ; des photos du CNRS prévues pour les terminales S ont servi pour des activités langagières en maternelle.
Nous pouvons constater des usages à la fois disciplinaires : en histoire-géographie, en arts, en éducation musicale, mais aussi de façon plus transversale en histoire des arts, éducation aux médias et à l’information, enseignement moral et civique.
Les enseignants croisent les ressources de plusieurs partenaires pour construire leur propre document pédagogique.
Comme les ressources peuvent être téléchargées et mises à la disposition des élèves, tous les projets visant à différencier les parcours des élèves sont possibles, notamment dans le cadre de l’actuelle dotation des collégiens en équipements mobiles. Nous avons pu constater la créativité des enseignants qui n’hésitent pas à croiser les ressources de plusieurs partenaires pour construire leur propre document pédagogique.
Il n’y a pas encore beaucoup de services associés aux contenus pour le travail des élèves, en dehors du portail de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) et de l’INA Jalons.
Éduthèque va au-delà de la simple mise à disposition de ressources
Nous y travaillons cependant fortement avec les partenaires grâce à la future connexion aux ENT. Depuis le début du portail, nous disposons de scénarios pédagogiques écrits par des enseignants formateurs en académie qui permettent aux enseignants de prendre en main les ressources.
Éduthèque va au-delà de la simple mise à disposition de ressources, et le moteur de recherche qui vient d’ouvrir apporte une vraie plus-value : les enseignants peuvent interroger les espaces de nos trente partenaires depuis un même point d’entrée et croiser les ressources.
Sitographie
- Le portail Éduthèque. Inscription très simple avec votre adresse académique.
- Éduscol propose des parcours M@gistère de prise en main.
- Articles de Delphine Regnard dans La Page des Lettres : « Au plaisir des mots : lire, écrire et publier avec Twitter ».