La pression mise par le ministère sur le pacte et les remplacement de courte durée notamment, met les équipes de direction sous une pression difficile à vivre.
Les dernières réformes mises en place par le gouvernement étonnent et inquiètent. Il est étonnant pour une institution dont le but est la formation et l’apprentissage de tenir aussi peu compte de l’expérience et de l’avis de ses acteurs.
Si l’effort financier de la Nation sur le pacte et le socle ne peut être ignoré, on ne peut concevoir que la seule boussole de l’École soit le travailler plus pour gagner plus. C’est la raison pour laquelle le Sgen-CFDT a quitté la table des négociations.
Or, l’ensemble des réformes annoncées pour l’École s’articule essentiellement sur cet aspect.
La crise de sens que traverse l’institution est pourtant majeure.
Et la recherche internationale montre bien que les systèmes éducatifs qui parviennent à améliorer leurs résultats introduisent l’horizontalité comme mode de réflexion et de prise de décision.
Le ministère français s’entête dans une voie qu’il a pourtant lui-même dénoncée, la verticalité brutale.
Oubliant ainsi que de nombreuses réformes louables n’ont pas porté leur fruit. Il est à craindre que le remplacement de courte durée qui revient sur le devant de la scène médiatique ne soit pas aussi efficace qu’annoncé. C’est pourtant un enjeu majeur, qui renforce les inégalités devant l’accès aux savoirs.
Il n’est d’abord pas inutile de rappeler que le protocole de 2005 actuellement réécrit par le ministère n’avait pas rencontré le succès escompté. Seulement 18% des cours perdus annuellement sont remplacés et la fiabilité même des remontées est à interroger.
Deux aspects des réformes actuelles interrogent sur la compréhension du système éducatif par ceux qui le pilotent.
La temporalité
On n’organise pas une rentrée scolaire au mois de juin.
Les annonces faites tardivement sur, les nouvelles réformes, et notamment sur le pacte fragilisent les collectifs de travail déjà bien mis à mal par les dernières années ( Covid et réformes verticales). D’autant que le niveau de compréhension rectorale et départementale est bien différent selon les territoires. Certaines académies n’ont pas encore fait connaître les dotations pacte aux établissements qui doivent organiser la rentrée.
En physique, comment mettre en place ces réformes ?
On sait que la chaleur monte, en management la pression descend. C’est donc sur les personnels de direction, éternelle clé de voûte du système éducatif, que la pression va descendre. Dans un contexte de grand malaise dans la profession comme en atteste les différentes études.
Le Sgen-CFDT sera au côté des personnels pour éviter un management par le chiffre.
C’est ce qui rend la méthode brutale et risque de dénaturer le lien entre les équipes de direction et les équipes pédagogiques et éducatives. Le président de la République a dit que le remplacement serait réglé, l’intendance doit suivre.
L’intendance ne peut plus suivre.
Au mois de juin nous n’organisons pas seulement la rentrée mais également les examens et nous finalisons l’orientation de nos élèves. Nous essayons d’accueillir des élèves qui n’ont pas toujours de professeurs devant eux. En raison des examens et des remplacements de longue durée. Ce dernier sujet étant particulièrement oublié dans le discours médiatique.
Les équipes de direction travaillent avec les services administratifs des rectorats et des Dsden, eux-mêmes mis sous pression.
Et depuis plusieurs années on sait que ces services sont sous dimensionnés d’un point de vue humain. Les outils numériques dont nous disposons sont notoirement insuffisants. Et il est annoncé que nous devrons contrôler l’effectivité du remplacement de courte durée le plus régulièrement possible.
Cette transformation va faire de nous des contrôleurs de gestion et non plus des pilotes pédagogiques.
Enfin et surtout, les grands oubliés sont les élèves. Notamment en 6ème ou l’empilement rapide et peu réfléchi des mesures va se traduire par des emplois du temps complexes à réaliser et difficiles à vivre.
Le discours et la volonté ne suffisent pas à susciter l’adhésion et la confiance. Et pour l’instant chez les cadres et les enseignants c’est le rejet et la défiance qui s’expriment à propos de ces réformes…