La création du Professeur Référent d'un groupe d’Élèves (PRE) ouvre des possibles pour le suivi et l'accompagnement des élèves. Quelle analyse en fait le Sgen-CFDT ? Comment aider les équipes à s'en saisir collectivement ?
Le ministère donne aux établissements la possibilité à partir de la rentrée 2021 la mission de professeur référent de groupe d’élèves (PRE) en cycle terminal du lycée général et technologique. Pour le Sgen-CFDT c’est un premier pas, timide, vers la reconnaissance d’un aspect fondamental du métier : l’accompagnement des élèves aux choix de leur parcours.
Accompagner moins d’élèves mais mieux que ne le permet aujourd’hui la mission de professeur principal, c’est le défi à surmonter par ce PRE.
Une revendication ancienne d’un meilleur accompagnement des élèves
Le Sgen-CFDT porte depuis longtemps l’idée qu’il faut mieux accompagner les élèves de façon individuelle et collective :
- un accompagnement individuel (personnalisé) par des dispositifs qui permettent d’écouter, de remédier aux hésitations des élèves, de les rassurer face à leurs inquiétudes devant la complexité des orientations. Des dispositifs pour les aider face à des choix qui notamment en lycée deviennent plus importants et plus complexes qu’avant.
- un accompagnement permettant aussi un sentiment d’appartenance à un collectif, à un groupe d’élèves, qui pourrait fonctionner sur plusieurs années, de façon multi-âge.
Professeur référent : Un premier pas enfin franchi
Le Sgen-CFDT a déjà critiqué un rendez-vous raté lors de la réécriture des missions du professeurs principal, suivi d’un lenteur excessive à reconnaitre les problématiques posées par l’éclatement du groupe classe dans le cycle terminal du lycée général. Et c’est encore grâce à l’inventivité « du terrain » que sont apparues les premières solutions : de nombreuses équipes se sont essayées à des accompagnements d’élèves protéiformes (partages de groupes d’élèves, co-intervention de Professeurs principaux, tutorat…). Pourtant les textes réglementaires ne le permettaient pas. Le comité de suivi de la réforme a relayé cette nécessité :
Saluons donc ici cette avancée consistant à régulariser les multiples expériences « bricolées » par des équipes ingénieuses !
Nous regrettons d’ailleurs l’aspect très restrictif de cette possibilité de désigner un professeur référent d’un groupe d’élèves : pourquoi exclure les 2nde Générales et technologiques alors que l’accompagnement au choix y est primordial ? Pourquoi ne pas le proposer aussi aux classes de collège et de lycée professionnel ?
Un professeur référent de groupe d’élèves dont le périmètre doit rester à la main des équipes
Le choix des modalités d’accompagnement des élèves ne peut pas être piloté par le ministère tant les situations sont diverses.
Pour le Sgen-CFDT, la confiance aux équipes pour s’accorder sur des façons de faire les plus appropriées doit rester un préalable. Le texte prévoit bien de multiples possibilités, allant de maintien du système actuel des professeurs principaux, à un système où il n’y aurait plus que des Professeurs référents PRE. Il n’est pas question non plus de cadrer les groupes, les types d’élèves ou les modalités de travail par une circulaire. Sinon, une fois de plus elle ne sera pas appliquée.
L’ensemble des possibles doit rester ouvert, tant les implications de ces choix sont multiples sur le travail des personnels. De nouvelles modalités de coordination devront être trouvées entre les PRE volontaires pour accompagner un groupe d’élèves, entre eux mais aussi avec les autres enseignant·es, ainsi qu’avec les CPE, les Psy-EN et les équipes de direction.
Toute cette architecture dessine de nouvelles façons de travailler, qui méritent des temps d’appropriation, de discussion, de concertation, et enfin d’arbitrages collectifs.
Une rémunération augmentée à assurer immédiatement
Cette nouvelle façon de travailler est fondamentale mais nécessite une reconnaissance à la hauteur de la charge de travail. On peut d’ailleurs supposer que le ministère va créer ce dispositif parce que la fonction de professeur principal est de moins en moins appréciée et que beaucoup d’enseignant·es refusent cette mission. Partager la charge de travail est un levier, mais il n’est pas suffisant pour répondre aux enjeux de la situation actuelle.
Pour le Sgen-CFDT, il est indispensable d’abonder immédiatement l’enveloppe des ISOE pour rendre attractive cette nouvelle mission.
Mais il faut également permettre d’avoir des heures inscrites dans les emplois du temps des élèves et dans les ORS des enseignant·es, en attendant une véritable reconfiguration du métier d’enseignant qui prenne réellement en compte toutes les nouvelles missions, avec une réelle revalorisation.
Une réflexion sur l’articulation des temps individuels et collectifs qui reste à mener
Au-delà de la définition de cette nouvelle mission, les interrogations sur la construction de temps partagés par les élèves, d’engagement, de sentiment d’appartenance à un groupe sont à creuser.
Pour les enseignant·es aussi, la transformation du conseil de classe est indispensable, par exemple en coordonnant les temps de suivi et les temps de regards croisés,
à la fois dans les disciplines (conseils d’enseignement) et entre disciplines (conseils de « groupes »).
Le Sgen-CFDT a toujours dénoncé la précipitation de la mise en œuvre de la réforme, notamment parce qu’elle impose de nouvelles modalités de travail qui n’ont pas été pensées. Une volonté ministérielle d’accompagnement au changement s’impose : formations, temps de discussions, accompagnement par les corps d’encadrement. Le métier d’enseignant ne peut plus s’exercer de façon entièrement libérale, encore faut-il créer les conditions pour qu’il devienne un métier plus collaboratif.