Une première consultation des organisations syndicales sur les projets de programmes de SVT a eu lieu le 7 novembre. Analyses et revendications du Sgen-CFDT.
Des programmes de 2nde lourds, pointilleux et en patchwork
L’inspection générale de SVT a présenté les projets de programmes réalisés par le CSP selon 3 axes qui doivent permettre d’assurer aux élèves de lycée :
- une cohérence avec les programmes de collège,
- plus de « formation citoyenne »,
- une spécialisation progressive dans le programme de spécialité vers le supérieur.
Par contre, il ne semble pas y avoir eu de réflexion sur le contenu et les niveaux de maitrise des compétences travaillées selon que les élèves prendront ou pas la spécialité en classe de première, ni même en spécialité pour ceux qui abandonneront ensuite la spécialité en première. Ces programmes semblent donc avoir été d’abord pensés pour une continuité 2nde/Terminale, plutôt que pour une diversité de parcours incluant les SVT.
Une « formation citoyenne » déséquilibrée
Dans les faits, la « formation citoyenne » est par exemple assurée par le basculement de la partie « reproduction humaine » des programmes de 1ère générale actuels (1S, L et ES) vers la classe de 2nde, avec une entrée très biologique, pointue et complexe (les cycles de régulations, la détermination du sexe génétique, sa réalisation phénotypique) mais avec une régression (voire une disparition) des aspects sociétaux : l’IVG ? la PMA pour tous ? la distinction identité sexuelle/orientation sexuelle ?
Ces problématiques sont externalisées des programmes et semblent vouées à être traitées via la circulaire sur l’Éducation à la sexualité, en dehors des heures de SVT. Dommage… une articulation entre intervenants extérieurs (infirmière/associations partenaires… et enseignants de SVT) aurait sans doute été plus pertinente qu’une juxtaposition de ces approches.
Par ailleurs les problématiques sur les énergies fossiles et renouvelables ont disparu. A l’heure de la dramatisation des enjeux sur le réchauffement climatique c’est un peu surprenant, d’autant que cela ne figure pas non plus dans l’enseignement scientifique du tronc commun des classes de 1ère. L’aspect développement durable est donc uniquement assuré par une partie sur les agrosystèmes (et la notion d’agriculture durable).
L’introduction d’une thématique sur les maladies émergentes et infectieuses devrait être aussi l’occasion de discuter de problématiques sociétales… à condition d’avoir le temps de traiter tout cela dans un programme qui semble avoir été jaugé sur 36 semaines (alors que dans les faits les élèves suivent rarement plus de 30 semaines pour des raisons diverses).
Enfin, les éternelles injonctions à « observer le réel » semblent assez dérisoires, alors que les dissections sont devenues quasiment impossibles, et que les sorties sur le terrain non obligatoires sont soumises aux contraintes de plus en plus fortes de toutes sortes (sécurité, lourdeur administrative, coût financier…), et que là encore dans les faits, organiser un « cours sur le terrain » devient de plus en plus difficile.
Une occasion manquée ?
Cette accumulation de notions plus ou moins pointues et « utiles » ressemble plus à une guerre des « courants disciplinaires » des divers domaines de la SVT (biologie animale, végétale, écologie, sédimentologie…) plutôt qu’à une réflexion coordonnée et équilibrée sur des contenus et compétences à maitriser dans la scolarité d’une élève de lycée. Les accumulations de notions diverses mais ambitieuses au moins dans le vocabulaire et de capacités plutôt directives aboutit à un ensemble juxtaposé qui ne fait pas réellement sens.
Si les programmes de spécialités sont classiques et assez proches des programmes actuels de la série S, ils sont pensés pour des élèves qui suivront la spécialité en 1ère et en terminale (comme actuellement en série S).
Par exemple, certaines notions majeures comme le système nerveux (et le climat ?) ne seront plus du tout abordées par un élève de lycée qui arrête la SVT en 2nde ou en 1ère. La façon dont Parcoursup, et plus généralement les filières du supérieur, sauront reconnaitre et valoriser les élèves ayant suivi la spécialité de SVT seulement en 1ère reste obscure. Cela suscite des interrogations sur les conseils d’orientation à proposer aux élèves et à leurs familles : suffira t-il d’avoir pris SVT en 1ère pour aller en PACES ? en BCPST ? en licence ? en STAPS ? Les classes préparatoires préfèreront-elles miser sur le « signal » maths/sciences physiques ?
Le Sgen-CFDT porte un regard plutôt critique sur ces programmes qui semblent avoir oublié de prendre en considération les élèves qui souhaiteraient un parcours sans pré-orientation vers des études de SVT en post bac. Pourtant les SVT se prêtent bien à des approches variées sur un même sujet, et à une explicitation de niveaux de maitrise différents. Malheureusement, le programme d’enseignement scientifique du tronc commun de 1ère générale, ne comble pas cet aspect.