Les programmes de 2015 sont-ils déjà obsolètes que la DGESCO entend les changer ?
Si la crainte après la note du Conseil Supérieur des Programmes de décembre dernier était réelle, la version présentée au Sgen-CFDT ne remet pas en cause des programmes largement plébiscités par les enseignants.
Des propositions du CSP qui n’ont pas été retenues
La note du Conseil Supérieur des Programmes de décembre 2020 avait fait l’effet d’une bombe au sein des enseignants du premier degré. La volonté affichée était de permettre une approche plus précoce des apprentissages autour de la lecture et des maths notamment.
Le Sgen-CFDT avait réagi immédiatement pour la dénoncer.
Il s’agissait ensuite et surtout de mettre la pression sur le Ministère afin que les modifications proposées n’aillent pas aussi loin.
L’école maternelle doit être le lieu de la socialisation et il faut laisser du temps à l’enfant de devenir élève.
L’approche par cycle est à ce titre indispensable.
Force est de constater au vu des modifications proposées que la DGESCO s’est démarquée des propositions du CSP en faisant plus des ajustements que de véritables nouveaux programmes. Tant mieux !
Le Sgen-CFDT ne peut donc que se satisfaire de l’abandon des préconisations effectuées par le Conseil Supérieur des Programmes.
Des éléments de programmes qui peuvent aller dans le sens de ce que souhaitent les enseignants de maternelle
Évidemment, comme ce Ministère s’y emploie depuis le début de ce quinquennat, toute référence à la Loi de refondation, à l’origine de ces programmes de 2015 est supprimée. Comme s’il suffisait de gommer cela du texte pour oublier le travail fait par d’autres en d’autres temps.
Il faut bien dire, par contre, sur de nombreux points, que cette nouvelle mouture apporte des précisions intéressantes pour les enseignants.
Elle conserve surtout l’élément fondamental de l’écriture précédente : l’approche ludique des apprentissages en maternelle.
Ensuite, ces ajustements n’interviennent principalement qu’au sein de deux domaines sur les cinq que comportent les programmes initiaux. Certes, ces domaines sont liés aux fondamentaux mais ils ne vont pas modifier en profondeur l’intention initiale autour de la nécessité de faire passer l’enfant de maternelle à un statut d’élève.
Pour le Sgen-CFDT, le fait d’affirmer la progressivité par un travail autour du cycle 1 est une bonne chose.
Priorité au langage oral et à une approche ludique
Premier domaine à voir des éléments modifiés : mobiliser le langage dans toutes ses dimensions.
Si la confusion entre langue et langage est omniprésente dans les ajustements apportés, la nouvelle version laisse une place importante à l’oral.
Pour le Sgen-CFDT, cela va dans le bon sens et va permettre de crédibiliser des choses que les enseignants mettent en place dans leur classe avec notamment le travail autour des albums.
Mais cela ne doit pas se limiter à ce type de séquences, le travail sur la langue est omniprésent partout lors de toutes les séquences.
Il convient donc de ne pas vouloir en faire des séances spécifiques comme cela est demandé dans ces nouveaux programmes. Cela doit en tout état de cause permettre d’enrichir le vocabulaire de l’enfant.
En effet, beaucoup d’enseignants constatent chez les enfants de maternelle (pas seulement dans les quartiers d’éducation populaire) une certaine pauvreté de leur vocabulaire.
L’école maternelle doit donc à ce niveau jouer pleinement son rôle. Toujours dans ce domaine, la nouvelle écriture laisse une plus grande importance au geste graphique et à la nécessité d’accompagner l’enfant.
Si pour le Sgen-CFDT, ce qui est dit est intéressant, il ne faut pas oublier non plus de laisser place à l’erreur et en cela, de valoriser les essais que peut faire l’enfant.
C’est en effet grâce à eux que l’enfant progressera et arrivera à une écriture structurée. C’est aussi ainsi qu’il accédera au sens des mots, des phrases.
Une approche mathématique sans doute un peu trop ambitieuse
Second domaine qui fait l’objet de modifications : construire les premiers outils pour structurer sa pensée.
Il s’agit en fait de tout ce qui va toucher les activités préparant à l’apprentissage des maths.
Pour le Sgen-CFDT, les modifications apportées sont certainement trop ambitieuses eu égard à notre connaissance des élèves de maternelle notamment concernant le nombre et sa construction.
Ainsi écrire tous les nombres jusqu’à 10 en fin de grande section revêt souvent de l’objectif mais n’est que rarement le cas notamment dans les classes situées en éducation prioritaire.
Mais c’est plus la partie autour de la résolution de problèmes qui nécessite des ajustements.
Selon le Sgen-CFDT, ce paragraphe laisse place à trop de confusions et à des interprétations trop variées. Il conviendrait donc dans un premier temps de définir ce que l’on entend par situations problèmes ou résolution de problème car les enseignants n’y mettent pas forcément les mêmes choses. C’est d’autant plus vrai pour les jeunes collègues qui n’y sont que peu formés.
En attendant le texte final de ces programmes
Si l’apocalypse supposée à l’issue de la note du CSP n’a pas eu lieu, ces nouveaux programmes sont globalement ambitieux tout en étant ancrés dans la réalité des collègues.
Il s’agit en fait plus de précisions d’objectifs à atteindre que de véritable nouveaux programmes.
Pour le Sgen-CFDT, l’enjeu maintenant est de former les enseignants, de les accompagner dans la mise en œuvre.
Le travail par constellations peut ainsi prendre tout son sens dans la maîtrise de ces programmes. Cela devra sans doute aussi être rendu possible par des documents d’accompagnement de ces programmes mis à disposition des équipes pédagogiques.
Cela passera évidemment par un travail collaboratif au sein de l’équipe des écoles avec la contribution et l’apport des conseillers pédagogiques de circonscription.
Si certaines formulations sont hasardeuses, gageons que la Commission spécialisée du CSE apportera des modifications.
Le Sgen-CFDT, pour sa part, a fait des propositions à la DGESCO sur de nombreux paragraphes, propositions qui pour beaucoup ont été retenues dans la dernière mouture proposée avant la CSL. Affaire à suivre.