Le Sgen-CFDT fait le point sur la rentrée scolaire 2023 des psychologues de l'Education nationale.
Quelles missions pour les psy-EN ?
Les missions s’articulent de plus en plus autour de la santé mentale des enfants et adolescents.
Le MEN a instauré comme prioritaires les problématiques suivantes :
- Bien-être et état de santé mentale des enfants de 3 à 11 ans. Une étude nationale sur le bien-être et l’état de santé mentale des enfants de 3 à 11 ans (étude ENABEE) a été réalisée en 2022 par Santé Publique France. Les résultats – rendus public en juin 2023 – montrent que 13% des enfants présentent des troubles probables (troubles anxieux, dépressifs, troubles oppositionnels, TDA-H).
Une note de la DGESCO du 23 juin 2023 évoque un «Renforcement des mesures en faveur de la santé mentale des élèves dès la rentrée scolaire de septembre 2023» dans les établissements secondaires. Les psy-EN sont particulièrement impliqué.es par le MEN en tant que personnes-ressource.
- Lutte contre le harcèlement scolaire : il s’agit d’une priorité rappelée avec force par le nouveau Ministre de l’EN. Dans un communiqué de presse intitulé « Rentrée 2023 : de nouvelles mesures contre le harcèlement », le MEN rappelle le rôle des psy-EN dans la prévention et l’accompagnement.
- Ecole inclusive : le nombre d’élèves en situation de handicap est en constante augmentation (plus de 436 000 enfants en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire selon les chiffres du Ministère). Leur accueil suppose un travail de collaboration entre tous les partenaires (dans et hors EN).
La circulaire de rentrée 2023 rappelle une nouvelle fois le caractère prioritaire de la lutte contre le harcèlement. Tout comme en 2022, elle pose le bien-être comme objectif, notamment en protégeant la santé mentale des élèves. Le MEN pose également comme objectif de « veiller à la bonne inclusion des élèves en situation de handicap ». Dans tous ces chantiers, les psyEN ont toute leur place.
Du côté des EDA, si une grande partie du travail est consacrée aux enfants en situation de handicap, il reste cependant peu de temps aux psychologues pour assurer leurs autres missions telles que le suivi et l’accompagnement des enfants en souffrance, la guidance parentale ou soutien à la parentalité, la prévention et la prise en charge des situations de harcèlement. De leur côté, les EDCO font état des problématiques très prégnantes autour de l’orientation scolaire et professionnelle et de Parcoursup. En outre, ils/elles observent une augmentation des troubles anxieux et des troubles dépressifs chez les lycéen.nes.
Concrètement sur le terrain, de quelle manière peuvent se déployer ces directives du MEN relatives à la santé mentale des élèves, au harcèlement scolaire, dans un contexte de pénurie de psy-EN et de métier sous tension ?
Comment parvenir à réaliser l’ensemble des missions dévolues aux psy-EN – et notamment celles en lien avec l’école inclusive – alors que tant de secteurs sont non pourvus et que le nombre de demandes d’aide explose ?
Postes non pourvus et conditions de travail de plus en plus dégradées
Les années se suivent et les psy-EN EDA et EDCO constatent que leurs conditions de travail ne s’améliorent pas. Bien au contraire. La charge de travail s’accroît, mais les moyens humains n’augmentent pas. Le nombre de postes vacants dans le 1er et le 2nd degré est massif.
La situation est encore aggravée par le manque de candidats aux concours de recrutement de psy-EN en 2022 et 2023 et le manque de candidats contractuels. La question de l’attractivité du métier est cruciale. La mobilité liée au statut est perçue négativement par des psychologues qui, de plus en plus, ne souhaitent pas être trop éloigné.es de leur lieu de résidence
Dans l’ensemble des circonscriptions et des CIO, les psy-EN évoquent une surcharge de travail entraînant un mal-être généralisé et une perte de sens du travail de psychologue.
La DEPP (Direction de l’Evaluation, de la prospective et de la performance) a publié, en octobre 2022, les premiers résultats du Baromètre du bien-être au travail des personnels de l’Education nationale exerçant en établissement scolaire. Les éléments déclaratifs des psy-EN indiquent un indice de « satisfaction de leur travail en général » de 5,5 (sur 10). Ce chiffre est inférieur à la moyenne des français en emploi qui est de 7,2 et de la moyenne des personnels de l’Education nationale qui est de 6,0.
Quelles sont les propositions du Sgen-CFDT pour les psy-EN ?
- Accroître le nombre de postes au concours de recrutement des psy-EN pour les deux spécialités : Cette augmentation pourrait se traduire par la mise en place d’un plan pluriannuel de recrutement des psy-EN.
Les postes offerts aux concours 2023 de recrutement des psy-EN sont largement insuffisant pour pallier les postes vacants et les départs en retraite. A noter que nous sommes passés de 330 psy-EN admis en 2017 à 230 admis en 2022 (126 EDA et 104 EDCO).
- Permettre aux psy-EN stagiaires d’effectuer leur stage dans les académies limitrophes à celles des centres de formation.
- Augmenter le vivier des psychologues en général en demandant à l’enseignement Supérieur d’ouvrir des places en Master.
Alors que la filière « Psychologie » est en tension sur Parcoursup, de nombreux/ses étudiant.es avec une licence ne trouvent pas de places en Master alors que nous manquons de professionnel.les formé.es dans et hors Education nationale.
- Réévaluer le cadre national de rémunération des contractuel.les (indice majoré 367 dans nombre d’académies). L’emploi statutaire reste la priorité pour le Sgen-CFDT. Ceci dit, dans l’attente d’une politique volontariste en matière de recrutement, le recours à l’emploi de contractuel.les est nécessaire. Le Sgen-CFDT approuve la mesure annoncée par le MEN d’une revalorisation de la rémunération des contractuel.les. Mais cette mesure ne doit cependant pas empêcher des revalorisations académiques en cas de besoin.
- Titulariser sans concours les contractuel.les expérimenté.es.
III. DCIO
Des CIO restent trop souvent sans direction car au delà du manque de psy-EN titulaires suffisants ce sont les conditions de travail qui doivent être améliorées et une revalorisation de cette profession qui doit être envisagée.
Le Sgen-CFDT demande une revalorisation de l’indemnité de charge administrative pour les DCIO.
IV. Passerelles
Le Sgen-CFDT est régulièrement interpellé par des psy-EN souhaitant changer de spécialité et soutien cette demande auprès de la DGRH. Lors de notre dernière audience c’est un point que le ministère a indiqué vouloir explorer attentivement.
V. Revalorisations pour les psy-EN
Traitement indiciaire
Comme vous avez pu le constater, la valeur du point d’indice a été revalorisée de 1,5 % à compter du 1er juillet 2023. Par ailleurs, 5 points d’indice supplémentaires seront octroyés à tous les agents publics à compter du 1er janvier 2024.
Indemnités et primes
Indemnités de fonctions des psy-EN
A compter du 1er septembre 2023, l‘indemnité de fonctions des psychologues EDA sera de 3 338 € bruts annuels et celle des EDCO de 2 912 € bruts annuels. Pour rappel, la DGRH s’est engagée à aligner l’indemnité des EDCO sur celle des EDA en 2024.
Prime d’attractivité
Elle est revalorisée et ouverte aux Psy-EN stagiaires à compter du 1er septembre 2023, d’un montant allant de 400 à 3 370 € bruts annuels. Elle bénéficie aux agents de l’échelon 1 à l’échelon 9 de la classe normale.
Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat
Le décret n°2023-702 du 31 juillet 2023 crée une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA) pour les agents publics, jusqu’à 800 euros. Cette PEPA sera versée aux agents : nommés ou recrutés par un employeur public avant le 1er janvier 2023 ; employés et rémunérés par un employeur public au 30 juin 2023 ; qui ont perçu moins de 39 000 € de rémunération brute entre le 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.
Pour rappel, le Pacte est ouvert aux psy-EN. La rémunération « Pacte » est versée sous la forme d’une part fonctionnelle par mission de 1 250 € bruts par an.