Les enfants, les adolescents et les agents de l’Education Nationale sont - pour certains - dans une grande détresse psychologique. Quel est le rôle des psychologues de l’Education Nationale dans ce contexte de crise durable et de souffrance ?
Les effets de la pandémie en termes de santé mentale chez les enfants et les adolescents
Après une année de pandémie, de limitation de la vie sociale et de règles sanitaires strictes à appliquer dans tous les lieux publics et tout particulièrement en milieu scolaire, les conséquences en termes de santé mentale sont désormais manifestes : augmentation des comportements agressifs révélateurs d’un mal-être chez certains enfants, phobies scolaires chez des jeunes qui présentaient des fragilités avant la crise sanitaire, stress et angoisse chez les lycéens, recrudescence des comportements à risque chez les adolescents… Place et rôle des psychologues scolaires…
En octobre 2020, une commission d’enquête parlementaire avait eu lieu pour mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse.
En cette période anxiogène et incertaine, où les souffrances psychiques sont en augmentation, les psychologues de l’Éducation Nationale devraient avoir une place prépondérante dans les écoles et les établissements du second degré ; et ceci en conformité avec leurs missions.
En effet, il s’agit de personnels formés, spécialistes de l’écoute et de l’accompagnement des personnes en difficultés voire en détresse.
Rôle et place des psychologues de l’Education Nationale
Après plus de deux mois de confinement strict au printemps 2020, focalisé sur la continuité pédagogique et dans le silence concernant l’impact psychologique de cette situation inédite, la circulaire nationale relative à la réouverture des écoles et la vidéo de M. le Ministre adressée spécifiquement aux psyEN le 07/05/2020 semblaient constituer une reconnaissance de notre place de psychologues et de nos missions d’accueil et d’accompagnement de la souffrance psychique.
Or, force est de constater aujourd’hui que les psyEN sont trop peu mobilisés par une administration qui ignore notre profession et nos compétences.
Dans le 1er degré, la priorité institutionnelle assignée aux psychologues EDA réside trop souvent dans la passation de bilans dans le but d’instruire les dossiers en CDOEA et à la MDPH.
Or, si les questions d’orientation et de demandes de compensations sont cruciales pour les enfants à besoin éducatifs particuliers, la détresse psychologique des élèves l’est tout autant et reste pourtant souvent ignorée ou mal repérée et évaluée.
Bien entendu, les psyEN prennent en charge les élèves en souffrance lorsqu’une demande d’aide émerge en ce sens. Mais ils/elles interviennent trop souvent dans l’urgence de situations complexes et douloureusement ancrées.
Une politique ministérielle volontariste au service de la santé mentale des élèves, de la prévention et de la promotion de la santé fait très largement défaut.
Dans le 2nd degré, les psyEN rencontrent de plus en plus de jeunes lycéens stressés et angoissés : angoisses qui tiennent à la réforme du lycée dont ils « essuient les plâtres », angoisses liées à leur projet d’orientation post-bac, le tout dans un contexte très difficile, sans cesse modifié et insécurisant.
Certains de ces jeunes ont un immense besoin d’exprimer leurs inquiétudes ou leur détresse, et les psyEN sont là pour les écouter.
Dès les mois de mai et juin 2020, le Sgen-CFDT alertait sur les effets à moyen et long terme de la pandémie sur la santé mentale des élèves.
Il est regrettable que l’administration n’ait pas fortement mobilisé les psyEN dès le début de la pandémie, ou tout du moins lors de la reprise de mai 2020, en recentrant les missions sur l’accompagnement des individus et des groupes afin de prévenir autant que possible les impacts négatifs au niveau psychologique.
Le service public de l’éducation est ici largement défaillant alors qu’il dispose d’un personnel formé et expert de l’écoute, de la santé et de la résilience en temps de crise.
Aujourd’hui, de nombreuses familles se tournent vers les services extérieurs et les spécialistes en libéral, ce qui creuse encore les inégalités sociales faute d’un pilotage des psychologues plus ajusté aux besoins de la population des élèves.
Par ailleurs, plus le temps de cette pandémie s’étire et plus les psyEN sont amenés à recueillir la parole et les plaintes des enseignant.es et directeurs/trices d’écoles.
En effet, aux exigences des situations d’inclusion d’enfants en situation de handicap et à besoins éducatifs particuliers, à celles liées aux effectifs importants dans les classes, aux difficultés diverses de toutes les situations de crise, s’ajoutent aujourd’hui les directives sanitaires évoluant régulièrement et l’agressivité croissante de certains parents envers les enseignants (propos insultants, courriers calomnieux…).
Les personnels du premier degré sont épuisés et en grande souffrance. Ils ont besoin d’être écoutés et entendus.
Une politique volontariste de promotion de la santé
Le Sgen-CFDT demande au Ministère de l’Education Nationale de penser et mettre en œuvre une réelle politique de promotion de la santé en faveur des enfants et des adolescents en :
- Mobilisant pleinement les psyEN afin d’accompagner les enfants et adolescents fragiles et en souffrance psychologique.
- Élaborant une collaboration effective et institutionnalisée des psyEN, médecins scolaires, infirmières et assistantes sociales dans le but de promouvoir le bien-être de tous les élèves comme l’indiquent nos missions.
L’Education Nationale dispose de professionnels très bien formés et expérimentés.
Regroupons-les autour des besoins des élèves.
Cette politique volontariste que le Sgen-CFDT demande ne saurait se passer d’une augmentation du nombre de place au concours de recrutement des psychologues.
Le 16/2/2021, le Ministère de l’Education Nationale a publié une circulaire« Amélioration du repérage, de l’orientation et de la prise en charge des élèves en situation de stress, de détresse psychologique ou en danger » et le rôle des psyEN y est mentionné.
Nous serons attentifs à la manière dont les préconisations ministérielles seront concrètement déclinées dans les écoles et établissements.