La CFDT se félicite du contenu du rapport qui est à la hauteur des enjeux identifiés depuis de nombreuses années. La CFDT demande que les éléments avancés se traduisent concrètement par la mise en place de dispositifs au bénéfice des agents ainsi qu'un travail équivalent pour les autres corps.
Un rapport sur « le parcours et la carrière des conservateurs de bibliothèques » a été réalisé en 2017 par trois inspecteurs de la Culture et de l’Enseignement supérieur et rendu public en janvier. Il a permis de collecter une importante masse de données sur ces deux corps interministériels, celui des conservateurs et celui des conservateurs généraux. Il met en avant 15 recommandations.
Que faut-il en retenir ?
La population des conservateurs et conservateurs généraux est répartie essentiellement entre bibliothèques universitaires et grands établissements de la Culture. Il y a actuellement 1 364 conservateurs et conservatrices en activité, soit 1/4 des effectifs des titulaires de la filière des bibliothèques. Près des 2/3 des conservateurs et conservatrices dépendent de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) et 1/3 sont en poste à la Culture (dont 20 % à la BnF).
Les conservatrices sont-elles défavorisées dans leur évolution de carrière ?
Les métiers des bibliothèques sont occupés par des femmes pour plus des deux tiers des corps A et B. Pour les conservatrices, même si un rattrapage a été fait depuis environ cinq ans, un plafond de verre a longtemps bloqué la promotion à conservateur général, ultime consécration du parcours.
Comment accède-t-on à ces corps ?
Principalement, par la réussite à un concours très sélectif ou par l’accès encore plus sélectif par l’École des Chartes mais de plus en plus d’enseignants entrent par la voie du détachement. C’est le cas aussi des conservateurs territoriaux qui demandent à intégrer le corps des conservateurs d’État. Depuis 2017, une dernière possibilité d’accès a été ouverte aux titulaires d’un doctorat.
Formation initiale / Formation continue
Les conservateurs et conservatrices apprécient généralement leur métier mais sont unanimement d’accord pour critiquer la formation initiale dispensée par l’ENSSIB de Villeurbanne qui n’est ni assez concrète et utile, ni assez scientifique et motivante.
Ils apprécient par contre la formation continue. Celle-ci est effectivement indispensable, compte tenu de l’évolution permanente des techniques de la documentation et du poids du numérique. Les compétences demandées aux conservateurs et conservatrices sont très variées, connaissance en sciences de l’information mais aussi aptitude au management et intérêt pour la dimension patrimoniale de leur métier. On peut regretter que la grande technicité et la grande adaptabilité demandées aux conservateurs et conservatrices ne soient pas récompensées par des possibilités de promotion équivalentes à celles du corps des agrégés ou des corps d’inspecteurs. Le milieu et la fin de carrière sont souvent synonymes de stagnation.
L’accès au corps des conservateurs généraux est restreint et réservé quasi exclusivement aux directeurs. Le régime indemnitaire actuel est loin de compenser ces blocages de carrière. Le montant des primes est fixé par un arrêté qui n’a jamais été réévalué depuis juillet 2000.
Gestion des conservateurs/conservateurs généraux
La gestion de ces corps se fait au niveau national, que ce soit pour les promotions ou les mutations. Par contre les recrutements se font au niveau local, essentiellement par les universités, les grands établissements de la Culture et les collectivités. Cette situation ne provoque pas de déséquilibre et contribue au contraire à équilibrer les tensions et à régler des situations individuelles difficiles. Reste cependant que les deux mondes, celui des bibliothèques universitaires et celui des bibliothèques publiques et nationales continuent à s’ignorer et à être relativement étanches. Le passage des agents des bibliothèques universitaires vers les autres structures (la BPI, la BnF ou les BMC par exemple) ou l’inverse, reste encore minoritaire dans l’ensemble des mouvements.
Quelles sont les recommandations importantes du rapport ?
- Fusionner les corps de conservateur et de conservateur général,
- Mieux définir les spécificités des conservateurs par rapport aux bibliothécaires, autre corps de catégorie A de la filière,
- Réunir les concours de recrutement des conservateurs d’État et celui des collectivités territoriales,
- Revoir complètement la formation initiale,
- Recruter les postes de direction par le biais de la Bourse interministérielle de l’emploi public (BIEP),
- Afin d’ouvrir les promotions, définir des critères pour évaluer les conservateurs sur leur expertise et non uniquement sur leur responsabilité ou leur ancienneté.
Au fond, ces préconisations résonnent avec de nombreuses analyses et revendications du Sgen-CFDT.
Outre la défense sur l’égalité professionnelle ainsi que la formation continue, la CFDT défend la fusion des corps des conservateurs et conservateurs généraux.
La CFDT demande que tous les autres corps des bibliothèques fassent l’objet d’un rapport du même type.