Une rencontre avec des militants et des personnels engagés de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement). Au campus Nord de l'IRD - Bondy - Seine-Saint-Denis.
CONTRIBUER AU DÉVELOPPEMENT DES PAYS DU SUD
Nous avons rencontré Catherine Boutet, militante Sgen-CFDT à Bondy, sur le campus d’un organisme de recherche : l’Institut de Recherche pour le Développement ou IRD.
Cet établissement est unique dans le paysage européen de la recherche pour le développement car il privilégie l’interdisciplinarité. Ses activités, avec une cinquantaine d’implantations, ont pour objectif de contribuer au développement social, économique et culturel des pays du Sud. Il permet de développer des programmes de recherche et de formation qui concernent les relations entre l’homme et son environnement en Afrique, Méditerranée, Amérique latine, Asie et dans l’Outre-Mer tropical français. Toutes les composantes des sciences qui peuvent être utiles au développement des pays y sont donc représentées.
Catherine est ingénieure d’études (IE), mandatée CHSCT, élue à la CAP des IE de son établissement et membre du bureau du Syndicat des Travailleurs de la Recherche Extra-Métropolitaine ou STREM Sgen-CFDT (créé par des agents de l’IRD pour tout le personnel de l’IRD).
Responsable de la diffusion des images, elle nous reçoit au service IRD Images, à la Délégation régionale Ile de France, à Bondy (93), qui œuvre pour la valorisation du travail scientifique mené dans le cadre de partenariats avec les pays du Sud et les pays émergents.
VALORISATION DU TRAVAIL SCIENTIFIQUE ET CINÉMA MILITANT
Productions et co-productions de films documentaires diffusés sur les chaînes de télévision, formations à l’outil audiovisuel (public étudiants, chercheurs), conservation d’un patrimoine Images et sons dans la vidéothèque sont au cœur des activités du service audiovisuel. Depuis peu, le service a intégré les réalisations de l’ex Canal IRD et la photothèque Indigo. Des activités audiovisuelles y sont développées comme outil d’investigation et support à des programmes de développement. Un véritable patrimoine audiovisuel qu’il serait dommage de ne pas défendre et de ne pas faire connaître s’est ainsi constitué.
A l’origine de cette activité scientifique par l’image et le son, on retrouve le formidable essor du film ethnographique des années 50, 60 et 70, notamment avec le cinéma de Jean Rouch.
Bernard Surugue, aujourd’hui à la retraite, cinéaste et directeur de recherche, que nous avons eu le plaisir de rencontrer en compagnie de Catherine Boutet, a poursuivi ce travail de cinéaste militant tout au long de sa carrière.
RENDRE POSSIBLE LE TRAVAIL DE TERRAIN ET L’EXPATRIATION
La position du STREM et de ses militant.es est bien de développer cette dynamique de l’IRD qui s’articule autour et avec le travail sur le terrain, au Sud, avec ses partenaires.
Contrairement aux autres établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST), l’IRD est sous la double tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du Ministère des affaires étrangères. Une situation qui lui impose d’inscrire les projets de recherche dans une stratégie géopolitique. L’expatriation des agents et des chercheurs qui s’engagent dans un programme de développement sur plusieurs années est le corollaire des missions bien particulières de l’Institut.
On sent poindre cependant une inquiétude grandissante pour l’avenir de l’établissement. Le caractère scientifique des missions et la liberté scientifique des chercheurs seront-ils pérennisés ? Défendre la liberté scientifique, la prise d’initiative et la créativité des personnes n’est pas toujours chose facile devant les exigences nouvelles des décideurs… Comment décliner par exemple les rapprochements voulus entre l’établissement et les ONG ? Comment sauvegarder la richesse et la pluralité des programmes de recherche et des missions scientifiques qui ont fait la réputation de l’établissement ?
VOUS AVEZ DIT BIEN ÊTRE AU TRAVAIL ?
Le combat est aussi à mener sur place à Bondy du côté de la santé au travail en CHSCT. Les mandaté.es ont le sentiment que les injonctions et les procédures prennent le pas sur l’échange, le besoin de recul et de réflexion au sein de l’établissement.
Précisons que le siège de l’IRD a été délocalisé en 2008 à Marseille, ce qui a été vécu par les 2000 agents comme une déchirure. 80 % des agents du Siège avaient refusé de quitter l’Île de France. Aujourd’hui l’éloignement entre le site de Bondy et le siège central n’est pas toujours facile à gérer.
Les agents se sentent isolés. Les opportunités de promotions et d’évolutions se réduisent. Le développement des unités mixtes de recherche (UMR avec une mixité d’équipes CNRS, INRA, IRD…) fait craindre également une perte de l’identité et de la culture IRD, très fortes pour les agents de l’établissement.
PERSPECTIVES POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT
La création récente du campus numérique Numérisud avec un financement du Conseil Régional Île de France ouvre cependant de nouvelles perspectives dans le domaine de l’échange documentaire et de la diffusion de l’information scientifique vers les pays du Sud. Il s’agit d’une plateforme de partage de ressources scientifiques et d’outils de formation.
Par ailleurs, en juin dernier, le Campus de l’innovation pour la planète a été inauguré en présence de M. Jean-Marc Ayrault. De nouvelles opportunités pour l’innovation responsable au service du développement. Cependant, suite au non remplacement des agents partis à la retraite, cette activité « militante » manque de ressources humaines, mettant en péril la sauvegarde d’un patrimoine important, préservé depuis les années 50. Les films numérisés sont accessibles sur la base de données audiovisuelle de l’établissement ici !
Le Sgen-CFDT apportera son soutien aux équipes comme à ces projets de renforcement des échanges et partenariats.