La situation sanitaire et sociale exceptionnelle que nous connaissons nécessite de trouver des équilibres et des transformations dans les organisations de la société. Dans le monde du travail, le télétravail en est l'un des éléments. Pour être réussi, il doit être adapté aux réalités.
Le premier confinement puis la période qui a suivi ont amené de nombreuses réflexions et prise de conscience sur le travail à distance. C’est vrai particulièrement pour le télétravail en tant que travail à distance cadré et négocié. De ce fait, ce nouveau confinement doit s’envisager sur des bases différentes de celui de mars.
Depuis des mois, le Sgen-CFDT soutient les agents qui se voient refuser le télétravail. Le Sgen-CFDT a toujours été favorable à la mise en place du télétravail pour peu qu’il s’inscrive dans un cadre protecteur. Depuis des mois, il s’investit donc pour que toutes les garanties d’un télétravail réussi soient posées. Le recours au télétravail ne doit dégrader ni le travail, ni ses conditions, ni la santé des agents.
Depuis mars, des efforts ont été faits
Il faut reconnaître que dans un certain nombre d’établissements, notamment dans l’enseignement supérieur, des efforts notables d’équipement des personnels ont été fait. Dans un certains nombre de lieux de travail des efforts ont été consentis pour établir les modalités du télétravail avec les représentants du personnels. Cela permet aujourd’hui que pour un bon nombre d’agents le passage au télétravail confiné se passe mieux qu’au mois de mars. Le fait que les enfants puissent continuer de se rendre à l’école ou au collège permet aussi de mieux respecter le rythme de travail qu’au printemps.
Les textes qui régissent le travail aujourd’hui
Les textes correspondant à la mise en œuvre du télétravail dans la fonction publique et dans nos ministères sont rappelés en fin d’article (ressources). Le décret Fonction Publique a été modifié en mai, ouvrant la possibilité dans des situations particulières de télétravailler à temps plein.
La dernière circulaire de la Ministre de la transformation et de la fonction publiques sur le télétravail préconise le recours au télétravail à 100% pour toutes les personnes : « A partir du 30 octobre, les agents dont les fonctions peuvent être exercées totalement ou principalement à distance doivent impérativement être placés en télétravail 5 jours par semaine »
Il faut alors articuler le recours au télétravail et une organisation rigoureuse du maintien en présentiel. La santé des agents doit être garantie et les moyens de la lutte contre la propagation du virus doivent être pris.
Le télétravail ne peut pas être empêché…
Le Sgen-CFDT l’a encore rappelé récemment, par exemple dans l’Enseignement supérieur et la recherche ou dans le champ de la Jeunesse et des Sports, des agents se voient refuser le télétravail alors que les conditions sont réunies pour qu’ils puissent en bénéficier ( leurs tâches sont « télétravaillables », ils sont équipés d’ordinateurs portables….).
Cela n’est pas acceptable. Tous les moyens doivent être pris pour que les personnes qui le peuvent puissent télétravailler. Que ce soit dans cette période de confinement comme par la suite.
…Ni imposé sans toutes les garanties d’une qualité de travail
Il ne peut s’agir non plus, de décréter que tout le monde peut à nouveau se retrouver à domicile pour travailler à distance sans les moyens associés et sans que les cadres ne soient posés. En effet, des agents peuvent se trouver en situation de ne pas pouvoir effectuer pleinement leur mission ou de l’effectuer dans des conditions trop dégradées. On ne peut pas accepter de se retrouver dans la situation de mai, avec un retard accumulé qui met à mal les équipes de travail et la santé des agents. Ou alors, il faut accepter que des choses ne soient pas faites. Ou qu’elles soient faites autrement et soient étalées dans le temps. Cela nécessite du temps pour repenser collectivement le planning de travail.
En temps normal, le télétravail est limité à trois jours par semaine, cela a un sens. La nécessité de travail commun, de temps d’échanges en présentiel entre membres d’une même équipe, la nécessité du lien social… sont essentiels. Le télétravail à 100% peut-être à l’origine de risques psychos-sociaux importants.
D’autres part si certains peuvent, dans leur habitation, bénéficier d’espace suffisant pour avoir un cadre de travail à domicile satisfaisant, ce n’est pas le cas pour tous. Il semble donc qu’il faille aussi entendre que des agents puissent souhaiter ne pas être en distanciel à 100%.
Les services publiques restent ouverts ; Il s’agit alors de répondre au double défi de garantir la santé des agents et de tous, tout en permettant à chacun de continuer à travailler dans les meilleures conditions qui soient.
C’est pourquoi, dès le 2 novembre, il est nécessaire de réunir des groupes de travail et / ou les comités locaux (CT et/ou CHS-CT), pour élaborer les modes de fonctionnement de l‘articulation en présentiel et en télétravail les plus adaptés à la situation locale.
Rappel d’éléments constitutifs d’un télétravail réussi :
- le télétravail fait l’objet d’un protocole entre l’agent et son employeur,
- l’agent bénéficie d’un équipement fourni par l’employeur : un portable et les moyens de téléphonie nécessaire, un second écran…
- l’agent peut accéder de manière sécurisée à l’ensemble des applications qui sont nécessaires à son travail habituel,
- à son domicile, où dans un espace de co-working, l’espace personnel de travail permet de travailler dans de bonnes conditions,
- des formations sont proposées à l’agent comme à son supérieur,
- le protocole permet de cadrer le temps de travail de l’agent,
- tous les moyens existent pour être en liens avec le supérieur hiérarchique et les collègues de travail (visio, chat…)
- des réunions d’organisation de l’équipe de travail et de collaboration pour les missions communes sont organisées régulièrement,
- …
Garantir les conditions d’un travail en présentiel sécurisé
Depuis mai, des protocoles sont mis en œuvre. Chacun s’y est déjà engagé mais il est bon de rappeler quelques éléments de ce qui doit être ms en place. Le Sgen-CFDT porte ces exigences dans tous les lieux où il intervient.
- port du masque (fournis par l’employeur, en nombre suffisant pour le lieux de travail et le transport),
- aménagement des horaires de travail pour éviter les transports surchargés pour les agents concernés,
- distanciation sociale : avoir de la souplesse pour pouvoir changer de bureau. Éventuellement pouvoir s’isoler selon les présences et absences dans les bureaux. Limitation du nombre d’agents par bureau,
- aération des bureaux (5 minutes toutes les 20 minutes),
- circuits de circulation,
- limitation du nombre dans les ascenseurs, espaces communs,
- gel hydroalcoolique, savon en quantité suffisante…
- moyen de désinfection (photocopieurs par exemple).