Si le collège est l'homme malade du système éducatif, la guérison ne viendra pas de l'abandon du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, mais plutôt de son actualisation, sa clarification et de son soutien politique.
Une boussole : le socle commun… plutôt qu’une énième réforme du collège !
A l’heure où on parle de soigner « l’homme malade » du système qu’est le collège, il serait utile de ne pas oublier la trousse à pharmacie, que représente le socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
Ce socle a pour première vertu d’avoir été voté par le parlement après que son contenu a été défini par le Conseil Supérieur des Programmes. Il donne des repères forts et difficiles à atteindre, mais essentiels pour ne rien oublier de la complexité de la construction d’un citoyen éclairé. Il a également vocation à être la base sur laquelle s’appuyer pour continuer à apprendre après le collège, que ce soit vers la poursuite d’études professionnelles, générales ou l’apprentissage (… ou même la vie active, associative, etc, pour certains).
Cet objectif est à la fois plus ambitieux et plus précis que la référence à des fondamentaux jamais clairement précisés. Il est bien sûr difficile à faire vivre au quotidien, d’autant que le ministère ne l’a pas porté politiquement entre 2017 et 2022.
Avant de tenter une énième réforme du collège, il serait pertinent d’expérimenter la méthode annoncée par le Président de la République lui-même :
On ne réforme pas sans les acteurs.
Ce que propose le Sgen-CFDT pour relancer le socle commun
Aujourd’hui, beaucoup d’établissements ne parviennent pas à trouver un outil qui permette à l’élève de garder des traces de ses progressions de la fin de l’élémentaire jusqu’au lycée. Les ENT (Espace Numérique de Travail) sont souvent achetés par les collectivités (ville pour l’école, département pour le collège, région pour le lycée) et il n’y a pas de connexion entre les espaces. Le Sgen-CFDT demande une harmonisation au niveau national à la fois des référentiels (programme et LSU) et d’un outil qui permette le suivi de ce qui est acquis par l’élève (LSU, Folios).
Cet outil devrait permettre un travail en équipe disciplinaire, en équipe transversale et en inter degré si l’on garde la logique des cycles (3 CM1-6ème). Il nécessiterait de se mettre d’accord sur la définition même des compétences, ce qu’elles engagent en terme de transformations chez les élèves, et le contexte permettant de les travailler et les évaluer. De véritables temps de formation, de réflexion en équipes, à partir de travaux de chercheurs doivent pouvoir être mis en œuvre.
Ce travail collectif mérite d’être poursuivi dans la durée, pour expérimenter les démarches, de la conception à l’évaluation sur le long terme. Car si certaines équipes ont pu s’emparer du « travailler par compétence », « évaluer ces mêmes compétences » à l’échelle d’un cycle reste complexe. Il conviendrait en effet d’évaluer plusieurs fois, dans des contextes d’exercices différents. Une compétence doit à la fois préciser le contexte de difficulté et de complexité, de l’acquisition, tout en ne se résumant pas à une habileté fermée ou un exercice de répétition. La concertation nécessaire à ce travail en équipe doit être reconnue en temps ou en rémunération, au choix des enseignants.
Cette logique de travail collaboratif devra être développée aussi dans les attendus vis-à-vis des élèves. Les défis d’aujourd’hui (et de demain) montrent qu’il faudra savoir s’entraider, collaborer, travailler à plusieurs. Cela passera aussi par une modification des programmes.
Cette réflexion sur les programmes et les compétences à acquérir, ainsi que celle relative aux modalités d’évaluation, invitent à questionner l’école et ses différentes temporalités. Et ce, du point de vue de tous les acteurs, professeurs, équipes, établissement, élèves.