La refondation affirmait le principe de l'accès à la réussite scolaire pour tous. Décrochage, éducation prioritaire, inclusion scolaire, quelles sont les limites de la politique de refondation ?
La réussite scolaire doit être accessible à tous…
La refondation de l’école a réaffirmé le principe que la réussite scolaire doit être accessible à tous, rompant avec des politiques éducatives qui s’accommodaient du décrochage scolaire des moins favorisés. Mais si cela a débouché sur une réforme cohérente de l’éducation prioritaire, celle-ci reste encore à compléter et parachever. De plus, la promesse de l’école pour tous s’est révélée difficile à tenir quand il a fallu repenser les dispositifs les plus ségrégatifs et se donner les moyens d’une école véritablement inclusive.
S’il y avait bien une idée forte dans la refondation de l’école, c’est celle que la réussite scolaire est possible pour tous. Porteuse d’égalité, cette conviction était aussi mobilisatrice pour les personnels qui savent que les résultats de l’école française se sont détériorés parce qu’on a progressivement laissé décrocher les élèves les moins favorisés socialement. Un des chantiers majeurs de la refondation de l’école a ainsi été la refonte de l’éducation prioritaire. Le Sgen-CFDT, qui fut à l’origine du concept d’éducation prioritaire, en a soutenu les principes : resserrement de la carte d’éducation prioritaire pour concentrer les moyens d’action, ciblage uniquement sur les populations socialement les moins favorisées, réaffirmation de la dimension pédagogique de l’éducation prioritaire, valorisation des personnels qui y travaillent.
Assise sur de bon principes, la Refondation montre quelques limites dans sa mise en œuvre.
C’est le cas de la carte de l’éducation prioritaire qui a été bâtie sur les collèges et leur secteur, négligeant complètement certaines écoles, à la population très défavorisée mais rattachées à un collège socialement plus mixte (les « écoles orphelines »). De même, si la pondération des heures accomplies en éducation prioritaire permet bien une reconnaissance du travail spécifique des personnels de ces établissements, elle est encore parfois appliquée comme générant des obligations supplémentaires.
Enfin, l’attractivité des postes en éducation prioritaire n’est encore pas suffisante, ce qui oblige très souvent de travailler avec des collègues jeunes ou contractuels, par définition moins formés et moins expérimentés. Le Sgen-CFDT avait signé le protocole catégoriel de mai 2013 notamment parce que celui-ci prévoyait une amélioration du déroulement de carrière des personnels de l’éducation prioritaire. Cette disposition, encore en discussion, devra être à la hauteur des attentes si on veut vraiment réussir la refondation de l’éducation prioritaire.
Promouvoir tous les dispositifs d’inclusion
Par ailleurs, promouvoir l’école de la réussite pour tous suppose que l’on se préoccupe de tous les dispositifs qui permettent l’inclusion des élèves les plus en difficulté, porteurs de handicap ou en situation de décrochage, ainsi qu’à tous les personnels qui travaillent sur ces « frontières » de l’école républicaine. Il faut bien reconnaître qu’en la matière la refondation de l’école peine à se concrétiser !
C’est le cas pour les personnels accompagnant les élèves en situation de handicap : si on a obtenu une limitation de leur précarité et un début de formation, on reste encore très loin d’une reconnaissance d’une fonction à part entière. De la même façon, les personnels des Missions de Lutte contre le Décrochage Scolaire, qui ont pourtant contribué à la baisse significative du nombre de décrocheurs, attendent toujours que se mette en place le dispositif de reconnaissance de leur qualification professionnelle par une certification mais aussi par une indemnité équivalente à celle des professeurs principaux. Point noir, enfin, pour les SEGPA qui accueillent en collège les élèves réputés les plus en difficulté. Si les premières discussions laissaient entrevoir une évolution vers un dispositif plus inclusif, intégré dans le collège, elles ont vite tourné court. Le système scolaire n’est pas encore prêt à renoncer à ses structures les plus ségrégatives.
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