Malgré une activité législative et réglementaire tous azimuts, la refondation de l'école n'a pas affecté les lycées. Pour le Sgen-CFDT, le chantier de la réforme du lycée doit être ouvert au plus vite...
La refondation de l’école n’a pas concerné les lycées
Cela découle de la priorité accordée à l’enseignement obligatoire, mais aussi des contraintes du calendrier politique. Cela traduit aussi une réticence à engager une réforme complexe qui nécessiterait des décisions courageuses, notamment pour faire évoluer le baccalauréat. Pour le Sgen-CFDT, cette inertie est préjudiciable aux élèves comme aux personnels, et le chantier de la réforme du lycée doit être ouvert au plus vite.
Malgré une activité législative et réglementaire tous azimuts, la refondation de l’école n’a pas affecté les lycées. Cela peut s’expliquer par le plan de marche adopté (réformer d’abord le primaire et le collège), contrarié par l’approche de l’élection présidentielle, peu propice aux réformes hardies. Cela peut également s’expliquer par la proximité des réformes antérieures dont on dresse seulement maintenant le bilan officiel. Cela peut enfin s’expliquer par la complexité du chantier : il n’y a pas un mais des lycées, avec trois filières (professionnelle, technologique et générale) aux finalités différentes et composées chacune de plusieurs séries.
Une panne de la refondation difficilement tenable socialement
Si ces arguments peuvent s’entendre, il n’en reste pas moins que cette panne de la refondation est difficilement tenable socialement et politiquement, pour au moins trois raisons.
- La première est que les dernières réformes (2008 pour les LP et 2010 pour les LGT), incomplètes et mal financées, ont mis les établissements sous pression et qu’on ne peut y laisser perdurer le malaise des personnels et des élèves.
- Par ailleurs, le lycée ne peut rester le même alors que le collège comme le supérieur évoluent, sauf à prendre le risque de rendre inopérantes les évolutions du système scolaire, ou d’accroître la tension dans le fonctionnement des lycées.
- Enfin, le lycée français a grand besoin aujourd’hui de repenser sa raison d’être. Premier échelon à la sortie de l’enseignement obligatoire, le lycée n’est plus le sommet hiérarchique de l’enseignement secondaire, mais la première étape d’un continuum de formation qui mène de la seconde jusqu’à un diplôme d’insertion professionnelle, que ce soit un CAP, un bac pro, un master ou un doctorat. Il assume aujourd’hui la lourde tâche de devoir assumer la différenciation des parcours d’élèves tout en en garantissant l’équité.
Voilà pourquoi la refondation de l’école restera inachevée tant qu’on n’aura pas transformé en profondeur le fonctionnement actuel du lycée. Pour le Sgen-CFDT, il faut abandonner l’organisation en filières et en séries qui ne correspond ni aux besoins des élèves ni aux exigences de l’enseignement supérieur et qui impose une « gestion des flux » sans valeur pédagogique.
L’enseignement du lycée doit être modulaire, pour permettre de construire progressivement des parcours de formation cohérents avec les projets d’orientation des élèves comme avec les exigences de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle.
Un chantier ambitieux pouvait être entrepris
Un chantier qui paraît très ambitieux, mais néanmoins nécessaire et qui pouvait être entrepris pas à pas. En réorganisant la filière professionnelle, par exemple, pour y permettre une spécialisation progressive. Cela a été évoqué lors du bilan de la réforme du lycée, mais finalement abandonné. Pourquoi ? De même, on pourrait à peu de frais faire évoluer l’accompagnement personnalisé, pour le sortir d’une organisation uniforme (un horaire d’accompagnement hebdomadaire identique pour tous les élèves) contraire à l’idée même d’accompagnement. Le Sgen-CFDT propose ainsi une dotation globale des établissements en moyens d’accompagnement, qu’ils pourraient répartir sur certains moments de la scolarité, en fonction des besoins des élèves.
Le Baccalauréat : principal verrou
Mais le verrou le plus puissant qui empêche l’évolution du lycée est sans aucun doute le baccalauréat, ou plutôt son organisation actuelle en examen de barrage, plutôt que comme une passerelle d’orientation vers le supérieur. Pour le Sgen-CFDT, il faudrait dès maintenant le modulariser pour permettre une évolution progressive des cursus en lycée. Chaque élève passerait un baccalauréat construit non pas a priori, mais sur mesure, pour valider ses acquis en fonction de son projet d’orientation ou d’insertion professionnelle. Cela permettrait une plus grande cohérence dans les parcours de formation, moins d’échec dans les processus d’orientation, avec à la clé un système éducatif réellement bienveillant et accompagnant les élèves dans l’étape la plus délicate de leur scolarité. Une telle évolution a été écartée, les politiques craignant s’attaquer au « totem » du baccalauréat. Et la refondation reste inachevée.
Pour aller plus loin
> Refondation de l’école : un changement de cap salutaire, mais une démarche encore hésitante