Pour le Sgen-CFDT, la réforme du collège n'a de sens que si on l'applique en cohérence avec ses principes fondateurs. L'autonomie doit être réelle, mais aussi s'appuyer sur une vraie démocratisation du pilotage de l'établissement, ce qui suppose de revoir les règles de gouvernance des EPLE.
Une réforme modérée
La vigueur de la contestation de la réforme du collège peut faire croire que celle-ci est particulièrement hardie, mais il n’en est rien. Si elle est dans l’esprit de la refondation, cette réforme reste un projet très modéré qui doit sa notoriété au fait d’avoir contrarié les esprits les plus réactionnaires de la société française. Pour construire un collège de la réussite pour tous, il faut non seulement tenir bon sur les principes de la réforme, mais encore les mettre en œuvre plus franchement en dépassant une gouvernance trop bureaucratique ou autoritaire.
Des principes conformes à l’esprit de la refondation
Les principes que met en œuvre la réforme du collège sont conformes à l’esprit de la refondation : augmentation des moyens consacrés à chaque élève aux dépens des dispositifs dérogatoires, promotion du travail interdisciplinaire et collectif par les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), marges d’autonomie accordées aux équipes pédagogiques pour construire les cursus et déterminer leurs contenus. Tout cela constitue une rupture salutaire avec les politiques antérieures qui menaient à la déliquescence du collège unique, devenu le « maillon souffrant » de l’école.
Des principes qui heurtent les plus conservateurs
Mais si la réforme du collège a marqué les esprits, c’est sûrement plus par la virulence de la contestation qu’elle a suscitée. Ses principes ont heurté de front les esprits les plus conservateurs, voire réactionnaires, de la société française, et débouché sur l’alliance improbable du SNES, du SNALC et de l’académie française, dont les critiques ont été d’autant plus caricaturales qu’elle constatait son incapacité à mobiliser enseignants et parents d’élèves.
Et pourtant cette réforme, si elle est nette dans ses principes, reste très modérée dans ses modalités d’application.
Les dispositifs innovants (EPI, Accompagnement Personnalisé, marges horaires) ne mobiliseront à terme que 20% de l’horaire global. Plus significatif encore, la circulaire d’application et, trop souvent, les hiérarchies intermédiaires s’échinent à remettre de l’injonction et des contraintes là où la réforme préconise la liberté pédagogique des équipes. Tout se passe comme si le système, effrayé par ses propres audaces plus que par les contestataires, régressait vers ses vieilles habitudes de réglementation tatillonne, de pilotage vertical ou de recherche d’un improbable compromis social au détriment d’initiatives de terrain qui ne demandent qu’à foisonner. La refondation, au collège comme ailleurs, est d’abord menacée par l’inertie du système.
L’autonomie doit être réelle
Pour le Sgen-CFDT, la réforme du collège n’a de sens que si on l’applique en cohérence avec ses principes fondateurs. L’autonomie doit être réelle, mais aussi s’appuyer sur une vraie démocratisation du pilotage de l’établissement, ce qui suppose de revoir les règles de gouvernance des EPLE. Les innovations, telles que l’AP et les EPI, doivent être des modalités d’organisation pédagogiques qu’on doit pouvoir développer, et pourquoi pas généraliser, pas des séquences qui « contiennent » l’innovation, dans les deux sens du terme. Mais surtout, il faut reconnaître la place désormais centrale de l’ingénierie pédagogique dans le fonctionnement des établissements, en dégageant du temps pour le travail d’équipe et en augmentant les budgets d’Indemnités pour Missions Particulières (IMP) attribués aux collèges, comme le Sgen-CFDT le demande régulièrement.
Pour aller plus loin