Une réforme nécessaire mais restée au milieu du gué. Un dossier à rouvrir pour aborder la question du lien école - périscolaire, des rythmes annuels et de la valorisation de la contribution des enseignants...
Si elle avait le mérite de rompre avec la semaine de quatre jours, défavorable aux apprentissages comme aux conditions de travail des personnels, la réforme des rythmes scolaires est restée au milieu du gué. Faute d’avoir anticipé la construction du service d’accueil périscolaire, faute de considération, aussi, pour les personnels du premier degré et les collectifs de travail qu’ils constituent. Pour le Sgen-CFDT, il faut rouvrir le dossier avec les personnels des écoles et des centres de loisirs, avec les collectivités territoriales, mais aussi sur la question des rythmes annuels afin de mener la réforme à son terme.
Une réforme des rythmes scolaires était nécessaire.
Le passage à la semaine de quatre jours en 2008 avait aggravé le travers de l’école primaire française : concentrer trop d’heures de classe sur un trop petit nombre de jours. Avec des conséquences néfastes sur l’apprentissage et le confort des élèves, mais aussi pour les personnels dont les journées s’allongeaient et se densifiaient. Les enseignants témoignaient unanimement de la dégradation des conditions d’exercice d’un métier où l’on n’avait plus le temps nécessaire à la qualité des relations humaines (avec les enfants, les parents, les collègues, les partenaires de l’école). C’est le principal mérite du décret de janvier 2013 d’avoir rompu avec cette logique d’intensification du travail. Malheureusement, cette réforme n’allait pas assez loin et a payé le prix des archaïsmes de la gouvernance du premier degré.
Le passage à une semaine de 4,5 jours a eu un effet bénéfique de déconcentration de la journée scolaire, mais celui-ci est resté limité, et pas toujours immédiatement perceptible (surtout dans certains cas d’organisations « dérogatoires »). Pour être pleinement cohérent avec les intentions initiales et atteindre les buts qu’on s’était donnés, il aurait fallu interroger également la répartition et surtout le volume des heures de classe sur l’année. Mais cela supposait d’être bien plus avancé sur la construction de l’accueil périscolaire qu’on l’était alors. De ce point de vue, la réforme des rythmes scolaires a souffert de n’être pas assez anticipée.
Une réforme révélatrice du manque de considération pour les enseignants
Du point de vue des personnels enseignants, la réforme a aussi été le révélateur du peu de considération réelle qu’on leur accordait. Tout d’abord, l’effort de présence accru qu’on leur demandait n’était guère payé de retour : le protocole catégoriel, signé notamment à la demande du Sgen-CFDT, date de mai 2013 et ses objectifs de revalorisation ne sont encore pas tous atteints aujourd’hui. Ensuite, et peut-être surtout, la réorganisation de la semaine scolaire a très souvent été le fruit de compromis passés entre les autorités académiques et les communes, sans que les collectifs de travail enseignants ne soient associés à la discussion. Les personnels ont ainsi pu mesurer à quel point l’école primaire, faute de personnalité juridique, est incapable de décider de ses propres affaires.
Un dossier qu’il faut rouvrir
La réforme des rythmes scolaires a été si chaotique qu’il peut (pourrait ?) paraître sage de ne pas rouvrir le dossier avant longtemps. Pour le Sgen-CFDT, il n’y aurait au contraire rien de pire que de rester au milieu du gué. Avec la CFDT, il demande le développement d’un accueil périscolaire de qualité, ce qui suppose un engagement plus grand des collectivités territoriales, avec notamment de la formation pour les intervenants (il y a d’ailleurs là un gisement d’emplois prometteurs pour l’avenir). Cela permettra de poser enfin la question du temps de l’enfant dans sa globalité et sa continuité, et plus particulièrement de différencier le temps de classe selon l’âge et selon les besoins. Avec à la clé une vraie déconcentration de la journée scolaire et un allègement du temps de face-à-face des enseignants avec la classe entière.
La contribution des enseignants doit être valorisée
Mais le Sgen-CFDT demande aussi qu’on valorise enfin la contribution des personnels enseignants du premier degré. Cela suppose d’abord qu’on leur assure une équité avec leurs collègues du second degré, en termes de rémunération, de régime indemnitaire, de promotion. Cela suppose aussi qu’on leur donne plus de pouvoir sur l’organisation de leur travail et la vie de leur école en créant un établissement du premier degré à la gouvernance démocratique. Cela suppose enfin que l’on reconnaisse à sa juste mesure le travail des directeurs d’école, qu’on admette qu’il ne consiste pas en un ensemble de « tâches », mais qu’il est un métier à part entière méritant formation, soutien et rémunération.
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