La mise en place de la réforme du collège met sous pression, depuis la fin de l'année scolaire dernière, l'ensemble des personnels d'encadrement qu'ils soient « cadres encadrants » ou « cadres experts » .
DES DIFFICULTÉS PRÉVISIBLES
Le Sgen-CFDT, qui, à l’inverse des contempteurs de la réforme, a approuvé les grands principes de cette réforme, avait cependant, au CSE du 3 juin 2015, alerté le ministère sur les difficultés qui risquaient de survenir, sur trois plans: celui de la gouvernance, celui de la formation, et celui du temps de travail.
Déjà, lors de sa conférence de rentrée, le Sgen-CFDT pointait la charge de travail des personnels d’encadrement dans le cadre de la mise en œuvre de réformes d’ampleur.
GOUVERNANCE, UN CHANGEMENT DE PARADIGME INDISPENSABLE :
Le premier écueil que nous avions souligné, c’était la propension des échelons intermédiaires à préempter, voire à confisquer une part des marges d’autonomie accordées aux établissements. Réimplantation de bilangue sans concertation par ici, tour de passe passe entre IMP et DHG par là, non création de poste en collège pour telle autre académie malgré les moyens accordés au CTM de décembre 2015, les tentations de restreindre cette autonomie restent vives, et de nombreux témoignages de personnels de direction nous ont permis d’interpeller le ministère sur ces sujets.
Dans un ministère traditionnellement habitué à fonctionner de manière « descendante » et par circulaire, où chaque échelon hiérarchique est habitué à décliner « au local » la circulaire provenant du niveau hiérarchique supérieur, il ne faut pas s’étonner non plus que certains cadres intermédiaires aient attendu l’arrivée des consignes parfois bien tardives des rectorats pour entamer le travail considérable de préparation de la rentrée 2016, perdant ici un temps précieux. Là aussi il est indispensable de favoriser la prise d’autonomie des responsables de terrain en renforçant leur accompagnement. Les remontées de terrain nous montrent que plus la réforme a été anticipée, mieux le travail a pu s’engager.
FORMATION, UN NOUVEAU MODÈLE À CONSTRUIRE :
Du coté de la formation, nous avions alerté la ministre sur les risques de formations à la fois trop tardives, trop déconnectées de la construction des projets dans les collèges, et bien souvent mise en place trop systématiquement « hors temps de service » des enseignants. Dans ces conditions, les inspecteurs, personnels de direction et formateurs intervenants dans ces formations ont été d’autant plus victimes des « opérations grains de sable » menées par des opposants à la réforme du collège, ce qui n’a pas facilité leur travail.
La mise en œuvre de ces formations a été l’occasion dans plusieurs académies de mettre en place des groupes de pilotage regroupant personnels de direction, personnels d’inspection et formateurs. Là où ce travail a été mené jusqu’au bout, allant jusqu’à des temps de formation animés en commun, les équipes formatrices pouvaient mettre en évidence l’interêt d’un travail collaboratif permettant de mixer les points de vue et les compétences.
Si chacun est resté sur son pré carré (organisationnel pour les uns, disciplinaire pour les autres) et sans réflexion commune sur les outils et modalités de formation, il y avait plus de risque de voir se développer des approches divergentes et par trop segmentées. La complexité de ces formations aux objectifs multiples, la difficulté parfois à trouver des formateurs sur des problématiques centrales, et la pauvreté de certains dispositifs proposés ont aussi mis en évidence les carences de la formation continue, sinistrée aussi par des années d’économie budgétaire !
TEMPS DE TRAVAIL, DONNER DES MARGES AUX PERSONNELS :
La réforme, par l’ampleur et la globalité des transformations organisationnelles et pédagogiques à opérer collectivement impacte à la fois le temps de travail des personnels d’encadrement et des équipes pédagogiques et éducatives.
Mise en place de nouvelles instances comme le Conseil école-collège, concertation accrue dans les collèges, activation du Conseil Pédagogique, élaboration de projets pédagogiques interdisciplinaires, appropriation des nouveaux programmes et du nouveau socle commun, construction de programmes pédagogiques spécifiques à chaque établissement, la mise en œuvre des fondements de la réforme du collège en une année scolaire est un challenge inédit dans la grande maison Education Nationale.
Du coté des personnels d’encadrement,
afin de leur permettre de prioriser leur action sur le pilotage du changement, nous attendions un allègement de leur charge de travail ordinaire, et des marges étaient possibles, en particulier en desserrant les calendriers des remontés de DGH, en déclarant comme nous l’avions proposé un « moratoire » sur les campagnes d’évaluation et de notation des personnels enseignants. Il faut bien dire que nos collègues n’ont pas vu la grande machine administrative ralentir son rythme et s’adapter aux contraintes d’une année pour le moins extraordinaire.
Du coté des personnels enseignants,
l’affirmation systématique (et bien souvent l’application concrête sur le terrain de cette affirmation) que tous les temps de travail liés à la préparation de la rentrée 2016 et tous les temps de formation devaient se positionner hors du temps de service devant élèves ont cristalisé aussi les oppositions. Outre qu’en ce qui concerne les temps de formations, les nouveaux décrets statutaires enseignants ne les repoussent pas dans le « bloc 2 », c’est à dire celui des missions liées au service d’enseignement, les temps de concertation exceptionnels liés à la mise en œuvre de la réforme auraient mérité une affirmation claire du ministère permettant aux équipes de direction de mettre en œuvre des temps banalisés.
Faute d’un discours clair, les personnels d’encadrement se sont souvent retrouvés bien seuls faces à leurs équipes.
FACE À CETTE RÉFORME D’AMPLEUR, QUEL TRAVAIL SYNDICAL ?
Pour le Sgen-CFDT, la discussion des textes et la mise en œuvre sur le terrain de la réforme du collège a été l’occasion de mettre à l’épreuve la cohérence de son modèle de syndicat général « inter-degré et intercatégoriel » : dans les discussions au ministère et dans les instances comme le CSE, le Sgen-CFDT a ét la seule organisation syndicale à avoir une position identique et globale quels que soient les points abordés, ce qui est loin d’être le cas d’autres organisations représentatives.
Entendre les déclarations de Force Ouvrière en CSE sur le collège et les confronter aux positions de sa « branche » personnels de direction Indépendance et Direction, assister aux discussions sur la circulaire collège, corsetée par le SE Unsa, dans la réunion des organisations syndicales enseignantes alors que le SNPDEN Unsa était vent debout contre l’autonomie « bridé », dans la réunion parallèle des organisations syndicales « inspections et direction » a renforcé notre conviction que le modèle syndical catégoriel est un modèle dépassé si l’on veut de la cohérence et de la clarté dans les projets que l’on défend pour l’ecole et pour les personnels.
Bon à savoir :
Au sein du Sgen-CFDT, le travail sur la réforme du collège a été l’occasion de travail inter-catégoriel pour élaborer tous les outils mis à disposition des équipes, et de construire un réseau militant « collège » mélant sur la même liste d’échanges les personnels enseignants et les personnels d’encadrement.
Pour aller plus loin
> Préparer la rentrée « collège 2016 »
> La guerre du collège n’aura pas lieu ! Le dossier de Profession Éducation
> Le Sgen-CFDT écrit à la ministre à propos de la formation des principaux de collège
> Notre dossier : collège pour tous !