Le CNESER du 13 novembre dernier a émis un avis favorable sur le projet de loi réformant l'accès au 1er cycle de l'enseignement supérieur. La CFDT fait partie des organisations qui ont voté favorablement. Pourquoi ?
Sortir d’une situation devenue intenable
Tout d’abord la situation actuelle dans les universités n’est plus tenable. Le tirage au sort pratiqué dans de nombreux établissements a concerné à la rentrée dernière près de 70 000 étudiants, mais la hausse massive des inscriptions en Licence 1 n’est pas le seul problème. En effet, une augmentation des capacités d’accueil ne réglera pas le problème de ces milliers d’étudiants qui se sont inscrits dans une filière dont ils n’ont ni les compétences pour y suivre un cursus, ni parfois les appétences. Sans parler de ceux qui ont de fausses représentations sur les contenus et les débouchés des formations parce qu’ils n’ont pas bénéficié d’un véritable accompagnement à l’orientation.
Réactiver le dispositif Parcours Avenir
Les moyens insuffisants consacrés dans l’éducation nationale à l’orientation en sont pour une grande partie la cause. Un tiers des personnels des services d’information et d’orientation sont des agents non titulaires qui subissent un turn-over important. Les professeurs principaux des classes de terminale, en charge de l’orientation des lycéens, n’ont pas de décharge d’enseignement pour cela et sont rattrapés par les tâches qui s’empilent toujours plus. Les formations leur permettant de découvrir les filières de l’enseignement supérieur sont souvent inexistantes. Malgré la bonne volonté de tous et l’existence de projets sur l’aide à la construction du « Projet de formation » dans de nombreux établissements, les moyens restent trop insuffisants. Or nous le savons bien, ce n’est pas au mois de décembre de l’année de terminale qu’un jeune peut construire son orientation. La réforme suppose de réactiver au lycée le « Parcours Avenir » et de donner plus de moyens aux personnels de l’éducation nationale.
La responsabilité de la réussite ou de l’échec de la réforme repose donc en grande partie sur le ministre de l’Éducation Nationale et sa volonté de construire des réponses ambitieuses aux enjeux de l’orientation en lycée.
Le Dernier mot au bachelier
Ensuite, la réforme garantit le dernier mot au bachelier sur une inscription dans l’enseignement supérieur. La phrase « Le premier cycle est ouvert à tous les titulaires du baccalauréat et à ceux qui ont obtenu l’équivalence ou la dispense de ce grade en justifiant d’une qualification ou d’une expérience jugées suffisantes » est maintenue dans le texte du projet de loi.
Contraindre à terme tous les établissements à mettre en place des dispositifs d’accompagnement.
Si ses compétences ne correspondent pas aux attendus de la filière, il pourra être demandé au bachelier de s’inscrire dans un parcours de soutien pour lui éviter l’échec, parcours qui lui permettra d’obtenir des crédits ECTS (crédits capitalisables et transférables). Le projet de loi mentionne la possibilité de capacités d’accueil, pour des raisons de locaux, d’encadrement… Dans ce cas, ces capacités doivent être fixées par les instances de l’établissement (CAC+CA), puis être validées par le recteur. Il appartiendra bien sûr aux membres de ces instances de vérifier qu’elles sont justifiées par des contraintes matérielles, afin d’éviter une sélection malthusienne. À défaut, les recours d’étudiants devant les tribunaux administratifs vont se multiplier, comme ils l’ont fait dans la période récente (master, tirage au sort).
La CFDT n’y voit là rien de problématique bien au contraire car ces dispositions contraignent à terme tous les établissements à mettre en place ces dispositifs d’accompagnement, ce qui va dans le sens de ce que nous défendons.
Recruter en particulier dans les services d’information, d’orientation et d’insertion professionnelle des universités.
Financer les capacités d’accueil et les créations de postes
Enfin, la CFDT a rappelé pendant toute la concertation que cette réforme devait être financée. Elle le sera dans l’enseignement supérieur. Les dispositifs bénéficieront des 450 millions d’euros sur 5 ans pris sur le PIA 3 dans le cadre du Grand Plan d’Investissement. S’ajoutent à ce montant, 500 millions d’euros sur 5 ans d’extra budgétaire. 20 millions seront débloqués pour la période de septembre à décembre 2018. Cela permettra de créer 446 postes et des capacités d’accueil supplémentaires dans les filières en tension. Pour la CFDT ces postes doivent permettre de recruter en particulier dans les services d’information, d’orientation et d’insertion professionnelle des universités.