La réforme du lycée a des implications sur les spécialités mais aussi sur les enseignements de tronc commun : témoignage d'une enseignante d'anglais, adhérente du Sgen-CFDT Pays de Loire
En anglais, les enseignant.es subissent les conséquences de la réforme du lycée dans le tronc commun et en spécialité : des conditions de travail et d’apprentissage dégradées, une course contre le temps, une surcharge de travail.
Évaluation en tronc commun
Un plan local d’évaluation a été établi en début d’année. Nous nous sommes engagés à évaluer les différentes compétences dans l’année mais nous ne disposons que de 2 heures de cours, jamais à suivre et nous devons évaluer 5 activités langagières différentes. Nous déplorons l’absence d’aide de la part des inspecteurs-trices au sujet des grilles d’évaluations. Celles de la réforme du lycée sont inapplicables. Nous essayons de nous mettre d’accord en équipe sur un barème à adopter mais c’est difficile par manque de temps de concertation notamment.
Nous nous heurtons également au problème d’absentéisme des élèves depuis longtemps mais encore plus flagrant cette année. Le rattrapage des devoirs est un casse tête : il faut trouver un nouveau créneau, prévoir un autre sujet avec son barème, le calibrer pour qu’il soit semblable à celui donné au reste de la classe sous peine de réclamations et les conditions de rattrapage ne sont pas toujours optimales ( salle de permanence … ). Devant les nombreuses plaintes de collègues, la direction a proposé un cadrage plus serré (attribution d’un zéro si l’absence n’est pas justifiée, convocation pour un rattrapage sans négociation de date et heure, attribution d’un zéro si absence non justifiée au rattrapage).
En ce qui concerne les absences à plusieurs devoirs , la direction a décidé récemment de mettre en place une session de rattrapage en fin d’année pour les 1ère et Term. La note attribuée fera office de note semestrielle.
Réforme du lycée et spécialités LLCE – AMC
La 1ère année de la réforme du lycée, le lycée avait ouvert une spécialité LLCE . Nous avions 3 groupes de spécialité. Lorsque le Ministère a annoncé la création d’une spécialité AMC, nous avons pensé que cette spécialité était susceptible d’intéresser des élèves qui ne souhaitaient pas se spécialiser en anglais pour étudier la littérature mais pour approfondir leurs connaissances du monde contemporain tout en consolidant leurs compétences linguistiques. Nous pensions aux élèves se destinant à des écoles de commerce, sciences politiques ou études scientifiques. Nous nous sommes donc déclarés favorables à l’ouverture de cette spécialité. Cependant, la direction a demandé aux élèves quelle spécialité ils souhaitaient et comme un tout petit groupe (5 élèves de mémoire ) s’est positionné sur la spécialité LLCE, la direction a supprimé l’offre de LLCE en 1ère et en Term. Nous avons eu l’impression d’avoir été piégées mais n’avons rien pu faire. Nous avons élaboré il y a 3 ans déjà un programme commun en 1ère et Term et un autre pour les 2 niveaux de spécialité pour éviter les recoupements. C’est une contrainte mais cela permet d’éviter les redites.
Une charge de travail pour les examens lourde et inéquitable
En ce qui concerne les épreuves d’AMC, nous sommes là aussi démunis pour évaluer. La grille d’évaluation de la synthèse est beaucoup trop vague et aucun corrigé n’a été proposé aux correcteurs. Un webinaire propose des corrections de copies faites par des collègues et annotées mais cela ne suffit pas pour comprendre ce qui est réellement attendu. La grille d’évaluation de la traduction est très floue (aucune mention des types de fautes) et les consignes données aberrantes (pas de découpage en segments, pas de points-faute et pas de comparaison des copies) . Le seul commentaire fait par les inspecteurs et les formateurs (nous avons assisté à une formation l’an passé et avions de fortes attentes à ce sujet ) est que nous sommes des experts et que notre expertise doit nous permettre de trancher ( entre 8 et 12 par exemple ! ).
En ce qui concerne les oraux, l’an passé, nous avions eu une visioconférence avec l’inspection en amont pour poser nos questions. Rien de tel cette année. Les nouveaux collègues convoqués ont donc dû se débrouiller seuls avec des consignes là encore assez floues. (nature exacte des documents et nombre, la problématique peut elle figurer sur le dossier dont dispose l’élève, les documents peuvent ils être surlignés, le tampon du lycée est il obligatoire ?…)
Les modalités de passation se sont améliorées par rapport à celles des épreuves de langues ancienne mouture : 6 candidats par demi journée c’est confortable. Mais les grilles de notation ne sont pas nominatives et nous devons renseigner nom, prénom, numéro de candidat….
Une dernière remarque concernant la répartition des tâches. Nous sommes 7 collègues à enseigner en spécialité AMC ( 4 en 1ère et 3 en Term) . L’an passé, seuls deux collègues avaient été sollicités (une pour les copies , un autre pour les oraux ) . Cette année, une seule collègue a eu des copies et elle enseigne en 1ère (30 copies / 2 sujets différents / 2 exercices différents ). Les autres collègues ont tous été convoqués pour les oraux mais sur 2 ou 3 journées seulement. Cette répartition nous paraît très inéquitable d’autant plus que la numérisation des copies alourdit le travail de correction.
Un calendrier très déséquilibré
Enfin, en ce qui concerne le calendrier annuel, la passation d’épreuves en mars a fortement impacté les cours des autres niveaux. Pas de cours pour les 1ère et 2nde pendant les 2 jours d’épreuve, puis emplois du temps à trous sur les deux semaines à suivre ( profs absents pour corrections ou épreuves pratiques de sciences et langues ). Les élèves de Terminale reviennent peu motivés pour suivre des enseignements de tronc commun pour un coefficient anecdotique par rapport à ceux de spécialités. La direction avait demandé aux profs de tronc commun (mail envoyé au début des vacances d’hiver) de ne pas prévoir d’évaluations pendant le mois de mars. Il nous reste 15 jours en avril avant les congés puis un mois de mai en gruyère pour évaluer nos élèves et finir le programme.