Lundi 17 juillet de 14 heures à 17 heures, Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation a entamé une large concertation sur la réforme de l'entrée dans le premier cycle universitaire.
Pour le Sgen-CFDT cette première rencontre a été positive et a enfin permis de poser la question de la démocratisation de la réussite étudiante, et pas seulement celle de la gestion de la massification.
la sélection existe déjà à l’université
En effet, le taux d’échec en licence reste trop élevé et touche plus particulièrement les étudiants issus des milieux les plus modestes. Seuls 27 % des étudiants réussissent leur licence en 3 ans , 40 % en 4 ans. Le taux de réussite en licence d’un bachelier professionnel est de 1,6 %. Pour le Sgen-CFDT, la sélection existe donc déjà à l’université. Elle opère par l’abandon massif de ces jeunes pendant le premier semestre. Elle est socialement injuste car elle touche essentiellement les plus fragiles.
Comme le demandait le Sgen-CFDT depuis déjà 4 ans, la ministre a décidé d’ouvrir enfin ce dossier pour plus de justice sociale. Le Sgen-CFDT portera lors des discussions des propositions. Il a aussi rappelé les lignes rouges qu’il ne faudra pas franchir. Tout bachelier doit avoir le droit de s’inscrire dans une formation post bac. Cette garantie a été approuvée par la ministre, y compris pour les bacheliers professionnels. Les étudiants ne doivent pas être enfermés dans un parcours dont ils ne pourraient plus sortir. Le choix final doit revenir à l’étudiant.
accompagner les élèves dans la construction d’un projet personnel de formation
Pour le Sgen-CFDT, les étudiants doivent pouvoir émettre un avis éclairé. Il est donc indispensable que l’État mette à leur disposition les moyens humains et financiers pour qu’ils puissent exercer ce choix. C’est dès le lycée que les personnels d’orientation, d’éducation et les enseignants, en particulier les professeurs principaux, doivent être en capacité d’accompagner les élèves dans la construction d’un projet personnel de formation. Il leur faut donc du temps pour recevoir les élèves, pour se former à l’utilisation d’APB (Admission Post Bac), à une meilleure connaissance des contenus et attendus des formations post bac. Mais c’est aussi à l’entrée de l’université que tous les dispositifs d’accompagnement nécessaires doivent être mis à disposition des étudiants pour les aider à finaliser leur projet personnel ou à acquérir les compétences manquantes. Pour le Sgen-CFDT l’orientation active n’est pas un mot vide de sens et de moyens. Elle doit permettre au jeune de s’inscrire dans un continuum de formation bac -3 bac +3.
prendre enfin en compte les compétences transversales
Le Sgen-CFDT n’est pas opposé à la notion de prérequis. Ceux ci doivent être élaborés nationalement avec l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur. Le comité de suivi licence master doctorat doit être missionné pour accompagner cette construction. Ce travail devra aussi associer les acteurs de l’Éducation Nationale car il ne serait pas envisageable de traiter l’aval sans traiter l’amont. Pour le Sgen-CFDT, il n’est pas envisageable que les filières de baccalauréat, les mentions obtenues au bac, une note dans une ou plusieurs disciplines constituent des entrées pertinentes. La démarche scientifique n’a pas le droit de cité que dans les filières de sciences tout comme la maitrise d’un bon niveau de connaissances et compétences dans les domaines linguistique ou littéraire dans les seules filières de sciences humaines et sociales. Par ailleurs, il sera indispensable de prendre enfin en compte les compétences transversales, comme la capacité à s’engager dans une démarche projet, à planifier son travail, à travailler en équipe… Ces compétences, tout aussi indispensables pour réussir dans sa formation et s’insérer professionnellement que les seules compétences disciplinaires, doivent être travaillées au lycée.
La concertation ne devra pas faire l’économie d’une réflexion sur le baccalauréat et sur le lycée. Ces chantiers ont été annoncés par le ministre de l’Éducation Nationale. Ils ne pourront être déconnectés du travail réalisé sur l’entrée dans le premier cycle universitaire. Il reste donc aux deux ministres à expliquer l’articulation entre ces différents temps et leur volonté de travailler au continuum bac-3 bac+3.
Enfin, la question de la place des formations post bac sélectives hors université (BTS, classes préparatoires, Écoles…) et de leur financement est un sujet qu’il faut absolument traiter.
On peut difficilement expliquer le budget supplémentaire de 60 millions d’euros en 2016 pour Polytechnique pour moins de 3000 étudiants, alors qu’en 2017 l’ensemble des universités recevaient 100 millions d’euros supplémentaires pour plus de 1 600 000 étudiants.
Lire le communiqué de presse commun CFDT – Sgen-CFDT – Fep-CFDT