Avec l'annonce par Jean-Michel Blanquer de l'abandon de la fusion des académies à l'échelle des régions, on pourrait croire que le débat est clos. Il n'en est rien : le projet de réforme territoriale ne se limitait pas aux fusions d'académies. Le travail syndical doit donc continuer.
Après avoir annoncé, au cœur de l’été 2018, qu’il n’y aurait plus au 1er janvier 2020 qu’une académie par région, le ministre de l’Éducation nationale est revenu sur cette décision ces derniers jours. Auditionné par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale il a notamment déclaré, le 23 janvier dernier, qu’il préférait finalement explorer la piste de l’autorité hiérarchique du recteur de région sur les autres recteurs de la région. Il a ajouté, le 31 janvier, qu’il entendait garder tous les recteurs et tous les rectorats.
Le Sgen-CFDT se réjouit de cette annonce : depuis le début de la discussion, c’était l’hypothèse que nous privilégions. Elle évite des bouleversements inutiles et permet de régler les conflits que risquait de faire naître le développement des services interacadémiques. Faut-il pour autant décréter la victoire acquise et refermer le dossier ? Certainement pas ! La fusion des académies dans les régions multiacadémiques n’était que l’un des sujets de cette réforme territoriale. Le plus spectaculaire, sans doute, mais pas le seul !
Dans les semaines suivantes, le Sgen-CFDT sera particulièrement vigilant sur les points suivants :
En terminer avec l’expérience normande
Le ministre veut, nous dit-il, « garder tous les recteurs et tous les rectorats ». Que faire par conséquent de la Normandie ? Elle reste pour l’instant composée de deux académies, mais placées sous la responsabilité d’un seul recteur.
Soyons clairs : l’expérience normande se passe mal. C’est même cet exemple qui nous a conduit à juger dangereuses les fusions d’académies généralisées ! De nombreux témoignages nous remontent des deux rectorats normands dénonçant la brutalité des réorganisations entreprises par le recteur en vue de la fusion des académies.
Pour le Sgen-CFDT, il est temps d’arrêter ce gâchis. La Normandie pourrait au contraire être lieu où la cohabitation entre les académies et une région académique plus intégrée que d’autres serait expérimentée. Les services qui ont déjà avancé leur rapprochement et pour lesquels le niveau régional semble être le bon devenant des services interacadémiques. D’autres resteraient au niveau de chaque académie lorsque la proximité du terrain l’exige.
Régions académiques/académies/DSDEN : pas de transferts mal pensés !
Le ministre a également annoncé des déplacement de compétences vers les DSDEN, dans un souci de proximité avec les usagers. C’est une logique à laquelle nous ne sommes pas forcément hostiles dans l’abstrait. Mais cependant les services déconcentrés sortent tout juste d’une cure d’« académisation » menée à la baguette. Faudra-t-il retransférer aux DSDEN des services qui viennent juste d’en partir ? Cela aurait évidemment un coût, financier mais surtout humain.
De la même manière, les éventuelles mutualisations à l’échelle des régions académiques seraient inacceptables si leur véritable finalité était de supprimer des postes. L’éducation nationale et l’enseignement supérieur sont déjà notoirement sous-administrés ; vouloir aller plus loin, c’est risquer de dégrader brutalement, et les services aux usagers, et les conditions de travail des collègues !
Pour le Sgen-CFDT, il conviendra d’examiner au cas par cas, et en concertation avec les agents, le bon échelon pour positionner un service. Niveau régional ? académique ? départemental ? infra-départemental peut-être ? Ça dépend ! La réponse devra en tout état de cause être co-construite avec les personnels concernés.
Premier degré : au-delà de la cartographie des circonscriptions, penser la gouvernance de l’école
La révision de la cartographie des circonscriptions d’IEN faisait également partie de cette réforme territoriale. Il est bien difficile de savoir où on en est aujourd’hui à ce propos. Mais il faut aller au delà du simple découpage territorial pour repenser le rôle des IEN. Derrière cette question se cache nécessairement celle de la gouvernance de l’école.
Cette question a été remise sur le devant de la scène ces derniers jours par un amendement parlementaire assez malencontreux. Il serait bon que la réforme territoriale soit l’occasion d’ouvrir ce dossier posément, avec en ligne de mire des rapports aux familles et aux élus améliorés et une autonomie des équipes pédagogiques renforcée. Le Sgen-CFDT travaille depuis longtemps sur ce dossier ; c’est un débat auquel nous sommes prêts !