La publication de juillet 2017 de l'INSEE sur les salaires dans la fonction publique de l’État fait apparaître des constats peu reluisants à propos de la rémunération des enseignant·e·s. Le Sgen-CFDT revient sur ces éléments.
Chaque année, l’INSEE publie l’état des salaires dans la fonction publique de l’État. Cette année, plusieurs médias mettent en avant quelques lignes qui sont consacrées à la rémunération des enseignants.
Une rémunération qui progresse moins vite
L’information qui a retenu le plus l’attention c’est le fait que la rémunération des enseignant·e·s progresse moins vite que celle des autres fonctionnaires. Alors qu’en 2013 et 2014 le salaire net moyen des agents de la fonction publique de l’État diminuait, l’INSEE montre qu’en 2015, le salaire net moyen a augmenté de 0,3 % mais de seulement 0,1 % pour les enseignant·e·s en euros constants.
Une rémunération moyenne plus faible que pour les catégories A
S’ajoute à cela le fait que les enseignant.e.s ont une rémunération sensiblement plus faible que celle des autres fonctionnaires de catégorie A. Le salaire net moyen des enseignant·e·s en équivalent temps plein est inférieur de 27,4 % aux fonctionnaires de catégorie A qui ne sont pas enseignants.
Le poids des régimes indemnitaires accentue les écarts
La réflexion devra porter aussi bien sur la partie indiciaire de la rémunération que sur tout ce qui concerne les primes et indemnités. En effet, les données complémentaires de l’INSEE montrent que l’écart se creuse entre le traitement indiciaire brut et la rémunération nette.
Par exemple, le traitement brut moyen des enseignant·e·s est plus élevé que celui des non-enseignants (2 755 euros contre 2 243 euros) mais leur salaire moyen net est un peu plus faible (2 639 euros contre 2 678 euros) notamment du fait que les primes et rémunérations annexes sont 2,4 fois moins importantes.
Le traitement moyen brut des enseignant·e·s représente 97,5 % du traitement moyen brut des catégories A, mais seulement 91,2% du salaire moyen net. Là aussi, une partie de l’explication réside dans des primes et rémunérations annexes bien moins importantes que pour la moyenne des fonctionnaires de catégorie A.
Et le rajeunissement dans tout ça ?
La moindre progression du salaire net moyen des enseignant·e·s s’explique sans doute en partie par le plus fort rajeunissement des corps enseignants du fait à la fois des départs à la retraite et des recrutements plus nombreux depuis 2012. Les collègues en début de carrière ont une rémunération plus faible que les agents plus avancés dans leur carrière. Le rajeunissement ralentit donc l’augmentation de la rémunération moyenne.
Les inégalités femmes-hommes : grande stabilité
Les médias ont moins insisté sur un point que l’INSEE souligne année après année : les inégalités femmes-hommes. Le salaire net moyen des femmes dans la fonction publique de l’État est 14,4% plus faible que celui des hommes. Si l’écart se réduit un peu, ce n’est que très lentement puisqu’il était de 14,7% en 2013… à un tel rythme l’égalité n’est pas pour demain !
Le salaire net moyen des femmes dans la fonction publique de l’État reste 14,4% plus faible que celui des hommes.
Par ailleurs, l’écart est plus fort chez les catégories A : le salaire net moyen des femmes est 17,3% plus faible que celui des hommes, et c’est encore pire chez les enseignant.e.s car cet écart passe à 13,4% si on ne tient pas compte des enseignant·e·s.
Les revendications du Sgen-CFDT
Un salaire moyen net plus faible que les autres catégories de fonctionnaires et qui progresse moins vite… deux raisons qui peuvent contribuer à ce que des étudiant·e·s optent pour d’autres carrières plus rémunératrices que l’enseignement. Alors que depuis plusieurs années les concours peinent à faire le plein, et même si plusieurs études montrent que l’argument économique n’est pas seul en cause, pour le Sgen-CFDT la question de la rémunération des enseignant·e·s doit être liée à celle de l’attractivité du métier.
Les grilles indiciaires ne protègent pas les femmes des inégalités de rémunération par rapport à leurs collègues masculins, y compris chez les enseignant·e·s pour lesquels les primes pèsent relativement peu sur la rémunération nette. Inégalités de déroulement de carrière mais aussi inégale distribution des primes expliquent certainement cette situation. Le Sgen-CFDT l’a rappelé à de nombreuses reprises lors des comités techniques ministériels de l’Éducation nationale.
Pour le Sgen-CFDT, il faut :
- mettre en œuvre intégralement les mesures de revalorisation liées au protocole sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations et ce pour tous les agents,
- aller au-delà des récentes revalorisations des débuts de carrière des enseignant·e·s pour rendre cette carrière plus attractive,
- aller au-delà de la revalorisation de l’ensemble de la carrière inscrite dans le protocole sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations,
- mener un travail de fond sur les causes des inégalités de rémunération entre les femmes et les hommes afin d’agir efficacement.
Pour aller plus loin :