Alors que l'amendement 6 quater de la Loi "pour une école de la confiance" fait débat au prix parfois de très nombreuses infox, le Sgen-CFDT a souhaité rencontrer la députée à l'origine de cet amendement.
Il s’agissait de comprendre ses motivations, mais aussi de lui montrer en quoi ces EPLESF sont en dehors de toute réalité.
Dans une rencontre d’une heure et demie, très cordiale, le Sgen-CFDT a pu affirmer ses positions sur la création de ces établissements, qui posent en fait plus de questions qu’ils ne donnent de réponses sur le territoire. Cécile Rilhac a écouté et tenté de donner des réponses aux inquiétudes, qu’elle juge légitimes, de la part des personnels.
Un amendement qui pose problème
Pour le Sgen-CFDT, l’amendement 6 quater permettant la création des Etablissements Publics Locaux d’Enseignement des Savoirs Fondamentaux (EPLESF) pose problème. Tout d’abord, il définit un modèle administratif unique, là où la diversité des situations aurait nécessité une palette de solutions adaptée aux besoins de l’équipe et des territoires. Il pose problème ensuite car il n’a fait l’objet d’aucune discussion, ni en amont avec les corps intermédiaires, ni même à l’Assemblée nationale où le débat nécessaire a été escamoté par de faux sujets comme celui sur l’affichage des drapeaux dans les salles de classe. C’est d’ailleurs cette absence de débat qui explique aujourd’hui la colère des enseignant·es et son corollaire la multiplication des infox.
Un manque de cohérence de l’institution
Trop de questions essentielles n’ont en effet pas été posées sur le devenir de l’école rurale, sur la place des directeurs et directrices d’école ou encore sur le classement des établissements et leur dotation en personnels administratifs. Le personnel fait donc face à un manque de reconnaissance de l’institution, qui est accentué par les décisions incompréhensibles de certains cadres intermédiaires. Des DASEN, une Rectrice, ont, avant le vote définitif de la Loi, avant les décrets d’application, voulu faire des plans sur la comète, en proposant des mises en oeuvre sur le terrain.
Une volonté, pour la députée, de donner une réponse aux difficultés actuelles
Pour Cécile Rilhac, cet amendement fait suite au travail de la Mission flash autour de la direction d’école. Il entend aller plus loin en mettant en place un statut pour les établissements scolaires français, les écoles en l’occurrence. Beaucoup de directeurs et directrices expriment depuis longtemps les problèmes administratifs qu’ils rencontrent au sein de leur école. À travers ce rattachement au collège de secteur, il s’agit d’avoir la possibilité de donner plus de moyens administratifs grâce au pôle dont dispose le collège. Dès lors, les directeurs et directrices d’école pourront ainsi concentrer leur action autour du pilotage pédagogique. Cet amendement est donc avant tout pédagogique et en aucun cas une volonté de mettre les écoles sous tutelle. Cécile Rilhac reconnaît volontiers un manque de dialogue en amont et le manque de discernement de certains cadres intermédiaires qui, par leurs décisions, attisent les mécontentements.
Une nécessité de réponses pour le Sgen-CFDT en fonction du territoire
Le Sgen-CFDT prône depuis longtemps le nécessaire travail en réseau d’écoles sur un territoire, territoire très absent dans cet amendement. Le PEdT n’est ainsi nullement pris en compte. Le Sgen-CFDT rappelle d’autre part l’existence d’établissements de ce type sur le territoire, qui fonctionnent d’ailleurs plutôt bien parce qu’il s’agit avant tout d’un choix partagé de la communauté éducative. Avec cet amendement, un établissement peut être créé sans qu’elle soit consultée. Le Sgen-CFDT pense qu’il est urgent de le retirer : il faut proposer un autre modèle, plus adapté à la réalité du premier degré. Riche de nombreuses rencontres avec les personnels, le Sgen-CFDT a pu construire un projet cohérent qui correspond aux attentes des personnels : l’établissement du premier degré.
Le statut des directeurs et directrices doit évoluer
Cécile Rilhac se montre intéressée par la proposition et avoue ne pas avoir pu aller au bout de sa démarche, avec la possibilité de création d’un établissement spécifique pour le premier degré. Elle regrette en ce sens que le Sgen-CFDT n’ait jamais pu le présenter au Ministère, faute de rencontres, et ce malgré les demandes récurrentes effectuées. Elle pense cependant que l’on ne pourra faire abstraction d’un débat sur le statut des directeurs et directrices d’école actuellement en grande souffrance au sein des écoles, de par la charge de travail mais aussi une position qui ne leur permet pas de jouer leur rôle à part entière. Elle pense ainsi que la mise en place d’un statut proche de celui des personnels de direction pourrait être une réponse.
Pour le Sgen-CFDT une autre solution doit être envisagée, à travers le statut d’emploi fonctionnel basé sur une lettre de mission qui pourrait être issue du référentiel métier de 2014. Ce statut d’emploi fonctionnel permettrait, à l’issue de la mission, que le directeur ou la directrice sous emploi fonctionnel puisse continuer sa mission par tacite reconduction, ou revenir dans son corps d’origine s’il le souhaite. Un changement de corps ne lui permettrait pas cela.
Des EPLESF limités en nombre, selon Cécile Rilhac
Concernant le possibilité de créer ces EPLESF, Cécile Rilhac évoque 7 à 8 sites à l’horizon 2022. Ces sites existent pour certains sous une forme ou une autre à la Martinique ou en Haute Saône. Il n’est pas possible pour elle d’envisager une généralisation, le territoire actuellement ne s’y prêtant pas. Cela peut cependant être une réponse à des territoires ruraux ou dans le cadre de restructuration de l’offre éducative liée à la construction de bâtiments scolaires. Cécile Rilhac, lors de ses rencontres sur le terrain, affirme que certains territoires urbains notamment en REP+ sont en situation de pouvoir aussi mettre en place cette structure.
Le statu quo n’est pas possible pour le Sgen-CFDT
Pour le Sgen-CFDT, il faut élargir le champ des possibles et donner des réponses différentes en fonction des territoires, des volontés des communautés éducatives. C’est surtout en associant l’ensemble des partenaires de l’école, sans la verticalisation actuelle des décisions, que l’on pourra donner une réponse aux difficultés actuelles. Mais à la différence de certains, le Sgen-CFDT ne souhaite pas un statu quo. Il faut donc avancer sur les solutions proposées dans un dialogue social restauré.