Décryptage par le Sgen-CFDT de l'expérimentation engagée pour un an d'une admission de bacheliers professionnels dans une STSA prise en fonction de l'avis rendu par le conseil de classe de l'établissement d'origine.
La Loi ORE, un nouvel élément dans le paysage éducatif.
Aujourd’hui les élèves ayant un bac professionnel peuvent suivre des études supérieures (la part des étudiants en BTS ayant un bac professionnel est de 34% des effectifs à l’Éducation nationale comme au sein de l’enseignement agricole). L’expérience montre qu’ils se trouvent alors en concurrence avec les bacheliers issus des autres voies. Force est de constater que cette situation ne tourne pas forcément à leur avantage lorsqu’ils posent leur candidature pour s’inscrire dans une formation « sélective » (type BTS etc.). Lorsqu’ils choisissent une filière non sélective à l’université, la probabilité qu’ils subissent un échec est très forte. La situation actuelle et le maintien du statu quo ne sont donc pas satisfaisants.
La Loi ORE (orientation et réussite des étudiants) votée par le parlement le 8 Mars 2018 pose de nouveaux principes afin de favoriser la poursuite d’études supérieures des élèves ayant obtenu leur baccalauréat professionnel. Désormais, les titulaires d’un bac professionnel se voient réserver des places dans les BTS où le taux d’encadrement est plus élevé. Les élèves titulaires d’un bac technologique ont quant à eux plutôt vocation à suivre leurs études en IUT et les élèves titulaires d’un bac général dans un cycle de formation de l’enseignement supérieur long (université, grandes écoles, classe préparatoire etc.).
Une politique de quotas dans l’enseignement agricole.
Pour concrétiser cette ambition, la DGER a décidé de rejoindre une politique qui existe déjà à l’Éducation Nationale depuis des expérimentations lancées à la rentrée 2017. Suite à la parution du décret 2019-227 , les DRAAF devront désormais indiquer, pour chaque BTS proposé par les établissements placés sous leur autorité, le pourcentage minimal d’élèves issus de la voie professionnelle qui devra être recruté. Ceci va directement impacter la pratique de recrutement de certains BTS agricoleS très sélectif qui privilégiaient les candidat·es ayant un bac scientifique.
En parallèle, les équipes éducatives encadrant des bacs pro auront plus de poids sur le devenir et l’orientation de leurs élèves. Elles inscriront leur avis dans la fiche « avenir » de « Parcoursup ». Les élèves ayant reçu un avis favorable pour suivre leurs études en BTSA seront ensuite classés par le SRFD, en fonction de différents critères tels que les résultats scolaires, la cohérence entre le projet de l’élève et son choix de formation, etc… Les équipes d’accueil en BTSA devront respecter non seulement ce classement mais aussi le quota imposé par le SRFD. Les algorithmes de Parcoursup y veilleront. L’avis du conseil de classe de terminal devient donc un élément crucial dans l’orientation et la poursuite d’étude des bac pro en BTS. Ce changement est significatif.
Une avancée vers plus de justice sociale
Le Sgen-CFDT estime que cette mesure se fera au bénéfice des élèves. On peut penser que les professeur·es enseignant en terminale sont les mieux placés pour donner un avis éclairé sur le potentiel des élèves dont ils ont la charge pour continuer leurs études. Le fait de donner plus de poids à leur jugement est une initiative heureuse qui va dans le bon sens et qui reconnaît leurs compétences. Cette mesure permettra aux bacheliers professionnels ayant un réel potentiel de poursuite d’étude de réaliser leur projet de formation sans subir une discrimination injustifiée liée à la singularité de leur parcours scolaire. Ceci demandera également aux équipes éducatives intervenant en classe de terminale une expertise affinée en matière d’orientation qui devra être reconnue.