Le Sgen-CFDT lance depuis longtemps des alertes concernant la bascule Renoirh et la charge de travail qui incombe aux services déconcentrés. En septembre, dans un courrier à la secrétaire générale du ministère, le Sgen-CFDT a demandé de desserrer le calendrier. Où en est-on ?
Avec Renoirh, l’administration a, une fois de plus, considéré que les transformations peuvent se faire sans moyen supplémentaire. Les divisions des personnels se retrouvent aujourd’hui la tête sous l’eau. Nous constatons que des personnels sont au bord de la rupture.
Pas de desserrement du calendrier
Le Sgen-CFDT a été reçu le 05 octobre au ministère. Ce dernier a donné une réponse négative à notre demande de desserrement du calendrier. Sauf risques très important sur la paye de janvier, le « Go » devrait être donné début novembre. Nous avons demandé que la soutenabilité pour les services soit un des critères de ce Go/NoGo. Vous retrouverez ci-dessous le compte-rendu plus détaillé de la rencontre.
À ce stade, ce dont nous sommes certains, c’est que la charge des trois mois (octobre, novembre et décembre) va être extrêmement lourde. Nous avons largement mis en avant que c’est bien la situation de travail, les difficultés devant lesquelles sont placées les agents que nous souhaitons prioritairement voir améliorer.
Le Sgen-CFDT affirme que le travail qu’effectuent tous les collègues en cette période doit être justement rémunéré.
On nous annonce du CIA supplémentaire. Le CIA valorise l’engagement des agents et il doit effectivement être à la hauteur de celui-ci. Mais le CIA ne rémunère pas les heures de travail. Le Sgen-CFDT exige le paiement des heures qui seront effectuées pendant cette période de surcharge. Les heures supplémentaires doivent être rémunérées. Les heures de permanences doivent être reconnues. Nous ne sommes pas favorables à la multiplication des heures supplémentaires mais la contrainte est telle aujourd’hui qu’on voit bien quelles seront inévitables sur cette période. Dès lors, elles doivent être rémunérées.
Nous invitons les agents concernés à noter chaque heure effectuée, et à faire des retours précis sur la charge et les difficultés rencontrées auprès de leurs représentants Sgen-CFDT.
Ce que nous avons dit au ministère à propos de RenoiRH
La période est extrêmement chargée et tout repose sur des agents experts en termes de gestion intégrée et de gestion de paie. Ils doivent dans le même temps réaliser les paies, se former à Renoirh, tester, mettre la donnée en qualité et assurer la préparation des élections professionnelles. C’est trop pour une même période, et les mêmes agents.
Des opérations Renoirh se télescopent avec le reste de l’activité. Les activités spécifiques Renoirh entre elles également (formation et test). Les cahiers de formation sont arrivés à la veille du weekend pour des formations démarrant le lundi. Les personnes en charge des formations se sont alors retrouvées à travailler pendant une partie de leur week-end pour préparer la formation. Cela en toute discrétion. Consciencieux, les agents travaillent au-delà du temps habituel sans que cela ne leur soit clairement demandé.
Certes la conduite du projet Renoirh a été accompagnée, des calendriers ont été établis, des plans de charge fournis, de la documentation en nombre, des tests … tout cela a été anticipé. Cependant la charge demandée aux académies n’a pas été compensée. Une fois de plus, on s’appuie sur le bon vouloir des agents. Après la gabegie SIRHEN, les coûts sont comptés. Et pourtant des économies sont faites sur le dos des personnels. Nous en sommes à un stade de la bascule où l’emploi de contractuels pour venir suppléer dans les tâches n’est plus possible. La plupart de ce qui est à mettre en œuvre nécessite une expertise sur laquelle on n’a pas pris le temps de former des agents supplémentaires.
Les retours de l’administration.
Voici ce que les responsables du ministère ont présenté pour expliquer l’impossibilité de reporter la bascule.
À ce stade un report est difficilement envisageable. Techniquement, la bascule a du sens au mois de décembre car c’est une période où on a une marge supplémentaire pour la réalisation de la paye. C’est la seule période de l’année qui a cette configuration. D’autre part, basculer en janvier permet de couvrir une année complète dans l’outil Renoirh, ce qui a du sens pour le pilotage des moyens annuels. Cela permet aussi d’envisager sereinement les tableaux d’avancement et listes d’aptitude.
Un report de bascule aurait aussi des conséquences en termes d’augmentation de la charge. Il faudrait à nouveau tester, basculer les données des mois non présents dans Renoirh. Changer maintenant le calendrier n’est donc pas envisagé.
D’autre part les engagements du ministère de l’éducation nationale en termes de finances publiques après le désastre de SIRHEN, fait que le ministère ne tient pas à engager les dépenses supplémentaires qu’engendrerait un report. En quelque sorte, les agents paient les décisions désastreuses du passé.
Si le Sgen-CFDT peut entendre qu’en l’état actuel il semble difficile de reporter, il exige cependant que des moyens financiers permettent aux académies de réellement compenser le travail des agents.
Il veillera également à ce qu’à l’avenir les moyens soient donnés pour toute transformation qui serait conduite. Dans un ministère déjà sous-administré, il en appelle également à la prise en compte de cette dimension dans le projet de loi de finance 2023.
Ce sont bien les conditions de travail que nous avons mises en avant. Avant tout, ce que nous exigeons, ce sont des moyens pour donner aux agents des conditions de travail décentes.