La répartition académique des créations de postes dans le second degré a été présentée lors du comité technique ministériel du 20 décembre 2017. La rentrée 2018 renoue, hélas, avec des suppressions d'emploi.
Les débats sur le projet de loi de finance et la publication des postes offerts aux concours de recrutement d’enseignant.e.s du second degré laissaient peu de doute sur la teneur des mesures de rentrée. Avec une diminution de l’ordre de 20% des postes ouverts aux concours externes, nous nous attendions à des suppressions de postes dans le second degré.
Répartition académiques des suppressions et créations de postes d’enseignant.e.s
A l’échelle nationale, 120 équivalents temps plein sont créés.
15 académies perdent des postes et 5 disposent du même nombre d’équivalents temps plein qu’en 2017-2018. Finalement, seules 11 académies auront plus de postes que l’an passé.
Pourtant, 26 242 élèves de plus sont attendu.e.s dans les établissements du second degré.
L’année 2018-2019 s’annonce donc plus difficile pour les enseignant.e.s que l’année 2017-2018 : heures supplémentaires plus nombreuses, classes plus chargées. Les dernières années, les nombreuses créations de postes suffisaient à peine à faire face à l’évolution démographique. Elles avaient juste permis de stopper la dégradation du taux d’encadrement dans les lycées par exemple.
Le ministère a réparti les postes de manière de manière à réduire les écarts de dotation entre académie. Par conséquent, des académies perdent des postes alors même que le nombre d’élèves augmente. L’académie d’Orléans-Tours qui aura plus d’élèves et que le modèle ministériel n’identifie pas comme étant mieux dotée que la moyenne perd malgré tout des postes. Le Sgen-CFDT n’a pas manqué de le dénoncer lors du comité technique ministériel.
Les indications données par le ministère
Le ministère donne des indications sur l’utilisation des moyens enseignants :
- 120 équivalents temps plein pour développer les formations post-bac (classes préparatoires aux grandes écoles et sections de techniciens supérieurs) au titre de la mise en œuvre du plan étudiant,
- poursuite de « l’enrichissement de la réforme du collège avec notamment le développement des enseignements facultatifs »
- développement des dispositifs de scolarisation des élèves en situation de handicap.
Pas de moyens humains en plus dans les autres corps
Il n’y a aucune création d’emplois de psychologue de l’éducation nationale (les recrutements au concours externe de PsyEN spécialisé.e.s en conseil en orientation diminuent de près de 25%), de conseillers principaux et conseillères principales d’éducation (les recrutements au concours externe diminuent de plus de 15%), de personnels de laboratoire, de personnels de direction , de personnels d’inspection.
Du côté des personnels de santé et de service social, pas de créations d’emplois non plus. Les médecins scolaires, les infirmier.ère.s et assistant.e.s de service social ne seront pas plus nombreux et nombreuses qu’en 2017-2018.
Les interventions du Sgen-CFDT
Lors du comité technique ministériel, le Sgen-CFDT a demandé la programmation pluri-annuelle des emplois. En effet, les suppressions de postes et la réduction importante des recrutements au concours externe sont problématiques. Elles annoncent la dégradation des conditions de travail des personnels, et d’étude des élèves. Elles vont aussi réduire l’attractivité des études menant aux métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la psychologie à l’éducation nationale. Le CNESCO avait pourtant montré dans son rapport sur l’attractivité les effets négatifs à long terme du yo-yo des postes offerts aux concours.
Nous avons demandé au ministère de poursuivre la logique initiée l’an dernier d’indiquer aux recteurs et rectrices des postes à flécher vers les lycées professionnels et les lycées généraux et technologiques accueillant une proportion importante d’élèves boursier.ère.s ou issu.e.s des catégories sociales les plus défavorisées. Dans l’attente d’une réelle politique d’éducation prioritaire au niveau des lycées, ce fléchage permet d’orienter des moyens d’enseignement vers les établissements concernés.
Nous avons dénoncé un budget et une répartition des emplois qui n’est pas à la hauteur des ambitions du plan réussite étudiant. La mise en œuvre du plan implique un renforcement de la mission d’accompagnement des élèves dans la construction de leur parcours d’orientation. Renforcer cette mission tout en accueillant plus d’élèves en lycée suppose des équipes pluri-professionnelles complètes et disposant de temps pour accompagner des groupes d’élèves de tailles raisonnables. La présentation des moyens pour la rentrée 2018 montre que le ministère de l’Éducation nationale n’est pas à la hauteur des enjeux du plan étudiant.
Pour une École plus démocratique et plus inclusive, il faut plus de personnels de santé et de service social. Là aussi le coup d’arrêt aux créations d’emplois est un mauvais signal.